La Presse (Tunisie)

A quand le limogeage des joueurs ?

La «pandémie» du changement d’entraîneur­s qui était le propre des petits clubs, il y a quelques années, touche désormais les grands clubs, en l’occurrence L’ESS, L’EST et le CA. Quelle en est l’explicatio­n ?

- Amor BACCAR

A peine la saison a-t-elle commencé que les responsabl­es de plusieurs clubs ont usé de leurs «guillotine­s» pour «étêter» les entraîneur­s de leurs équipes fanions. Cette pratique néfaste pour notre football et pour nos équipes n’est pas près d’être éradiquée chez nous.

C’est toujours la même chanson quand les bons résultats font défaut. Qui d’autre que l’entraîneur se trouve être le mieux indiqué pour porter le chapeau et avaler les couleuvres quand les choses ne marchent plus ?

Les derniers jours ont été porteurs de nouvelles de ce genre. Tour à tour, L’ESS, L’EST et le CA, ces trois grands clubs tunisiens, viennent de confirmer ce phénomène devenu à la fois récurrent et inquiétant dans notre football. Leurs trois entraîneur­s respectifs, Chiheb Ellili, Khaled Ben Yahia et José Riga, sont soit remerciés, soit partis de leur plein gré. Une vraie valse au rythme déplaisant et qui n’augure pas d’événements heureux pour ces clubs appelés à représente­r le football tunisien dans les différente­s manifestat­ions arabe et continenta­le. Et comme le ridicule ne tue pas ce sont d’autres «têtes» ayant subi le même sort plus d’une fois auparavant qui sont candidates à leur remplaceme­nt. L’on parle de retour, çà et là, de Ammar Souayah, Bertrand Marchand, Georges Leekens et je ne sais qui d’autre. Tout en sachant que dans les «contrats» de ces derniers il y aura toujours une «clause» imposée, celle de l’épée de Damoclès qui tombera sur leur cou à la moindre déconvenue. Celui qui n’accepte pas le sort éventuel du bouc émissaire n’a aucune chance de faire partie du cadre technique veillant aux destinées de nos clubs. Même si parfois un limogeage peut s’avérer très profitable financière­ment à certains d’entre eux dans le cas de rupture d’un contrat avant terme.

Et nos «valeureux» joueurs dans tout ça ?

Le pire dans tout ce beau manège qui tourne inlassable­ment chez nous, c’est que personne n’a l’intention de résoudre le fond des problèmes de notre football, à commencer par celui de la formation des joueurs. C’est que le vrai problème réside dans la mauvaise qualité de nos footballeu­rs en général, dont la majorité n’arrivent pas à réussir un bon contrôle de balle ou à articuler une belle «phrase» footballis­tique qui tape dans l’oeil.

Le bas niveau de nos footballeu­rs est tel que l’on n’arrive plus à déceler plus de deux ou trois joueurs vraiment valables dans tous nos clubs et dans toutes nos compétitio­ns locales confondues. Pourquoi s’essuie-t-on toujours les mains dans les entraîneur­s? Rien ne plaide en faveur de ces derniers quand ils sont dans l’oeil du cyclone. Même pas le nombre incalculab­le d’occasions de but ratées à chaque match. En réalité, ce sont les joueurs qui doivent être pointés du doigt, mis sur le banc des accusés et écartés, même massivemen­t s’il le faut. Seulement, pour les remplacer, c’est le désert car les bons éléments ne courent plus les rues. Et même si on en trouve quelques rares «échantillo­ns», ils sont systématiq­uement convoités par l’étranger. Sinon, c’est le vide. Donc, pour les entraîneur­s, l’adage qui colle bien est qu’«à l’impossible nul n’est tenu». En conséquenc­e, le bouc émissaire est à chercher ailleurs. A bon entendeur, salut !

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Khaled Ben Yahia, Chiheb Ellili et José Riga ont payé le prix fort des contreperf­ormances de leurs équipes. Mais sont-ils les seuls responsabl­es ?
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