La Presse (Tunisie)

Cette fois ou jamais!

Une nouvelle opération coup-de-poing a été lancée récemment pour déloger les étals anarchique­s.

- Mohsen ZRIBI

Un incendie s’est produit récemment dans l’un des innombrabl­es étals anarchique­s sévissant tout autour du marché municipal de la ville de l’ariana, ravageant la marchandis­e qui y était entassée. Les premiers éléments de l’enquête policière ont démontré, preuves à l’appui, qu’il s’agissait d’un acte criminel sur fond de règlement de comptes entre la victime et un de ses voisins! Cette «première» dans la longue histoire du commerce parallèle dans la cité des roses a provoqué un tollé. Au point que les autorités régionales et locales, mettant le holà, n’ont pas hésité à intervenir, conduites par le gouverneur de l’ariana en personne, sur les lieux du drame. Une fois le feu maîtrisé et le présumé accusé arrêté, une réunion de crise a été immédiatem­ent tenue au cours de laquelle il a été décidé d’éliminer, illico presto, tous les étals anarchique­s, ainsi que toutes les charrettes de vente des légumes et fruits. Sitôt dit, sitôt fait, plus… âme qui vive, à l’exception des véhicules de la police qui, en bon nombre, se sont emparés de tout le périmètre qu’occupaient ces étals, rendant impossible son accession aux éventuels revenants parmi les commerçant­s hors-la-loi.

Tiendront, tiendront pas…

Bien évidemment, cette opération coup de poing ne pouvait pas ne pas provoquer une joie indescript­ible auprès des commerçant­s exerçant légalement au marché municipal. Il est vrai que ceux-ci étaient, jusque-là, durement touchés par le phénomène des étals anarchique­s qui leur causait un manque à gagner chronique doublé de… menace de prison! Cependant, la satisfacti­on est mesurée chez plusieurs d’entre eux qui renvoient aux mesures identiques prises par le passé et qui se sont avérées toutes improducti­ves, en rappelant que chaque fois qu’on chassait ces bandits, ils revenaient, le lendemain, au galop ! Pour une habitante de la ville, femme au foyer de son état, «l’etat ferait mieux de s’occuper de questions autrement plus importante­s. Car, en enlevant ces étals, qui nous vendent à bas prix, il enfonce le clou dans le couffin de la ménagère déjà érodé par la hausse vertigineu­se des prix et la cherté de la vie qui perdure». Même son de cloche chez le tenancier d’une charrette de vente de légumes qui conteste énergiquem­ent la décision des autorités. «Cela fait dix ans, tempête-t-il, que je fais ce boulot qui m’a toujours permis de vivre, de faire vivre ma famille et d’éviter de sombrer de nouveau dans la criminalit­é. En me privant de mon unique source de vie, cela revient à dire que je n’ai plus qu’à revenir en prison, faute d’autres emplois disponible­s répondant à mon profil d’illettré sans diplôme profession­nel». En face, c’est-à-dire aux sièges du gouvernora­t et de la municipali­té de l’ariana, on ne veut rien entendre. «La décision est prise, plus question de revenir en arrière», promettent, ici et là, des sources visiblemen­t déterminée­s. A les entendre, on a l’impression que le vieux temps des cache-cache et de la partie entre le chat et la souris est révolu. Alors, cette fois ou jamais ?

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