La Presse (Tunisie)

Mission accomplie…

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Sans être extraordin­aire, l’équipe de Tunisie a gagné son 4e match de groupe et se qualifie pour la 19e fois à la CAN. Beaucoup à faire pour jouer les premiers rôles

La notion de dualisme n’est pas nouvelle en économie du sport tunisien. Depuis des années, l’on ne manquait pas de la considérer comme étant l’une des principale­s singularit­és du football tunisien. Cette idée, qui autrefois manquait de validité empirique, distingue aujourd’hui les clubs aux gros budgets de ceux qui manquent de ressources, et particuliè­rement de bailleurs de fonds et d’investisse­urs.

La différenci­ation a pris désormais une nouvelle significat­ion. Elle touche même ce qu’on appelle communémen­t les grands clubs, au moment où certains sont frappés au sceau des dépenses démesurées et effrénées. Le salaire d’un footballeu­r peut dans certains cas atteindre 10 fois celui d’un salarié ordinaire. Certes, la carrière d’un footballeu­r est, d’après les statistiqu­es et les chiffres qui ne trompent point, quatre fois moins longue, ce qui ramène à un facteur compromett­ant le ratio entre paye du footballeu­r et paye de son anonyme spectateur. Un footballeu­r gagne sur sa courte carrière (10 à 12 ans) le double de ce qu’aura gagné un professeur de l’université en 35 ans, bien sûr si ce dernier parvient au sommet de la hiérarchie universita­ire. Et si on pousse encore l’analyse, l’on remarquera que l’utilité sociale, celle à laquelle s’identifie le footballeu­r, est parfois plus captivante que celle qui fait la raison d’être de beaucoup d’autres métiers.

Le football n’est plus ainsi une référence de jeu et de terrain, mais plutôt de rémunérati­on et de compte bancaire. La plupart des clubs tunisiens sont aujourd’hui confrontés à d’énormes difficulté­s, notamment pour assurer les salaires de leurs joueurs. Et là, nous n’évoquons pas les primes de rendement non honorées. Ce qui a poussé des joueurs à protester et à revendique­r leur droit sous plusieurs formes de contestati­ons. Lorsque l’on soulève le couvercle de notre championna­t, l’on ne peut se retenir devant la vertigineu­se progressio­n des salaires des joueurs et le recours souvent incontrôlé au recrutemen­t des joueurs étrangers. L’émergence, mais surtout l’accentuati­on, d’un dualisme sur le marché a engendré deux catégories. Celle des stars et celle des joueurs, certes profession­nels, mais ordinaires.

Les contrainte­s de résultats et l’intensité sportives ne doivent pas faire oublier la réalité économique et sociale du pays. Il est désormais plus que nécessaire d’imposer une limite aux salaires des joueurs, parce qu’on aura toujours affaire à des hommes et à des pratiques qui pourraient inciter à trouver d’autres formules de transactio­ns forcément douteuses. Face à un certain dérèglemen­t et une certaine intempéran­ce, il serait grand temps d’installer une nouvelle politique relative au plafonneme­nt des salaires et au recrutemen­t des joueurs étrangers. Cela va sûrement se répercuter sur le niveau de rémunérati­on loin de ce que touchent actuelleme­nt certains joueurs, avec des revenus mensuels raisonnabl­es et des procédures de transferts de joueurs pondérées et réfléchies. Le but est d’assurer un certain équilibre pour que l’accroissem­ent exponentie­l de l’argent circulant dans le football ne puisse pas masquer une autre réalité…

Lorsque l’on soulève le couvercle de notre championna­t, l’on ne peut se retenir devant la vertigineu­se progressio­n des salaires des joueurs et le recours souvent incontrôlé au recrutemen­t des joueurs étrangers. L’émergence, mais surtout l’accentuati­on, d’un dualisme sur le marché a engendré deux catégories. Celle des stars et celle des joueurs, certes profession­nels, mais ordinaires.

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