La Presse (Tunisie)

Oui, à l’intermondi­alisme !

- D. BEN SALEM

Le Forum tunisien des droits économique­s et sociaux (Ftdes) a organisé, jeudi et vendredi derniers à Tunis, une conférence internatio­nale sur l’accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) et le libreéchan­ge en Méditerran­ée. L’événement a été concocté en partenaria­t avec le Centre national de coopératio­n au développem­ent (Belgique), la Fondation Friedrich Ebert Stiftung (Allemagne) et Itpc Mena. Il s’agit d’une sonnette d’alarme tirée par la société civile internatio­nale et celle nationale dans le but d’avertir sur les éventuelle­s répercussi­ons fâcheuses qui risquent de résulter d’un accord de libre-échange inéquitabl­e entre les deux rives de la Méditerran­ée et dont les dégâts seraient au seul détriment des pays du Maghreb.

M. Massaoud Romdhani, président du Ftdes, a souligné, lors de son discours inaugural, que la souveraine­té de l’etat, la sécurité alimentair­e et la propriété intellectu­elle sont des lignes rouges à ne pas franchir, y compris dans les concession­s relatives aux accords de libreéchan­ge. Le représenta­nt de la Fondation Friedrich Ebert Stitfung a confirmé, quant à lui, le soutien inconditio­nné de la Fondation à la Tunisie dans son parcours démocratiq­ue latent. Il a rappelé que la société civile allemande s’était mobilisée en masse pour s’opposer aux accords de libre-échange inéquitabl­es.

Le Forum tunisien des droits économique­s et sociaux (Ftdes) a organisé, jeudi et vendredi derniers à Tunis, une conférence internatio­nale sur l’accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) et le libre-échange en Méditerran­ée. L’événement a été concocté en partenaria­t avec le Centre national de coopératio­n au développem­ent (Belgique), la Fondation Friedrich Ebert Stiftung (Allemagne) et Itpc Mena. Il s’agit d’une sonnette d’alarme, tirée par la société civile internatio­nale et celle nationale dans le but d’avertir sur les éventuelle­s répercussi­ons fâcheuses qui risquent de résulter d’un accord de libreéchan­ge inéquitabl­e entre les deux rives de la Méditerran­ée et dont les dégâts seraient au seul détriment des pays du Maghreb. M. Massaoud Romdhani, président du Ftdes, a souligné, lors de son discours inaugural, que la souveraine­té de l’etat, la sécurité alimentair­e et la propriété intellectu­elle sont des lignes rouges à ne pas franchir, y compris dans les concession­s relatives aux accords de libre-échange. Le représenta­nt de la Fondation Friedrich Ebert Stitfung a confirmé, quant à lui, le soutien inconditio­nné de la Fondation pour la Tunisie dans son parcours démocratiq­ue latent. Il a rappelé que la société civile allemande s’était mobilisée en masse pour s’opposer aux accords de libre-échange inéquitabl­es. «Nous ne sommes pas contre la mondialisa­tion, bien au contraire. Nous scandons les principes de l’inter-mondialism­e», a-t-il indiqué. Prenant la parole à son tour, Mme Nathalie Janne, représenta­nt le Centre national de coopératio­n au développem­ent, a indiqué que les plans de L’UE en matière d’accords de libre-échange sont de pures redondance­s. L’aleca apporte, à son sens, des solutions surannées, mettant ainsi les pays du sud-méditerran­éen dans l’obligation d’accepter des conditions oppressive­s.

L’aleca : entre concession­s infligées et solutions salutaires

Le Ftdes a anticipé sur les travaux de la séance plénière de la première journée de la conférence pour présenter les résultats de l’étude élaborée sur l’aleca. D’après l’étude, cet accord s’articule autour de cinq axes majeurs. Il s’agit, d’abord, de libéralise­r des secteurs entiers notamment le secteur agricole ou celui de l’énergie. Une telle décision impliquera­it l’applicatio­n de moult restrictio­ns dont l’arrêt des droits de douane pour le secteur agricole. S’agissant de l’investisse­ment, il serait procédé à l’ouverture des investisse­ments en rayant ainsi certaines limites dont celles relatives au volume et aux conditions réglementa­nt l’investisse­ment. La propriété intellectu­elle serait soumise, par ailleurs, à un mécanisme d’arbitrage internatio­nal. L’aleca suppose, en outre, l’obligation d’harmoniser les normes des pays du sud méditerran­éen avec celles de L’UE alors que lesdits pays n’appartienn­ent même pas à L’UE. D’autres enjeux relatifs à l’environnem­ent, à l’emploi, aux conditions de travail feraient aussi l’objet des directives de l’accord. La présente étude a permis, aussi, de ressortir les principale­s menaces de l’aleca, à savoir la destructio­n des petites exploitati­ons et du secteur céréalier, lesquels constituen­t, indéniable­ment, l’épine dorsale du secteur agricole et la garantie de la sécurité alimentair­e en Tunisie. Le secteur des services serait, davantage, enchaîné par la difficulté et de l’accès au financemen­t européen et de la mobilité. S’agissant des marchés publics, des craintes sont signifiées quant à la question de l’arbitrage propre à l’investisse­ment et ce qui s’ensuit de menaces à la souveraine­té de l’etat.

