Un palmarès qui scanne le monde arabe
De notre envoyée spéciale à Malmö Narjès Torchani
Le rideau est tombé avant-hier sur la huitième édition du Festival du film arabe de Malmö. Du 5 au 9 octobre, la ville où réside une grande communauté arabe de différentes nationalités a vécu au rythme du festival, dont l’affiche était visible partout. La cérémonie d’ouverture a même eu lieu dans l’hôtel de ville où les invités ont été accueillis par la maire de Malmö, le président du conseil municipal et le directeur du festival, Mohamed Keblawi. C’est dire la volonté de la ville de soutenir cette initiative — portée par des jeunes volontaires de la communauté arabe de Malmö — qui célèbre le cinéma arabe et contribue à rapprocher les habitants de Malmö de cette communauté, dont l’existence et le nombre important ne ravit point l’extrême droite du pays. Les films de la programmation ont été projetés dans les salles du complexe Panora. Quant à la cérémonie de clôture, elle a eu lieu dans l’une des plus grandes salles de cinéma de Malmö, le Cinéma royal. Une cérémonie qui a été de bon augure pour les films tunisiens sélectionnés.
Les différents jurys se sont prononcés. Le grand gagnant de cette édition a été le Palestinien «Wajib» de Annemarie Jacir, qui a remporté le prix du meilleur film et le prix de la critique, annoncés en début et en fin de soirée. Entre les deux, le nom de la Tunisie a très vite résonné. Dans la section des longs-métrages documentaires d’abord, où Nada Mezni Hfaïedh a remporté le meilleur prix pour «Upon the shadow», puis dans les courts-métrages de fiction où «Black Mamba» de Amel Guellati a remporté le prix spécial du jury. Le troisième prix remporté par la Tunisie a été celui du meilleur rôle masculin dans la catégorie des longs-métrages de fiction, attribué à Ali Yahyaoui pour son rôle dans «Benzine» de Sarra Laâbidi. Dans la même catégorie, le meilleur rôle féminin a été attribué à l’actrice Zahra Ghandour pour son rôle dans le film «The journey» de l’irakien Mohamed Daragi. Ce dernier a également remporté le prix du meilleur réalisateur. Toujours pour les longs-métrages de fiction, le prix spécial du jury a été attribué à «Volubilis» du Marocain Faouzi Bensaïdi. Un nouveau prix s’est, cette année, ajouté au palmarès du Festival du film arabe de Malmö, attribué par l’union générale des artistes arabes et qui est revenu au film «The guest Aleppo Istanbul» de la turque Andaç Haznederoğlu. La compétition, toutes sections confondues, aura été marquée par des films, à l’image d’un monde arabe qui s’agite, en proie aux conflits et aux déchirements, où l’espoir trouve quand même son chemin, comme la magie du cinéma sait toujours jaillir du grand écran. Le palmarès en a été un concentré, récompensant des films de différentes sensibilités et de tous les pays arabes. Cette huitième édition a été dédiée à l’egypte, pays d’honneur présent principalement dans les projections parallèles avec les films d’ouverture («Induced labor», de Khaled Diab) et de clôture («Guns- hot» de Karim El Shenawy) et avec «Les soirées arabes» où ont été projetés «Kiss me not» de Ahmed Amer et «Photocopy» de Haitham Dabbour. Ce dernier a remporté le seul prix égyptien de cette édition, le prix du public. L’unique film du pays du Nil à avoir figuré dans la compétition des longs-métrages de fiction est, en effet, passé entre les filets du palmarès. Il s’agit de «Poisonous roses» (roses venimeuses) de Ahmad Faouzi Saleh. Un beau film qui allie mysticisme et réalisme pour créer sa propre proposition cinématographique, et sur lequel nous reviendrons.