La Presse (Tunisie)

A qui profite le litige...?

- Béchir SIFAOUI T.K.

Depuis son avènement à la tête de la FTF, Waddi Al Jary n’entretient guère de bons rapports avec le ministère de la Jeunesse et des Sports. Son litige a pris de l’ampleur, ces derniers temps, notamment à l’issue de la participat­ion de L’EN à la dernière Coupe du monde en Russie et, récemment, en raison du retard accusé par le ministère dans le versement des subvention­s allouées aux clubs de la Ligue 1 et 2.

Dans n'importe quel pays dans le monde, c'est le ministère des Sports qui conçoit la stratégie sportive et met en oeuvre cette politique à travers des fédération­s mises en place après des élections pour une période bien déterminée par la loi. C'est cette fédération en question qui fait en principe le choix de ses programmes et détermine minutieuse­ment ses besoins en argent et en cadres pour les exécuter. Donc, c'est le ministère qui met à la dispositio­n de toutes les fédération­s les moyens humains et financiers pour, à la fois, un bon fonctionne­ment et un minutieux suivi. Et la Fédération tunisienne de football, d'ailleurs comme toute autre fédération, a bénéficié et bénéficie encore de ces louables services qui visent à promouvoir le football dans toutes les régions du pays en prêtant une attention particuliè­re à l'élite. A ce niveau, une interactio­n entre le ministère de tutelle et la FTF est quasi nécessaire pour réussir dans tous les projets lancés. Or, on constate depuis un certain temps que la communicat­ion laisse à désirer entre les deux parties, ce qui pose plus d'une interrogat­ion. A qui incombe la faute : aux responsabl­es fédéraux ou à la direction de la tutelle? Or, cette dernière, pour être plus clair, reproche à Al Jary ses prises de position et ses décisions unilatéral­es et sa manière de traiter les problèmes épineux du football tunisien et qui sont mis en oeuvre sans le moindre avis ou consultati­on. Cette façon de gérer les choses a créé un vide qui s'est transformé par la suite en litige qui a beaucoup nui à la bonne marche de notre paysage footballis­tique. Ce différend entre le président de la FTF et le ministère revient, comme tout le monde le sait, à l'époque de Tarek Dhiab, ex-ministre des Sports d'après-révolution, et qui a fini par perdre sa bataille d'introduire plus de transparen­ce et de clarté de traiter les choses au profit d'al Jary qui a mal interprété la demande du ministre de faire une évaluation rationnell­e de la participat­ion de L'EN à la CAN 2013. Al Jary a considéré cette demande comme une ingérence dans les affaires de la FTF et a même menacé d'aller se plaindre auprès de la Fifa. Idem pour les autres ministres qui se sont succédé, à savoir S. Bouataï, M. Ben Dhia et maintenant M. Charni, encore en fonction et dont les relations avec le docteur Al Jary ne sont pas au meilleur de leur état et pèchent, il faut l'avouer, par un manque flagrant de communicat­ion et de transparen­ce, notamment dans les dossiers brûlants.

Le bras de fer se durcit !

Al Jary, l'homme fort du football tunisien et dont le caractère difficile et autoritair­e dans la mesure où il n'aime pas les critiques en défendant ses choix parfois aberrants jusqu'au bout a haussé le ton il n'y a pas longtemps avec le ministère au sujet des subvention­s allouées aux clubs de la Ligue 1 et qui ont accusé un grand retard à tel point que ces clubs ont menacé de boycotter le championna­t si le président de la FTF ne résout pas le problème le plus vite possible… Afin d'apaiser un temps soit peu la tension des clubs, Al Jary a décidé de tenir une réunion avec leurs présidents pour discuter de cet épineux problème et d'autres ayant un rapport étroit avec le bon déroulemen­t de la compétitio­n… Il a réussi avec beaucoup de savoirfair­e et de «parlotte» à calmer les esprits en promettant un règlement rapide de leurs subvention­s et en leur annonçant le retour du promosport national, une source financière non négligeabl­e capable de venir en aide à tous les clubs en difficulté. En réponse à ce problème de retard du versement des subvention­s et qui n'a fait que durcir le litige entre la FTF et la tutelle, le ministère a précisé que ce retard est voulu parce qu'aucun club n'a envoyé son rapport financier dans les règles et approuvé par les deux commissair­es aux comptes, ce document, a-t-il expliqué est très important pour avoir une idée précise sur la gestion du club en question… Donc, la faute n'incombe pas au ministère mais plutôt aux clubs qui tardent ou ne veulent pas présenter leurs rapports financiers. Toutefois, au lieu d'exhorter les clubs à se soumettre aux instructio­ns du ministère, il a profité de ce malentendu causé par la négligence des clubs pour jeter la responsabi­lité sur la tutelle, un litige de plus qui vient s'ajouter aux précédents et qui ne fait que détériorer les rapports entre les deux parties, au grand malheur du football tunisien qui vit une instabilit­é sans précédent dans la mesure où personne ne profite de cette ambiance morose qui a touché tout le monde. Vraiment c'est absurde de voir la plus grande fédération dans notre pays entretenir des rapports confus et ambigus avec la tutelle. Il est grand temps de finir avec cette mascarade et de se réunir pour mettre les points sur les «i» et de surcroît mettre fin à ce bras de fer qui ne cesse de s'amplifier… Néanmoins, trouver une manière de collaborer loin de tous les prétextes et préjugés serait nécessaire pour gérer les problèmes de nos clubs et notre football en général dans la cohérence et la transparen­ce… Donc un compromis reste toujours possible et pour y arriver, il faut qu'il y ait une volonté de tous les intervenan­ts dans le paysage footballis­tique dans noter pays. A bon entendeur …!

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia