Dans une bulle d’air
Les partis politiques ne se soucient plus de leur capital crédibilité, ils l’ont non seulement dilapidé, mais en plus ils s’en accommodent parfaitement. Les va-et-vient de leurs partisans entre les blocs parlementaires et entre les formations politiques en disent long sur le manque d’intérêt qu’ils affichent pour les problèmes quotidiens des citoyens qui les ont élus. La dégringolade du pouvoir d’achat et celle du dinar, qui menacent l’économie et la paix sociale, ne semblent pas les inquiéter outre mesure. Leur temps et leur énergie sont particulièrement consacrés au calcul de leurs pertes et profits électoraux et à leur positionnement dans les cercles du pouvoir.
Leurs arguments sont tout aussi discutables comme celui de doter le modèle démocratique du label tunisien, comme si les principes universels pouvaient être taillés à leur mesure et selon leurs desiderata.
Personne ne comprend ni ne connaît les véritables raisons de cette instabilité du paysage parlementaire.
Car ce nomadisme parlementaire — on peut aussi l’appeler ainsi — ne repose ni sur une confrontation de programmes, ni sur des divergences idéologiques ou politiques. Tous les partis, sans exception, se disent centristes, modernistes, laïques, progressistes et réfutent tous la moindre responsabilité dans la dégradation de la situation économique et sociale. Or ils en sont tellement responsables que les organisations nationales, principalement l’ugtt et l’utica, ont dû plus d’une fois endosser l’habit politique pour les aider à sortir de la crise permanente dans laquelle ils se sont engouffrés depuis les élections de 2011.
Force est de constater que notre classe politique souffre depuis 2011 du syndrome des élections. Ses signes cliniques, dont la schizophrénie, se manifestent longtemps avant les échéances électorales et perdurent longtemps après. Discours sans consistance politique, amnésie au point de ne plus savoir pourquoi ils ont été élus et surdité, n’entendant plus que leur propre voix et leurs doléances. Certains se permettent même une posture arrogante et agressive envers et contre tous.
Le plus remarquable dans tout cela est leur indifférence à tous les sondages d’opinion qui mettent en exergue le désintérêt croissant des Tunisiens à la chose publique et à la politique ainsi que leur perte de confiance en les politiciens et en leurs promesses électorales sans lendemain. Ils sont aussi indifférents aux résultats des élections municipales du mois de mai dernier et qui ont démontré une quasi-désertion des bureaux de vote. C’est à croire que nos politiciens se plaisent à s’enfermer dans une bulle d’air qu’ils confondent avec une tour d’ivoire. En attendant le dur réveil en 2019, comme le prévoient tous les pronostics politiques
Force est de constater que notre classe politique souffre depuis 2011 du syndrome des élections. Ses signes cliniques, dont la schizophrénie, se manifestent longtemps avant les échéances électorales et perdurent longtemps après