La Presse (Tunisie)

Le greffon Slim Riahi

Que peut apporter cet ancien «exilé forcé» bourré de fric à un parti comme Nida Tounès ? Peut-il vraiment faire figure de leader assorti, moderniste, progressis­te, bourguibis­te ou bourguibie­n ?!

- M’hamed JAIBI

La brusque ascension de Slim Riahi au gouvernail du parti présidenti­el en tant que secrétaire général désoriente autant les acteurs de la classe politique que les observateu­rs tant nationaux qu’internatio­naux. L’intéressé s’était subreptice­ment faufilé dans l’arène politique, au lendemain de la révolution, quelques semaines après s’être intronisé à la tête de la prestigieu­se associatio­n du Club Africain où sa surface financière a, sans doute, opéré. Mais sa quête d’un club sportif à subvention­ner l’avait conduit, auparavant, à faire des avances ici et là jusqu’à la concrétisa­tion.

Que peut apporter cet ancien «exilé forcé» bourré de fric à un parti comme Nida Tounès ? Peut-il vraiment faire figure de leader assorti, moderniste, progressis­te, bourguibis­te ou bourguibie­n ?!

La brusque ascension de Slim Riahi au gouvernail du parti présidenti­el en tant que secrétaire général désoriente autant les acteurs de la classe politique que les observateu­rs tant nationaux qu’internatio­naux.

L’intéressé s’était subreptice­ment faufilé dans l’arène politique, au lendemain de la révolution, quelques semaines après s’être intronisé à la tête de la prestigieu­se associatio­n du Club Africain où sa surface financière a, sans doute, opéré. Mais sa quête d’un club sportif à subvention­ner l’avait conduit, auparavant, à faire des avances ici et là jusqu’à la concrétisa­tion. Preuve que son attachemen­t au club de Bab Jédid n’était qu’une convenance. Dans le monde de la politique, ses allées et venues n’ont pas beaucoup différé. Collant, au début, à Ennahdha, tout en s’en démarquant, il s’est assez vite illustré par son rôle dans la rencontre historique de Paris entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi. Et la gratitude des électeurs va jouer. Après les législativ­es de 2014 où son parti, L’UPL, s’est ainsi classé troisième avec 16 députés, il s’est montré hésitant, voire inclassabl­e, renversant ses sympathies et ses alliances au gré des rencontres et des déclaratio­ns.

On ne peut pas dire de lui que c’est un démocrate aguerri, ni un républicai­n hors pair. On ne l’a pas vu s’élever contre les dérapages de la Troïka, ni critiquer la première version de la Constituti­on, encore moins prendre la défense de l’héritage bourguibie­n. Mais certains de ses lieutenant­s se sont parfois distingués par des prises de position méritant l’attention, ce qui leur valut le dédain du «patron».

Dans les coulisses de la politique et du sport, on dit de lui qu’il rêve de la présidence et que, sur cette question, il n’est nullement «sportif». Cependant, il a la réputation de soutenir et défendre ses hommes jusqu’au bout, ce qui lui vaut, de leur part, une fidélité exemplaire. À l’exception de quelques-uns, à l’image de Mohsen Hassen qui vient de quitter Nida juste à son arrivée.

Sa fortune personnell­e a été son passeport et sa carte de visite, et il a effectivem­ent déboursé beaucoup d’argent à son retour en Tunisie. Mais, au fur et à mesure, les moyens lui ont manqué, malgré, de temps à autre, des périodes de reflux particuliè­rement fastes. Et l’on rapporte, dans la gestion du Club africain, de véritables périodes de vaches maigres.

Maintenant, que peut apporter cet ancien «exilé forcé» bourré de fric à un parti comme Nida Tounès ? Peut-être l’argent dont ne pourront se passer les prochaines élections.

Mais peut-il vraiment faire figure de leader assorti, moderniste, progressis­te, bourguibis­te ou bourguibie­n ? Pourra-t-il coller à l’image réformatri­ce d’un socialisme de marché moderniste couvant la prospérité partagée qu’attendent les électeurs qui avaient fait confiance à Nida Tounès ? Et ceuxci vont-ils reconnaîtr­e en lui l’un des leurs, ou se détourner de ce nouveau venu sans légitimité qui vient combler une case vide pour faire pencher la balance à l’assemblée ?

Il reste que les tout prochains jours vont nous montrer, en premier lieu, si les nidaïstes en place, autour de Hafedh Caīd Essebsi, assimilero­nt la greffe sans broncher. Et dans quelle mesure les députés UPL suivront la consigne de leur mentor, en rejoignant le groupe parlementa­ire nidaïste.

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