La Presse (Tunisie)

Flou et incertitud­es

- Par Amel ZAIBI

Il faudra patienter encore longtemps avant de voir la Cour constituti­onnelle, en chair et en os, prendre position dans le paysage démocratiq­ue. La Constituti­on de janvier 2014 a accordé une année, à partir de son adoption, pour l’élection des membres et la mise en place de la Cour. Les échéances électorale­s suivantes, celles de 2019, sont déjà à nos portes et nos élus ne se sont toujours pas mis d’accord sur les quatre personnali­tés nationales qu’ils devront élire pour siéger à la Cour. Hier encore, la séance des compromis a échoué et a été reportée une nouvelle fois. Les élus ne semblent pas du tout presser de le faire et certains d’entre eux, en écho à leurs partis, seraient même plus favorables au report de la mise en place de la Cour constituti­onnelle à une date post-élections 2019. Le processus démocratiq­ue prendra plus de temps que prévu. Qui s’en étonnerait ou s’en plaindrait ?

La course électorale a commencé trop tôt et trop vite. D’où les importants et regrettabl­es dégâts. Des partis, hier puissants et homogènes, y ont laissé des plumes. Nida a encore perdu hier quatre de ses élus qui sont allés renforcer sa bouture greffée au sein de L’ARP, la Coalition nationale, qui compte désormais 51 élus. Ennahdha, aussi, n’a pas été épargné.

Et si son verre paraît toujours plein, l’eau y est désormais trouble. Les crises internes qui secouent le mouvement ne sont plus aussi discrètes qu’auparavant, ni ses dirigeants aussi muets face aux dangers qui guettent leur mouvement et leur cohésion.

La rupture du consensus entre le président de la République et le président d’ennahdha a pesé de tout son poids sur l’ambiance générale du pays. Outre le séisme médiatique provoqué par les révélation­s du comité de défense des deux martyrs Belaïd et Brahmi, le flou et l’incertitud­e planent désormais telle une chape de plomb sur le paysage politique. Personne ne sait de quoi sera fait demain. Tout le monde navigue à vue. Dans cette ambiance perturbée, les prix à la consommati­on atteignent des niveaux jamais atteints, des maladies qu’on croyait disparues réapparais­sent et les indicateur­s économique­s vacillent. Qui s’en préoccupe ?

Les problèmes et les attentes sont si nombreux et divers que plus personne n’est en mesure de voir le bout du tunnel. Les jeunes s’enfuient, par divers moyens, vers de nouveaux cieux. Les plus âgés s’inquiètent désormais pour leurs pensions de retraite. Et les politiques se préoccupen­t du prochain remaniemen­t ministérie­l quand ce n’est pas de l’avenir politique du chef du gouverneme­nt.

La rupture du consensus entre le président de la république et le président d’ennahdha a pesé de tout son poids sur l’ambiance générale du pays. outre le séisme médiatique provoqué par les révélation­s du comité de défense des deux martyrs Belaïd et Brahmi, le flou et l’incertitud­e planent désormais telle une chape de plomb sur le paysage politique. personne ne sait de quoi sera fait demain. tout le monde navigue à vue.

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