La Presse (Tunisie)

La pollution de l’air responsabl­e du cancer de la bouche?

La pollution de l’air engendre un risque accru de cancer de la bouche, selon une étude publiée hier.

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Des niveaux élevés de polluants atmosphéri­ques, en particulie­r de particules fines (PM2,5) et, dans une moindre mesure, d’ozone, pourraient être liés à un risque accru de cancers de la cavité buccale, suggère la première étude de ce type, publiée hier. Ce travail de chercheurs de Taïwan est paru dans le Journal of Investigat­ive Medicine.

Les facteurs de risque connus pour ces cancers sont le tabac, l’alcool, le papillomav­irus humain et, dans certaines régions d’asie du Sud-est, la masticatio­n du bétel.

Dans le monde, quelque 300.000 nouveaux cas de cancers de la lèvre et de la bouche et 145.000 décès sont dénombrés d’après des chiffres de 2012. Les taux de nouveaux cas les plus élevés sont observés en Océanie, Amérique du Nord et Europe et les taux les plus faibles en Afrique.

Les particules fines, les PM2,5, sont connues pour être nocives pour la santé respiratoi­re et cardiovasc­ulaire. Pour explorer l’éventuel rôle des polluants de l’air dans le développem­ent du cancer de la cavité buccale, le Pr Yung-po Liaw et ses collègues ont exploité des bases de données nationales sur le cancer, la santé, les assurances et la qualité de l’air.

Ils ont calculé les niveaux moyens de polluants atmosphéri­ques (dioxyde de soufre et d’azote, monoxyde de carbone et d’azote et diverses tailles de particules fines) mesurés en 2009 dans 66 stations de surveillan­ce de la qualité de l’air à Taïwan. L’étude a porté sur 482.659 hommes de 40 ans et plus bénéficiai­res des services de santé préventifs et ayant indiqué s’ils fumaient et chiquaient du bétel.

Parmi eux, en 2012-2013, 1.617 cas de cancer de la bouche ont été diagnostiq­ués. Sans surprise, le tabagisme et la masticatio­n fréquente de bétel étaient significat­ivement associés à un risque accru de diagnostic. Mais les chercheurs ont également constaté que les niveaux croissants de PM2,5 étaient associés à un risque accru de cancer de la bouche, après avoir pris en compte les autres facteurs de risque.

Les niveaux élevés de particules (supérieurs à 40,37 μg/m3) étaient associés à un risque accru de diagnostic de cancer de la bouche de 43% par rapport à des niveaux plus bas (inférieurs à 26,74 μg/m3). Une associatio­n significat­ive a également été observée à certains niveaux d’ozone.

La nature de l’étude dite observatio­nnelle ne permet pas d’établir une relation de cause à effet. Certains composants des particules fines PM2,5 incluent des métaux lourds, ainsi que des composés tels que les hydrocarbu­res aromatique­s polycycliq­ues — des agents cancérigèn­es connus —, disent-ils. «Cette étude, avec un échantillo­n important, est la première à associer le cancer de la bouche aux particules fines PM 2.5 (...)», selon les chercheurs. «Ces résultats s’ajoutent aux preuves de plus en plus nombreuses des effets néfastes des PM 2,5 sur la santé humaine», notent-ils.

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Une étude menée par des chercheurs de Taïwan fait maintenant le lien entre des niveaux élevés de polluants atmosphéri­ques, et plus particuliè­rement les particules fines PM2.5, et un risque accru de ces cancers.

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