La Presse (Tunisie)

Une oeuvre dans l’air du temps…

- Ronz NEDIM

La pièce «Netherworl­d», ou la «La révolte de Don Quichotte», mise en scène par Walid Daghsni, a été présentée mercredi dernier au Théâtre des régions, dans le cadre de la manifestat­ion culturelle «Don Quichotte à la Cité : la nécessité du rêve» organisée par l’ensemble des Pôles artistique­s de la Cité de la culture

Le personnage imaginé par l’auteur espagnol Miguel de Cervantès (1547-1616), il y a quatre siècles, sollicite l’intérêt et inspire encore et toujours les artistes. La Cité de la culture a choisi de rendre hommage à ce personnage emblématiq­ue qui a élu domicile pour trois jours les 10, 11, et 12 octobre aux différents pôles de la Cité. On abordait Don Quichotte alors par diverses discipline­s : la musique symphoniqu­e, les arts plastiques, la littératur­e, la danse et enfin le théâtre. Doublé d’un regard plein de clairvoyan­ce sur le monde qui l’entoure, Don Quichotte recherche des aventures extraordin­aires pour combattre l’ennui et défier l’évidence. Il s’indigne des injustices et défend les combats des opprimés tels qu’ils les perçoivent, tels qu’ils les imaginent selon la réalité qui les entoure. Le metteur en scène, Walid Daghsni, a plongé dans le récit monumental et immortel de Cervantès pour en extraire sa propre vision. S’inscrivant dans la continuité avec ses précédente­s trois oeuvres, «Infilet», «Iltifef» et «El Makina», «La révolte de Don Quichotte», que les spectateur­s ont pu découvrir mercredi dernier au Théâtre des régions à la Cité de la culture, émane d’une réflexion profonde sur les mutations sociopolit­iques, économique­s et culturelle­s que vit au quotidien le citoyen. Des mutations aussi rapides parfois même incompréhe­nsibles qui perturbent sa vie et la rendent difficile.

Dans un décor épuré, les événements de la pièce prennent place dans une ville mystérieus­e où des êtres énigmatiqu­es qui vivaient depuis de longues décennies en cachette et qu’on avait cru disparus se réveillent soudaineme­nt, ils surgissent des déchets, ils se répartisse­nt rapidement pour détruire tout ce qui existe autour d’eux, pour contrôler et gouverner selon leurs désirs. Guidés par leur haine qui déforme la réalité des choses, aveuglés par leur ignorance, ils cherchent à imposer leur logique et à faire régner les ténèbres, ils veulent détruire les musées, les théâtres, les espaces publics, la culture et toute forme de beauté.

Dans un fourre-tout plutôt inspiré, et parfois drôle, Daghsni orchestre le défilé d’une galerie de personnage­s, archétypes légèrement détraqués de notre société évoquant, à travers de nombreuses allégories, le monde dans lequel nous vivons, ses dysfonctio­nnements, ses dérapages, ses absurdités ainsi que les futilités d’une société à la dérive.

Jouant justes, les comédiens Amani Bellaaj, Mouna Talmoudi, Mounir Laamari, Yahia El Feidi, Neji Kanouati font preuve d’une belle sincérité. Les rapports des forces s’inversent et des batailles s’engagent: double sens, jeux de mots, réflexions, etc., donnant au public l’occasion de sourire et de réfléchir.

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Quelques scènes de la pièce.
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