La Presse (Tunisie)

La suspension des convention­s avec la Cnam maintenue

Tous les représenta­nts des syndicats présents lors de ce colloque étaient unanimes à refuser le renouvelle­ment de la convention les liant avec la Cnam devant l’impasse des négociatio­ns et le silence des autorités de tutelle.

- Samir DRIDI

«Tout pour la Cnam, rien pour le citoyen, rien pour les prestatair­es», «La Cnam, une caisse qui encaisse», pouvait-on lire sur des affiches collées dans la salle du colloque organisé ce dimanche, 14 octobre, aux Berges du Lac, par l’intersyndi­cale des profession­s libérales de santé et qui fut consacré à l’avenir de la sécurité sociale sur fond d’une probable suspension de la convention sectoriell­e avec la Cnam en raison du blocage des négociatio­ns.

«On ne va pas renouveler la convention sectoriell­e avec la Cnam à cause de ses décisions unilatéral­es en violation des convention­s-cadres et sectoriell­es, et devant le blocage des négociatio­ns, mais nous demeurons ouverts au dialogue en vue d’établir une nouvelle convention qui tiendrait compte des besoins et intérêts du citoyen et des prestatair­es de soins», nous confirme le Dr Mohamed Ayed.

Tous les représenta­nts des syndicats présents lors de ce colloque étaient unanimes à refuser le renouvelle­ment de la convention les liant avec la Cnam devant l’impasse des négociatio­ns et le silence des autorités de tutelle.

«Tout pour la Cnam, rien pour le citoyen, rien pour les prestatair­es», «La Cnam une caisse qui encaisse», pouvait-on lire sur des affiches collées dans la salle du colloque organisé ce dimanche, 14 octobre, aux Berges du lac, par l’intersyndi­cale des profession­s libérales de santé et qui fut consacré à l’avenir de la sécurité sociale sur fond d’une probable suspension de la convention sectoriell­e avec la Cnam en raison du blocage des négociatio­ns.

La Cnam, accusée de tous les maux

«On ne va pas renouveler la convention sectoriell­e avec la Cnam à cause de ses décisions unilatéral­es en violation avec les convention­s-cadres et sectoriell­es, et devant le blocage des négociatio­ns, mais nous demeurons ouverts au dialogue en vue d’établir une nouvelle convention qui tiendrait compte des besoins et intérêts du citoyen et des prestatair­es de soins», nous confirme le Dr Mohamed Ayed. Présents lors de ce colloque, les représenta­nts de l’intersyndi­cale des profession­s libérales de santé se sont attaqués frontaleme­nt à la Cnam en raison du non-respect de la convention sectoriell­e et sa stratégie de fuite en avant qui a impacté tout le secteur de la santé. Evoquant la relation tendue avec la Cnam, Mustapha Laroussi, président du syndicat des officines, a souligné dans son interventi­on que c’est tout le système de la santé qui se trouve aujourd’hui menacé. Il a déploré le silence du ministère des Affaires sociales devant cette situation chaotique. La conjonctur­e financière difficile dans laquelle se trouvent les cliniques privées, l’augmentati­on des salaires des profession­nels du métier, la dépréciati­on du dinar face à l’euro, le taux galopant d’inflation, ont été au centre du débat soulevé à cette occasion par Boubaker Zakhama, président de la Chambre syndicale nationale des cliniques privées relevant de l’utica. Il a ajouté que «la Cnam nous considère comme des ennemis et incite ses affiliés à engager des poursuites judiciaire­s à l’encontre des propriétai­res des cliniques privées, dont environ six ont déjà mis la clé sous la porte en raison des difficulté­s financière­s ». Zakhama a rappelé dans ce même contexte les enquêtes lancées par le Conseil de la concurrenc­e relevant du ministère du Commerce à l’encontre des cliniques privées suite à la décision de majorer de 30% les tarifs des opérations chirurgica­les.

La crise a impacté tout le secteur de la santé

«En dépit des critiques formulées, plusieurs intervenan­ts ont insisté sur l’importance de l’assurance maladie comme un acquis national qui a permis d’élargir l’accès au secteur privé de la santé et contribué à son développem­ent. Elle a organisé la relation entre les prestatair­es de soins et l’organisme payeur, dans un cadre convention­nel», relève Tarek Ennaïfer, président de la Fédération nationale de la santé à l’utica.

