La Presse (Tunisie)

Tirer le fil

Quand Polly Brooks raconte son processus de travail, les allers-retours incessants, et l'étalement sur le temps de ses micro-sculptures, on se dit que c'est bien un fil de vie qui se déroule.

- ALYA

A première vue, un jeu de patience : sur une structure de fil de fer, une Pénélope obsessionn­elle se serait amusée à croiser les fils d’une histoire sans fin : celle d’ariane, celle du labyrinthe ou celle que couperont immanquabl­ement les Parques ? Polly Brooks vous donnera certaineme­nt une autre interpréta­tion de son travail, sculptures aériennes dont l’ombre portée est en elle-même oeuvre d’art. Et pourtant, quand elle raconte son processus de travail, les allers retours incessants, et l’étalement sur le temps de ses micro-sculptures, on se dit que c’est bien un fil de vie qui se déroule. Et qui s’intègre de façon étonnammen­t parfaite au cube de lumière blanc et nu qu’offre «la Boîte». Réussir un accrochage de ces quelques fois riens, sans épaisseur, sans couleurs, sans consistanc­e, d’une subtile pureté, à la recherche d’un improbable équilibre, relevait de la gageure. Fatma Kilani qui anime cet espace si particulie­r, espace d’art contempora­in, alternatif et confidenti­el, au coeur de la zone industriel­le, au deuxième étage d’une entreprise, et qui réussit à y drainer artistes, collection­neurs et galeristes, a étonnammen­t réussi son coup. La Boîte, qui se veut un laboratoir­e de recherche au profit des artistes, s’est associée, dans cette manifestat­ion, à un des premiers grands événements culturels italiens non institutio­nnels : Open Art Week, semaine d’art internatio­nal, indépendan­t, itinérant, manifestat­ion pluridisci­plinaire disséminée à travers la ville est un festival inclusif, porteur de projets d’échanges créatifs entre nations, villes et individus. 40 artistes, Tunisiens et Italiens, ont participé à cette session, à Pérouse d’abord, à Tunis ensuite. Chaque année intégrera un nouveau pays, de façon à créer un réseau internatio­nal d’artistes et d’espaces indépendan­ts. L’exposition de Polly Brooks va voyager en Tunisie. Elle ira à Gabès où une Boîte Hors les Murs a essaimé, rencontran­t une attente et un enthousias­me émouvant de la part des étudiants de L’ISAM, guère gâtés en événements culturels. En attendant que mûrisse le projet de la Boîte 2, une structure mobile de 200 m2, située dans la même rue à la Charguia, relevant de la même ADN, mais permettant, de par son espace, son accessibil­ité, l’auditorium qu’elle consacrera aux rencontres artistique­s, ses lieux de conviviali­té, d’accueillir davantage d’événements de plus grande importance.

En attendant, la Boîte originelle ne chôme guère et propose d’ores et déjà une prochaine exposition d’elma Riza, artiste tunisienne installée à Berlin, qui réalisera, entre autres, une performanc­e filaire, en harmonie, hasard des circonstan­ces, avec ce travail sur les fils de Polly Brooks. A moins que ce ne soit dans l’air du temps comme le laisse suggérer le titre de l’exposition : State of Mind.

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