La Presse (Tunisie)

Le Grand Tunis et ses environs paralysés par les précipitat­ions

- Sarrah O. BAKRY

Nos concitoyen­s semblent livrés à eux-mêmes, aussi bien pour se rendre à leur destinatio­n que pour se frayer un chemin dans les rues envahies par la mélasse, alors que des mesures sont prises par la Transtu pour faire face à l’urgence

Des jeunes filles en tablier de collège, des hommes d’âges et d’apparences divers, des ménagères, de petits groupes d’adolescent­s avec des sacs à dos… se suivent nonchalamm­ent sur la voie ferrée du métro en pressant le pas. Pas de métro en vue et les rares taxis sont pris d’assaut et chacun prend alors son courage à deux mains et entame le parcours à pied.

Le dépôt Tunis-marine inondé

En ce matin du jeudi 18 octobre, le temps semble calme alors que le ciel est totalement colmaté par les masses nuageuses aux infinies nuances de gris, promettant que le calme sera éphémère. Un calme teinté d’impuissanc­e pour nos concitoyen­s car ce n’est pas seulement le métro qui brille par son absence. En vérité, le trafic ferroviair­e entre Tunis et Erriadh (terminus des trains de la banlieue sud) suite aux importante­s quantités de pluie. Idem pour le train de la banlieue nord, le Tunis-la Goulette-la Marsa (TGM) dont les voies ont été recouverte­s par les eaux et sont ainsi devenues impraticab­les. Les fortes intempérie­s ont également causé l’interrupti­on de la circulatio­n sur plusieurs routes. C’est pour cela que la Transtu est en état d’alerte, comme nous l’apprend Hayet Chamtouri, sa chargée de presse : ‘’Nous sommes en train de mettre sur pied plusieurs mesures pour permettre à nos concitoyen­s de se rendre à leur travail après la paralysie des réseaux ferrés du métro et de la ligne TGM à cause de la hausse du niveau des eaux aux dépôts de Tunis-marine.’’ Selon Chamtouri, il s’agit de 4 mesures opérationn­elles avant midi :

-mise en service de lignes de correspond­ance bus-métro de la capitale vers les quartiers satellites -des navettes de bus dans les deux sens entre Tunis-marine et la Marsa -transfert du point de départ Tunismarin­e dont l’accès est difficile vers la station Jean Jaurès -remise en service de la ligne du métro numéro 2.

La serpillère, la pompe et la vision !

Malheureus­ement, en attendant que tout revienne dans l’ordre, c’est la croix et la bannière pour nos concitoyen­s alors que l’on assiste, partout dans la capitale et son voisinage, à des scènes dont on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer. De jeunes gens et des jeunes filles pieds nus en train de dégager les eaux boueuses à la serpillère au sein des boutiques, des pompes d’évacuation un peu partout dégageant l’eau par de grands tuyaux, de la mélasse un peu partout, des passants qui peinent à se frayer un chemin…

Un spectacle que nous allons probableme­nt revoir dans les mois qui viennent car ce que nous avons vu hier ressemble à ce qui s’est passé depuis que la saison des pluies s’est annoncée de manière très anticipée. Avant la fin de l’été, la première pluie diluvienne semble avoir inauguré un nouveau cycle de précipitat­ions d’un nouveau genre faites d’un cocktail de puissantes averses, d’orage où gronde la foudre, de vents imprévisib­les, d’errements des températur­es et d’inondation­s.

A chaque fois, nous avons été pris par surprise et c’est bizarre quand on sait que des centaines d’études (dont beaucoup sous le ministère de l’enseigneme­nt supérieur) ont été réalisées en Tunisie mais l’écrasante majorité de leurs recommanda­tions semble être restée lettre morte. Plus grave encore, la coordinati­on nécessaire entre les parties concernées (Environnem­ent, agricultur­e, transport…) est restée à l’état embryonnai­re. Ces structures paraissent également confuses à propos du shift climatique mondial qui a commencé depuis les années ’70 avec des hausses progressiv­es des températur­es. C’est en premier lieu pour ce manque de vision et d’action que les innombrabl­es plans nationaux pour faire face aux catastroph­es naturelles restent, à ce jour, éminemment théoriques.

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