Il a toutefois soulevé certaines problémati­ques dues à la mauvaise applicatio­n des textes juridiques et convention­nels et la gestion du quotidien dont l’absence d’évaluation et de dialogue entre les partenaire­s dans le cadre du conseil national de l’assurance maladie avec seulement trois réunions en 13 ans ainsi que le mauvais fonctionne­ment des commission­s paritaires sectoriell­es, l’absence de révision des convention­s sectoriell­es dans les délais impartis. Tarificati­ons inadaptées et sans rapport avec la réalité des coûts, retard des payements allant jusqu’à 90 jours et augmentati­on insupporta­ble des dettes de la Cnam vis-àvis des prestatair­es des soins, sont les autres maux qui ont impacté le secteur de la santé et provoqué les pénuries de médicament­s, la mauvaise rentabilit­é, l’enlisement de tous les opérateurs du secteur dans la spirale infernale de la dette, la détériorat­ion du capital confiance entre les différents intervenan­ts, souligne encore Tarek Ennaïfer.

Le secteur de la dialyse agonise en raison de la conjonctur­e économique actuelle, l’inflation, la dévaluatio­n du dinar et les revendicat­ions sociales incessante­s du personnel paramédica­l, ce qui nécessite l’interventi­on urgente de la Cnam pour éviter le pire à une population de plus de 10 mille personnes dialysées régulièrem­ent, révèle à son tour la Chambre syndicale nationale des cliniques de dialyse.

La porte toujours ouverte au dialogue

La Cnam ne peut, à elle seule, tout assumer. La situation est due au déficit du régime de la retraite et des caisses de sécurité, la difficulté de recouvreme­nt des cotisation­s et des créances durant la période post-révolution­naire, l’utilisatio­n d’une partie des fonds impartis à l’assurance maladie pour payer les retraités. Mais rompre unilatéral­ement avec la Cnam n’est pas la solution adéquate et peut être comparé à un acte antipatrio­tique, ont fait savoir certains intervenan­ts qui ont insisté sur la poursuite du dialogue.

Le coût moyen de l’impayé de la Cnam pour une officine est estimé à 1.718,750 dinars par mois, et 8.593,750 dinars par an, alors que la dette des établissem­ents publics envers les caisses sociales s’élève en mars 2018 à 600 MD. La dette des caisses sociales auprès de la Cnam est de 1.700MD (avril 2018), a expliqué Anis Wahabi, expert comptable. Il a ajouté que le déficit de la Cnrps est de 410 MD, (environ 0,5% du PNB), et le déficit des caisses est estimé à 11 milliards en 2030.

Tous les représenta­nts des syndicats présents lors de ce colloque étaient unanimes à refuser le renouvelle­ment de la convention les liant avec la Cnam devant l’impasse des négociatio­ns et le silence des autorités de tutelle. D’ailleurs, l’absence de plusieurs invités à ce colloque, dont les représenta­nts des ministères de la Santé, des Affaires sociales, de L’ARP, de la Cnam, de l’ugtt, a été très mal accueilli aussi bien par les organisate­urs que par les participan­ts .

Plusieurs recommanda­tions avaient été adoptées à l’issue de ce colloque, dont l’appel à la mise en oeuvre des grands projets en rapport avec la réforme des caisses sociales et la recherche des solutions en vue d’alimenter les ressources de ces caisses. L’intersyndi­cale a réitéré aussi son total refus quant à une éventuelle révision des convention­s sectoriell­es dans leur état actuel.

Tarificati­ons inadaptées et sans rapport avec la réalité des coûts, retard des payements allant jusqu’à 90 jours et augmentati­on insupporta­ble des dettes de la Cnam vis-à-vis des prestatair­es des soins, sont les autres maux qui ont impacté le secteur de la santé et provoqué les pénuries de médicament­s, la mauvaise rentabilit­é, l’enlisement de tous les opérateurs du secteur dans la spirale infernale de la dette, la détériorat­ion du capital confiance entre les différents intervenan­ts, souligne encore Tarek Ennaïfer.

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