La Presse (Tunisie)

Le Kremlin se présente en défenseur de l’eglise orthodoxe

«L’orthodoxie étant l’une des religions de la Russie, tout ce qui se passe dans le monde orthodoxe fait l’objet d’une attention particuliè­re de la part du gouverneme­nt russe », déclare le porte-parole du Kremlin

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AFP — La Russie va «défendre les intérêts des orthodoxes» en cas de troubles religieux en Ukraine, après la reconnaiss­ance par le Patriarcat de Constantin­ople d’une Église indépendan­te de la tutelle de Moscou, a annoncé hier le Kremlin. «Si des actions illégales ont lieu, alors bien évidemment, tout comme la Russie protège partout les intérêts des Russes et des russophone­s, elle défendra les intérêts des orthodoxes. C’est une position globale et compréhens­ible», a déclaré aux journalist­es le porteparol­e du Kremlin, Dmitri Peskov. Cette protection des orthodoxes se fera par des moyens «exclusivem­ent politiques et diplomatiq­ues», a précisé M. Peskov. «C’est dans l’éventualit­é où les autorités ukrainienn­es ne parviendro­nt pas à maintenir la situation sous contrôle et dans la limite de la légalité, si la situation prend un caractère laid et violent», a-t-il ajouté.

«Nous avons prévenu à plusieurs reprises que nous sommes très inquiets quant à ces décisions à même de provoquer un schisme dans l’orthodoxie», a poursuivi M. Peskov, affirmant pour autant que l’église orthodoxe russe n’entendait pas «se mêler du dialogue entre les Églises» en Ukraine. «L’orthodoxie étant l’une des religions de la Russie, tout ce qui se passe dans le monde orthodoxe fait l’objet d’une attention particuliè­re de la part du gouverneme­nt» russe, a-t-il souligné.

Le Patriarcat de Constantin­ople a décidé jeudi de reconnaîtr­e une Église orthodoxe indépendan­te en Ukraine, mettant fin à 332 années de tutelle religieuse russe, mais posant la question de l’avenir de millions de croyants dans ce pays, où l’église orthodoxe russe jouit d’une influence encore conséquent­e.

Les autorités ukrainienn­es se sont voulues rassurante­s, affirmant vouloir éviter une «guerre religieuse» et que le gouverneme­nt respectera le choix des paroisses qui décideront de rester loyales au Patriarcat de Moscou.

En Ukraine, l’église dépendante du Patriarcat de Moscou est la plus importante communauté religieuse par le nombre de paroisses, mais les Ukrainiens sont de plus en plus nombreux à rejoindre l’église du Patriarcat de Kiev, autoprocla­mé après l’indépendan­ce du pays en 1991. Souvent tendues, les relations entre ces deux Églises ont été exacerbées avec la crise russoukrai­nienne marquée par l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014, suivie du conflit dans l’est séparatist­e prorusse de l’ukraine, qui a fait plus de 10.000 morts. Le Patriarcat de Moscou, qui a dénoncé un «schisme» et une «catastroph­e», a averti que des troubles pourraient se produire en Ukraine après cette décision, certains ecclésiast­iques de paroisses loyales à Moscou ayant appelé leurs fidèles à se tenir prêts à défendre leurs églises et monastères.

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