EDUCATION — FORUM SUR LE THÈME «QUEL SYSTÈME DE VALEURS AU SEIN DES ÉTABLISSEMENTS ÉDUCATIFS ?»
Alors que le Livre blanc et le programme à propos de la réforme de l’éducation n’ont pas traité de la question des valeurs, les 7 intervenants du forum qui s’est tenu récemment sur le thème «Quel système de valeur au sein des établissements de l’education ?» avertissent que nous devons comprendre que les valeurs n’ont rien à voir avec le processus du savoir mais qu’elles sont absolument nécessaires pour l’ouverture de notre culture sur la culture universelle.
«Ce sont les valeurs qui s’érigent contre le dépérissement des sociétés et qui représentent les fondations du système éducatif. Les valeurs citoyennes et religieuses ne sont pas contradictoires mais elles doivent être séparées des luttes politiques si nous voulons assurer la cohésion de la communauté nationale», atteste Radhouane Masmoudi, du Centre d’études Islam et Démocratie qui vient d’organiser un Forum en partenariat avec la Ligue arabe des éducateurs illuminés et l’association de la coordination civile pour la réforme du système éducatif. Le tout pour essayer de répondre à une interrogation centrale : Quel système de valeur au sein des établissements de l’education ?
Forger la personnalité de l’élève
C’est dans le même sens que témoigne Mohamed Ben Fatma, de l’association de la coordination civile pour la réforme du système éducatif, assurant que l’enseignement des valeurs n’étant pas un cursus dans le sens strict du terme, il est clair que des efforts singuliers doivent être faits pour leur appropriation. Le défi étant de les forger en constituants de la personnalité de l’élève qui deviennent ainsi l’une des clefs de son comportement au sein de son environnement.
Ce n’est pas gagné d’avance puisque Mehrez Idrissi, de la Ligue arabe des éducateurs illuminés, regrette que le Livre blanc et le programme qui ont été récemment rendus publics dans ce sens n’ont pas traité de la question des valeurs. «Il faut comprendre que les valeurs n’ont rien à voir avec le processus du savoir mais qu’elles sont absolument nécessaires pour l’ouverture de notre culture sur la culture universelle», commente-t-il. Le député Abdellatif Mekki va encore plus loin en rappelant que la confiance dans les relations au sein de la société tunisienne n’a jamais été aussi menacée et que les phénomènes les plus négatifs se sont emparés de la rue où les drogues, les déviations, les larcins et les duperies sont devenus monnaie courante. «Même si nous sommes convaincus de l’à propos des valeurs universelles, nous ne pouvons ignorer le fait que celles-ci sont largement controversées», avertit-il.
Nouveau contrat éducationnel
Mais ce n’est pas ce que pense Khaled Chawket, de l’institut arabe de démocratie, qui assure que l’élève civilisationnellement déchu ne pourra gagner aucune bataille et finira par se trouver exclu de tous les côtés et que seul celui qui possède les repères de la langue et de l’identité peut construire son projet et le mener à la réussite. C’est dans le même sens que Hédi Ben Khlifa, conseiller du ministre de l’education, rejoint Chawket : «Nous devons embrasser les valeurs universelles tout en veillant à préserver les spécificités et l’identité de notre société», appelle-til après avoir médité sur les droits universels de l’homme dont la compréhension de l’essence et des références sont tributaires de l’éducation. Classifiant les valeurs dans le système éducatif tunisien, l’universitaire Mohamed Bouhlel les définit selon 4 points : le langage éducationnel commun, les valeurs en tant que partie intégrante du langage éducationnel commun, la révision de notre système de valeurs éducationnelles, le besoin d’un nouveau contrat éducationnel national qui réunit les trois parties concernées (la société, l’établissement éducatif, l’etat). «Qu’attendons-nous de l’école ? Que doit faire l’etat pour l’école ? Comment l’école doit-elle fonctionner ? Ce sont ces interrogations sur lesquelles doit se construire le nouveau contrat éducationnel en Tunisie», conclut Bouhlel.