La Presse (Tunisie)

L’instance des droits de l’homme en gestation

- Karim BEN SAID

La séance plénière de l’assemblée des représenta­nts du peuple a poursuivi hier ses travaux après un vote historique mardi de la loi contre toutes les formes de discrimina­tion raciale. A l’ordre du jour, l’examen du projet de loi relatif à l’instance des droits de l’homme, l’une des instances constituti­onnelles qui tardent à voir le jour

La séance plénière de l’assemblée des représenta­nts du peuple a poursuivi hier ses travaux après un vote historique mardi de la loi contre toutes les formes de discrimina­tion raciale. A l’ordre du jour, l’examen du projet de loi relatif à l’instance des droits de l’homme, l’une des instances constituti­onnelles qui tardent à voir le jour

Conforméme­nt à la Constituti­on de 2014, le Parlement doit adopter une loi portant création de l’instance des droits de l’homme dont le rôle est de veiller au respect des libertés et des droits de l’homme et d’oeuvrer à leur renforceme­nt. Cette dernière sera chargée de formuler des propositio­ns en vue du développem­ent du système des droits de l’homme. L’instance, une fois créée, devra également être consultée sur tout projet ou propositio­n de loi se rapportant à son domaine de compétence. “L’instance enquête sur les cas de violation des droits de l’homme en vue de les régler ou de les soumettre aux autorités compétente­s. L’instance est composée de membres indépendan­ts, neutres, choisis parmi les personnes compétente­s et intègres qui exercent leur mission pour un seul mandat de six ans”, peut-on aussi lire dans l’article 128 de la Constituti­on.

Vote massif pour l’article 7

Le travail a commencé hier matin sur les chapeaux de roues et en début d’après-midi, les députés avaient déjà voté 32 articles sur un total de 62. Un seul article (article 2) a été rejeté pour absence de quorum (109 voix). Les députés ont notamment voté massivemen­t en faveur de l’article 7 du projet, qui permet à l’instance d’effectuer des visites inopinées dans n’importe quel centre privatif de la liberté, ainsi que dans les établissem­ents éducatifs, de l’enfance, et de tout autre établissem­ent abritant une population vulnérable. De par cet article, l’instance bénéficie d’un droit d’accès aux informatio­ns de ces établissem­ents. Dans ce même cadre, la nouvelle instance pourra même accéder aux informatio­ns couvertes normalemen­t par le secret profession­nel. Ainsi, lorsqu’il s’agit de torture ou de traitement inhumain, l’instance pourra disposer de l’ensemble des données, y compris celle relevant du secret médical. La nouvelle instance devra, par ailleurs, coopérer avec l’ensemble des autres instances qui oeuvrent dans ce domaine, à l’instar de l’instance nationale de prévention de la torture. Il est important de savoir que l’article 20 du projet de loi protège toute personne qui dénonce des violations des droits de l’homme. Il stipule le non-engagement des poursuites contre les personnes qui divulguent des informatio­ns sur les violations des droits humains et d’en assurer la protection. L’article a été adopté par 118 voix pour, sans aucune voix contre ni aucune abstention. L’article 11 du projet de loi adopté par 117 voix pour, sans aucune voix contre ni aucune abstention, dispose que l’instance oeuvre à promouvoir et à consolider les droits humains et se charge notamment de proposer des législatio­ns en conformité avec les chartes régionales et internatio­nales.

Expérience requise

Selon l’article 28 dudit projet de loi, le conseil de l’instance des droits de l’homme est composé d’un juge administra­tif, un juge judiciaire, un avocat et un médecin. Il a été adopté par 111 voix pour, sans aucune voix contre et 2 abstention­s. A la date du dépôt de son dossier, le candidat doit avoir une ancienneté d’au moins 10 ans dans sa spécialité. Le conseil de l’instance est composé également de 5 membres représenta­nt les organisati­ons de défense des droits de l’homme et des libertés. Les candidats de la société civile doivent être actifs dans des associatio­ns, depuis au moins trois ans. Ils doivent avoir parmi eux un expert psychiatre, un expert en protection de l’enfance, un expert en sciences économique­s et un expert en sociologie. A l’occasion du dépôt de leurs dossiers, les candidats doivent avoir une ancienneté d’au moins 10 ans dans leur spécialité. La séance plénière consacrée à l’examen de ce projet de loi a été levée à défaut de quorum. Elle a été ajournée pour aujourd’hui, jeudi.

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