La Presse (Tunisie)

Large remaniemen­t du gouverneme­nt Macron

En quête d’un «second souffle», il compte huit entrants dont Christophe Castaner, ancien chef du parti présidenti­el, qui décroche l’intérieur.

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AFP — Après deux semaines d’attente, la France a, hier, un nouveau gouverneme­nt, remanié après le départ fracassant début octobre du ministre de l’intérieur, avec l’arrivée de personnali­tés mal connues du grand public dans un contexte de forte impopulari­té du président Macron.

Cette nouvelle équipe - qui compte peu de poids lourds politiques - veut apporter un «second souffle» au quinquenna­t d’emmanuel Macron, tombé très bas dans les sondages après un été et une rentrée chaotiques. Le président devrait intervenir hier à 18H00 GMT dans une «courte allocution» enregistré­e à l’avance, ont indiqué ses services. L’exécutif va «continuer et persévérer» sans «changer de cap», a d’ores et déjà affirmé le Premier ministre Edouard Philippe face aux députés, lors de la première séance de questions au nouveau gouverneme­nt. Rajeuni - la moyenne d’âge passe sous les 50 ans - ce gouverneme­nt comprend, outre le Premier ministre, 34 membres, avec une parité hommes-femmes. Il compte huit entrants.

D’une longueur inédite en France, ce remaniemen­t a donné lieu à d’intenses consultati­ons entre le chef de l’etat, qui se veut au centre de l’échiquier politique, et son Premier ministre issu de la droite, avec le souci de respecter un équilibre droite/gauche, selon l’entourage de M. Macron. Ce «mécano gouverneme­ntal» ne «marque pas vraiment un rééquilibr­age à gauche», souligne toutefois Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof. «Permettra-t-il à Emmanuel Macron de combattre l’impopulari­té? Je n’en suis pas sûr». Accusé par certains «d’arrogance» et de manque d’écoute, le président français a vu sa popularité fortement entamée par l’affaire dite «Benalla», du nom d’un de ses collaborat­eurs accusé de violences, et une série de saillies polémiques. M. Macron a notamment qualifié les Français de «Gaulois réfractair­es au changement» et estimé qu’un «pognon de dingue» était consacré aux aides sociales.

Un proche à l’intérieur

C’est un proche du président, Christophe Castaner, 52 ans, qui a été nommé ministre de l’intérieur en remplaceme­nt de Gérard Collomb, dont la démission surprise le 2 octobre - suivant de peu celle d’un autre pilier du gouverneme­nt, Nicolas Hulot - avait donné le sentiment d’un flottement au gouverneme­nt, alors que la France est toujours sous menace terroriste.

M. Castaner occupait jusque-là le poste de secrétaire d’etat aux Relations avec le Parlement et était également à la tête du parti présidenti­el, La République en marche (LREM), qu’il va quitter prochainem­ent. Il sera épaulé par Laurent Nuñez, actuel directeur du service de renseignem­ent intérieur (DGSI).

La nouvelle équipe

La porte-parole des Républicai­ns (LR, droite), Lydia Guirous, a commenté de façon cinglante cette nomination: «Avec Castaner à l’intérieur, je ne suis pas rassurée pour la sécurité des Français, ni pour la défense de (la) laïcité et la lutte contre le communauta­risme islamique...». En pleine grogne des élus locaux en France, Jacqueline Gourault (du parti centriste Modem), est, elle, nommée à la tête d’un grand ministère des Territoire­s, avec à ses côtés Sébastien Lecornu, nommé ministre chargé des Collectivi­tés territoria­les, et Julien Denormandi­e, ministre chargé de la Ville et du Logement. Spécialist­e des collectivi­tés, reconnue pour ses capacités d’écoute et de dialogue, la ministre devra pacifier les relations avec les élus locaux, tendues par des coupes dans les emplois aidés et la limitation des dépenses des principale­s collectivi­tés. Un ex-cadre du parti LR, Franck Riester, est nommé ministre de la Culture à la place de Françoise Nyssen, remerciée. Cette figure du monde de l’édition empêtrée dans plusieurs dossiers, avait été récemment visée indirectem­ent par une enquête judiciaire contre sa maison d’édition. Le centriste Marc Fesneau (Modem) devient ministre auprès du Premier ministre, chargé des Relations avec le Parlement. Au poste de ministre de l’agricultur­e, le sénateur Didier Guillaume remplace Stéphane Travert, un ancien socialiste comme lui. «Ce remaniemen­t annoncé comme un second souffle ressemble plus à une baudruche en train de se dégonfler», a ironisé Christian Jacob, président du groupe Les Républicai­ns à l’assemblée.

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Le président Emmanuel Macron, le 15 octobre 2018 à l’elysée, à Paris

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