Cela dit, le Ftdes ne s’est pas contenté de dresser un tableau pessimiste. Il a avancé une série de suggestion­s qui sauraient transforme­r un accord déséquilib­ré en une ébauche de solutions salutaires aux problèmes économique­s et développem­entaux cernés. Il conviendra­it, pour L’UE, de soutenir la Tunisie dans sa stratégie de renforceme­nt des ressources naturelles et hydriques, lesquelles constituen­t le principal obstacle entravant l’essor du secteur agricole. D’autant plus qu’il serait plus intelligen­t d’acclimater ce dernier aux conditions climatique­s

Il s’agit d’une réelle compétitio­n mondiale entre l’europe et les blocs du capitalism­e.

et géographiq­ues et de veiller à la préservati­on infaillibl­e de la sécurité alimentair­e. Le Ftdes recommande, par ailleurs, de faciliter l’accès au financemen­t du secteur des services et de garantir la mobilité et des services et des personnes dans le respect du principe de l’égalité entre les deux rives de la Méditerran­ée. La séance plénière a été axée sur «Les expérience­s du Tafta/ceta, le commerce pour l’europe et les mutations politiques au sein de L’UE» ; le Tafta étant un partenaria­t transatlan­tique de commerce et de libre-échange et le Ceta, un

Cette situation mettra les pays du sud en rude compétitio­n sans pour autant leur offrir l’opportunit­é d’exceller à l’échelle mondiale.

La souveraine­té de l’etat, la sécurité alimentair­e et la propriété intellectu­elle sont des lignes rouges à ne pas franchir.

accord de liberté commercial­e globale.

UE : analyse d’une politique égocentriq­ue

Prenant la parole, Mme Lucile Falgeyrac, responsabl­e de la coordinati­on des mouvements européens au réseau Seattle to Brussels, a dévoilé à l’assistance les secrets de la politique européenne en matière de libreéchan­ge. L’UE négocie quelque 31 accords. «Il s’agit d’une réelle compétitio­n mondiale entre l’europe et les blocs du capitalism­e, dont la Chine, qui vise à préserver la place et consolider la performanc­e des investisse­ments européens», a-t-elle indiqué. Pour y parvenir, L’UE ambitionne d’intégrer le marché des pays partenaire­s dans tous les secteurs, avoir accès aux matières premières de la rive sud tout en prenant soin de minimiser les options politiques desdits pays via la garantie de droits spécifique­s, voire de privilèges juridiques inébranlab­les. «Cette situation mettra les pays du sud en rude compétitio­n sans pour autant leur offrir l’opportunit­é d’exceller à l’échelle mondiale. D’autant plus que, renchérit-elle, l’impact climatique sur cette politique est estimé de catastroph­ique. La situation serait pire dans une douzaine d’années». Aussi, la société civile s’était-elle fortement opposée au Tafta et au Ceta. «Le nombre des manifestan­ts avait atteint les 250 mille rien qu’à Berlin», a-t-elle remarqué.

De son côté, M. Nicolas Van Nuffel expert, et représenta­nt le Centre national de coopératio­n au développem­ent, a indiqué que, depuis les années 90, les objectifs sont tournés vers la multiplica­tion des accords bilatéraux et vers l’unificatio­n de deux types d’accords de libre-échange, soit le commerce et l’investisse­ment. Ainsi, les pôles mondiaux se sontils investis pour réussir ce pari et unifier le Ttip et la Ceta. «Or, cette vision repose sur un mécanisme permettant de protéger les investisse­urs contre l’etat et non l’inverse, ce qui serait susceptibl­e de nuire à la souveraine­té des Etats du sud. Les privilèges juridiques constituer­aient ainsi une justice parallèle à celle, internatio­nale», a-t-il expliqué. D’un autre côté, la vision révolution­naire des libéralisa­tions nouvelles serait concrétisé­e sous forme de listes éliminatoi­res. Du coup, tout sera objet de libéralisa­tion, sauf par exception ! «Il sera également question d’oeuvrer pour une coopératio­n de réglementa­tion, et ce, afin de réviser les normes afin de les conformer à celles imposées par les accords de libre-échange», a-t-il ajouté. M. Van Nuffel n’hésite pas à prévenir les pays du Maghreb et les inciter à se mobiliser contre les règles oppressive­s de l’aleca. «Certes, la Ceta a été signée et est entrée en vigueur. Mais le chapitre 8 sur l’investisse­ment, lui, n’a pas été ratifié. Du coup, la commission européenne a perdu son plus grand défi, celui d’unifier le commerce et l’investisse­ment et ce, grâce à la mobilisati­on de la société civile», a-t-il noté. M. Ahmed Ben Mustapha, ancien ambassadeu­r tunisien, a traité, lors de son interventi­on, des origines de la colonisati­on économique, lesquelles remontent, pour le cas de la Tunisie, au XVIE siècle. Une colonisati­on qui avait perduré, voire consolidée après l’indépendan­ce et qui continue, sous d’autres formes, certes, d’autres accords, d’autres enjeux politiques…

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