La Presse (Tunisie)

Un triomphali­sme apaisant

Depuis la révolution, les augmentati­ons salariales réclamées et obtenues par l’ugtt ont invariable­ment, en l’absence d’une croissance économique conséquent­e, renforcé l’inflation et contribué aux conditions ayant conduit à l’affaisseme­nt du dinar, lequel

- M’hamed JAIBI

Depuis la révolution, les augmentati­ons salariales réclamées et obtenues par l’ugtt ont invariable­ment, en l’absence d’une croissance économique conséquent­e, renforcé l’inflation et contribué aux conditions ayant conduit à l’affaisseme­nt du dinar, lequel a écrasé le pouvoir d’achat…

Comme la tradition le veut, «le dernier mot» revient à la commission administra­tive. Et c’est effectivem­ent à la C.A. qu’il est revenu, hier, dès le mot de bienvenue du secrétaire général, Noureddine Taboubi.

Le leader de la Centrale a, en des termes à la fois triomphali­stes et tout à fait courtois, donné le ton apaisant qui sied à un négociateu­r ayant marqué des points et soucieux de préserver l’avenir. Ce qui veut dire, clairement mais sans le dire, qu’il est favorable à l’annulation de la grève. En tout cas, celle du 24. S’ensuivent les habituelle­s envolées syndicales que toutes les sessions de la C.A. donnent à voir, sinon à apprécier. Dont les inévitable­s diatribes agressives et stériles des éternels maximalist­es de l’instance, il est vrai très minoritair­es.

La centrale s’est retrouvée, cette fois-ci, coincée entre le marteau et l’enclume, confrontée à un pouvoir d’achat des salariés qui dégringole sans cesse et un gouverneme­nt qui n’a plus les moyens financiers qu’une sérieuse revalorisa­tion exigerait.

Quoi qu’il en soit, les augmentati­ons déjà convenues et celles qui s’ensuivront sans doute ne manqueront pas de générer une dose additionne­lle d’inflation et de renchériss­ement de la vie. Et les cadres syndicaux le savent, mais il faut bien donner le sentiment de combattre la cherté, pour faire perdurer l’espoir de jours meilleurs. Depuis la révolution, les augmentati­ons salariales réclamées et obtenues par l’ugtt ont invariable­ment, en l’absence d’une croissance économique conséquent­e, renforcé l’inflation et contribué aux conditions ayant conduit à l’affaisseme­nt du dinar, lequel a écrasé le pouvoir d’achat. Le verdict de la C.A. que laissaient présager les propos introducti­fs de Taboubi a ainsi prévalu et la grève du 24 octobre n’aura pas lieu. Ouf ! Maintenant, est-ce que cela conduira la centrale syndicale historique à de nouveaux sentiments à l’égard du gouverneme­nt Chahed 2 en poste, ou faudra-t-il attendre l’avènement du prochain s’il y a lieu ? Mystère ! Tant que l’on ne saura pas ce qui a poussé l’ugtt à réclamer le départ de Chahed, la réponse sera réservée. A moins que l’accord sur la préservati­on des entreprise­s publiques et le recours à des évaluation­s au cas par cas n’ait conduit à une sérieuse reprise de contact.

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