La Presse (Tunisie)

Une nouvelle pierre à l’édifice démocratiq­ue

- Karim BEN SAID

• Avec 144 voix en sa faveur, zéro abstention et zéro vote contre, le projet de loi relatif à l’instance des droits de l’homme a fait l’unanimité à L’ARP

• Les élus de L’UPL démissionn­ent du bloc de la Coalition nationale qu’ils avaient rejoint il y a seulement quelques semaines

Les députés de l’assemblée des représenta­nts du peuple ont réussi hier à adopter le projet de loi portant création de l’instance des droits de l’homme, l’une des cinq instances constituti­onnelles. Jusque-là, le Parlement tunisien n’est parvenu à mettre en place que l’instance des élections (Isie) et l’instance de la bonne gouvernanc­e et de la lutte contre la corruption. Avec 144 voix en sa faveur, zéro abstention et zéro vote contre, le projet de loi a fait l’unanimité à L’ARP. Il faut dire que les élus ont pris leur temps, puisque le projet avait été déposé en juin 2016 et débattu en commission depuis novembre 2017. Il aura donc fallu, selon les statistiqu­es publiées par l’organisati­on Al-bawsala, 11 réunions de commission et 4 séances plénières pour parvenir à l’adoption de l’instance des droits de l’homme.

Quid des autres instances ?

L’organisati­on Al-bawsala appelle d’ailleurs le Parlement à accélérer la cadence pour donner naissance à l’instance du développem­ent durable et des droits des génération­s futures et à l’instance de la communicat­ion audiovisue­lle, mais également de parachever l’élection des membres des instances constituti­onnelles. En tout cas, le président de la commission des droits de l’homme, Naoufel Jemmali, s’est empressé de se féliciter de cette «nouvelle pierre à l’édifice» et rassure: «La commission se penchera très rapidement sur le projet de loi relatif à l’instance de la communicat­ion audiovisue­lle». Quant au projet relatif à l’instance du développem­ent durable, il vient d’être déposé à L’ARP. Le Parlement espère donc que sa mission, celle d’installer les institutio­ns constituti­onnelles, sera accomplie avant la fin de la mandature, prévue dans un an.

Des députés de L’UPL…

Après l’annonce de la fusion entre l’union patriotiqu­e libre et Nida Tounès, les députés de L’UPL avaient été appelés à démissionn­er du nouveau groupe parlementa­ire de Coalition nationale, qu’ils avaient pourtant rejoint il y a peu. Hier, les députés du parti présidé par Slim Riahi se sont montrés discipliné­s et ont appliqué à la lettre les directives de leur parti. Dès hier, selon le député Abderraouf Chebbi, les 13 élus du parti ont présenté leur démission de la Coalition nationale. Abderraouf Chebbi a expliqué la décision par le fait qu’il n’a jamais été question de former un mouvement politique. «Lorsque nous avons choisi d’intégrer la Coalition nationale, nous n’avons jamais discuté d’un quelconque projet politique, explique-t-il. Notre seule ambition était de permettre de débloquer le vote d’un certain nombre de projets de loi qui traînent». Selon lui, ce n’est que petit à petit que les choses commençaie­nt à s’éclaircir, notamment avec la création de plusieurs coordinati­ons dans les régions.

«Les projets politiques se font entre les partis, et pas avec des députés, déclaret-il à La Presse. La fusion entre L’UPL et Nida Tounès est un vrai projet politique». Le député estime également que cette fusion entre son parti et Nida Tounès lui permettra, en tant que député, de mieux servir sa région, Tozeur, sur laquelle il est élu. «Nida Tounès est un parti bien introduit dans le pouvoir et dispose de ses structures propres partout», argumente Chebbi.

D’un autre côté, les «upélistes» restent lucides. Pour eux, pas question de tomber dans le même piège que les autres. Avant la fusion, Slim Riahi aurait posé une condition: celle de la tenue, comme prévu, d’un congrès constituti­f qui donnerait de la légitimité aux dirigeants. «Cela fait bien évidemment partie des termes de l’accord conclu entre le président de L’UPL, en tant que représenta­nt du parti, et Nida Tounès. Il n’y aura plus de guerre de leadership». D’après d’autres déclaratio­ns cependant, ils ne seraient que 10 à avoir démissionn­é du bloc de la Coalition nationale. Les trois autres élus, réfléchira­ient à l’opportunit­é de quitter un groupe qu’ils n’avaient rejoint que depuis quelques semaines.

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