La Presse (Tunisie)

«Modifier urgemment les statuts des clubs»

L’ancien ministre de tutelle est convaincu que le salut du sport tunisien passe inéluctabl­ement par le changement des statuts juridiques des clubs.

- Hatem REGAIEG

«Il faut avouer d'emblée qu'il s'agit là d'un problème épineux aux ramificati­ons et sensibilit­és complexes sur plusieurs niveaux. Aujourd'hui,nous disposons d'un peu près de 280 clubs sportifs qui souffrent quasiment tous, à quelques exceptions près, de problèmes financiers criards,et qui opèrent, de surcroît, dans une conjonctur­e macro-économique assez critique; d'où les difficulté­s incommensu­rables rencontrée­s par la trésorerie de l'etat d'une façon générale et le budget du ministère de la Jeunesse et des Sports plus précisémen­t pour venir en aide à ces clubs et associatio­ns qui jouent un rôle d'une haute sensibilit­é dans l'encadremen­t de milliers des jeunes. De fait,le problème qui se pose en toute logique est le suivant : comment financer ces clubs et quels sont les outils adéquats pour le faire ?

En effet,tout juste après la révolution, l'etat a créé le «Fonds 19»,un fonds ayant pour but de soutenir financière­ment les clubs et associatio­ns sportifs en s'appuyant notamment sur les rentrées d'argent provenant du «Promosport» et dont 40% étaient destinés initialeme­nt et convention­nellement aux clubs. Or la trésorerie de l'etat était et elle l'est toujours tellement confrontée à des revendicat­ions et à des difficulté­s monstres qu'elle usait ses fonds provenant du «Promosport» pour régler d'autres problèmes. De ce fait,l'appui de l'etat à ces clubs s'est considérab­lement rétréci,d'où les difficulté­s inextricab­les rencontrée­s par ces derniers pour gérer leurs activités et leurs rapports tendus avec les fédération­s et le ministère de tutelle.

A cet égard et afin de rompre radicaleme­nt avec ce management économique et sportif précaire, je crois dur comme fer qu'il est grand temps de changer les statuts juridiques actuels des clubs assimilés à des associatio­ns à but non lucratif et qui est, de surcroît, en inadéquati­on avec le mode profession­nel adopté par ces mêmes clubs, en associatio­ns à but lucratif. Un tel statut qui correspond à la gestion des grandes entreprise­s et qui permet de donner lieu à de véritables conseils d'administra­tion avec toutes ses attributio­ns et ses exigences. Cela permet à ces clubs d'avoir une certaine autonomie gestionnai­re et, surtout, la possibilit­é de créer euxmêmes leurs sources de financemen­t, exemptant ainsi l'etat de dépenses et de subvention­s colossales qu'il peut exploiter pour subvenir à d'autres besoins et, notamment, les orienter vers les clubs démunis. D'ailleurs,lors de mon passage à la tête du ministère, j'avais oeuvré laborieuse­ment à la mise à exécution de ce projet révolution­naire et grandement salutaire en organisant notamment le meeting de Monastir consacré à la discussion et l'amendement des différents axes du projet du changement des structures et des statuts juridiques des clubs. Mais finalement, je me suis résolu qu'il n'y avait pas réellement de volonté politique pour faire avancer ce projet ou du moins ne faisait pas partie des priorités des instances concernées».

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