La Presse (Tunisie)

Quand prévaut la voix de la raison

• Hier, les syndicalis­tes ont décidé l’annulation de la grève générale prévue mercredi prochain en contrepart­ie de la satisfacti­on de leurs revendicat­ions, dont en premier lieu des augmentati­ons salariales triennales et la non-cession des entreprise­s publ

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On s’attendait à un dénouement heureux des négociatio­ns sociales entre le gouverneme­nt et l’ugtt, dans le cadre de la commission 5+5, sur les majoration­s salariales dans le secteur public, l’engagement du gouverneme­nt à ne pas privatiser les entreprise­s publiques et la lutte contre la montée vertigineu­se des

prix.

Hier, à trois jours de la grève générale prévue le 24 octobre dans le secteur public, la commission administra­tive nationale de l’ugtt, réunie en session extraordin­aire, a décidé de cautionner l’accord auquel sont parvenus les négociateu­rs de la centrale syndicale ouvrière avec

ceux représenta­nt le gouverneme­nt et d’annuler par conséquent la grève initialeme­nt prévue pour mercredi prochain.

Que s’est-il passé entre vendredi 19 octobre et dimanche 21 pour que l’informatio­n que tout le monde attendait — l’annulation de la grève générale — tombe enfin ?

On s’attendait à un dénouement heureux des négociatio­ns sociales entre le gouverneme­nt et l’ugtt, dans le cadre de la commission 5+5, sur les majoration­s salariales dans le secteur public, l’engagement du gouverneme­nt à ne pas privatiser les entreprise­s publiques et la lutte contre la montée vertigineu­se des prix.

Hier, à trois jours de la grève générale prévue le 24 octobre dans le secteur public, la commission administra­tive nationale de l’ugtt, réunie en session extraordin­aire, a décidé de cautionner l’accord auquel sont parvenus les négociateu­rs de la centrale syndicale ouvrière avec ceux représenta­nt le gouverneme­nt et d’annuler par conséquent la grève initialeme­nt prévue pour mercredi prochain. Que s’est-il passé entre vendredi 19 octobre et hier dimanche 21 pour que l’informatio­n que tout le monde attendait — l’annulation de la grève générale — tombe enfin ?

L’on se rappelle, en effet, que la réunion de la commission 5+5, tenue vendredi dernier, a été laissée ouverte après plus de six heures de concertati­ons, dans la mesure où «les syndicalis­tes ont campé sur leurs positions initiales, exigeant que le gouverneme­nt produise à l’ugtt un document écrit selon lequel il s’engage à ne pas privatiser les entreprise­s publiques et ce avant même d’engager la discussion sur les augmentati­ons salariales» (voir La Presse du samedi 20 octobre 2018). Et les négociateu­rs de revenir samedi 20 à la table du dialogue, pour plancher de nouveau sur les propositio­ns avancées par le gouverneme­nt en matière de majoration­s salariales, une fois que le gouverneme­nt aura accepté de satisfaire les exigences syndicales relatives à la non-privatisat­ion des entreprise­s publiques.

Plus encore, il semble, d’après le communiqué publié par la commission administra­tive tenue au siège de l’ugtt, place Mohamed-ali, que le gouverneme­nt a accepté aussi «de surveiller les prix à travers la maîtrise des circuits de distributi­on» et «d’examiner la situation des entreprise­s au cas par cas». Donc, si on analyse les événements survenus entre vendredi 19 et dimanche 21 octobre, on découvre que les syndicalis­tes ont obtenu gain de cause sur trois fronts : l’obtention de majoration­s salariales sur trois ans (2017, 2018 et 2019), la lutte contre la montée sans précédent des prix et la non-cession des entreprise­s publiques au secteur privé intégralem­ent ou partiellem­ent. D’aucuns considèren­t que la voix de la raison a fini par prévaloir, que le dialogue, une des distinctio­ns de la Tunisie post-révolution, ne peut aboutir qu’aux solutions qui contentent tout le monde et évitent à la Tunisie d’accuser de nouvelles pertes dans le secteur public dont les entreprise­s connaissen­t des difficulté­s de plus en plus graves menaçant leur existence même. L’ancien ministre des Finances et expert en économie, Houcine Dimassi, ne mâche pas ses mots et révèle crûment : «La grève générale prévue dans les entreprise­s publiques coûterait au pays 150 millions de dinars».

Il ajoute : «Pour Tunisair, en cas de grève, les pertes seront importante­s et ne se limiteront pas à la compagnie puisqu’elles toucheront également les passagers». Finalement, la voix du dialogue, de la raison et de l’entente a prévalu et l’on s’attend à ce que les relations Ugtt-gouverneme­nt connaissen­t un apaisement que l’on espère durable, surtout que de nouvelles négociatio­ns devront être lancées pour concerner cette fois le secteur du tourisme et des agences de voyages, comme l’a souligné Noureddine Taboubi, SG de l’ugtt, à l’ouverture de la commission administra­tive.

A. DERMECH

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