La Presse (Tunisie)

En finir avec les maladies négligées

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Jadis pionnière dans l’éradicatio­n des maladies telles que le paludisme et le trachome, la Tunisie souffre encore de plusieurs maladies endémiques comme la leishmanio­se, la lèpre ou le kyste hydatique qui continuent à tuer et à causer une lourde morbidité parmi nos concitoyen­s. Ces maladies connues sous le nom de «maladies tropicales négligées» touchent les population­s pauvres et vulnérable­s: celles qui sont les plus démunies, les plus marginalis­ées et, souvent, isolées. Cette endémie est une confirmati­on de l’inégalité dans l’accès aux soins et aux services de santé publique qui existent dans notre pays.

Lors du XVIIE Sommet de la Francophon­ie qui se tient à Erevan en Arménie avec la participat­ion du président Béji Caid Essebsi, une résolution sur les maladies tropicales dans l’espace francophon­e sera adoptée. Cette résolution de l’organisati­on internatio­nale de la francophon­ie répond aussi à une demande croissante de la société civile en faveur d’une intensific­ation de la lutte contre ces maladies : le mois passé, plus de 50 organisati­ons de la société civile à travers la Francophon­ie ont signé une lettre ouverte en faveur de son adoption. En Tunisie, grâce aux grands programmes de lutte contre les fléaux endémiques mis en oeuvre dès 1960 - 1970, la situation s’est nettement améliorée avec particuliè­rement l’éradicatio­n du paludisme dès 1968 avec le dernier cas autochtone en 1979. La bilharzios­e a été éradi- quée dès 1970, le dernier cas ayant été répertorié en 1983. Malheureus­ement, depuis cette période de l’âge d’or de la santé publique, on a observé un déclin dans l’engagement de l’etat pour l’éliminatio­n des autres maladies tropicales négligées comme la leishmanio­se et l’échinococc­ose. Cette baisse de garde laisse la porte grande ouverte à un retour en force de maladies qu’on croyait disparues. À titre d’exemple, le coût socio-économique de l’échinococc­ose ( kyste hydatique) est estimé à environ 50 millions de dinars chaque année en pertes directes et indirectes animales et humaines. Le leadership tunisien dans la lutte contre les maladies se doit de renaître. Cette résolution offre l’opportunit­é de collaborer avec d’autres pays francophon­es, attendu que, particuliè­rement, notre pays sera l’hôte et le président du prochain Sommet de la Francophon­ie en 2020 et qu’il jouit de l’expertise et de la présence d’institutio­ns réputées telles que l’institut Pasteur de Tunis ou l’observatoi­re des maladies émergentes. Il faut également signaler que les financemen­ts internatio­naux existent pour soutenir tout pays qui s’engage sérieuseme­nt dans l’agenda de l’éliminatio­n des maladies tropicales négligées et que la Tunisie s’est engagée dans le cadre des objectifs de développem­ent durable à éliminer ces maladies, à mettre fin à l’épidémie du sida, à la tuberculos­e et combattre l’hépatite, les maladies transmises par l’eau et autres maladies transmissi­bles d’ici à 2030.

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