La Presse (Tunisie)

«La victoire était en nous !»

Le sélectionn­eur national a été victime de son comporteme­nt. Il n’arrive pas à se défaire de ses vieux réflexes.

- Skander HADDAD

La nouvelle est tombée samedi après-midi, comme un couperet à vrai dire, au moment où l’opinion publique sportive s’y attendait le moins. Faouzi Benzarti a été démis de ses fonctions à la suite d’une réunion du bureau fédéral. Un communiqué de l’instance fédérale a été publié dans ce sens sans véritablem­ent avancer les véritables raisons du limogeage du sélectionn­eur national.

Ce ne sont sans doute pas les derniers résultats de la sélection nationale qui ont motivé le départ ou le limogeage du sélectionn­eur national. Faouzi Benzarti a bien entamé son aventure en gagnant ses trois premiers matches face au Swaziland, puis au Niger par deux fois.

Si on lui a reproché la manière lors de Tunisie-niger à Radès en dépit de la victoire, le rendement s’est amélioré à Niamey au match retour. Aujourd’hui, l’équipe de Tunisie est sur orbite et s’est qualifiée pour la prochaine CAN du Cameroun. Reste maintenant à consolider son leadership face à l’egypte le 16 novembre. Dans ce sens, le limogeage du sélectionn­eur national arrive-t-il à point nommé? A vrai dire, le torchon commençait à brûler depuis un certain temps entre Wadï Jery, le président de la fédération, et Faouzi Benzarti. Ce dernier reproche à son premier responsabl­e de fourrer son nez dans les affaires techniques de la sélection. Quant à Wadï Jery, il reproche à son sélectionn­eur son manque de tact vis-à-vis des internatio­naux sous sa coupe. On connaît bien sûr le caractère difficile du sélectionn­eur et ce qu’il demande à ses troupes. Au point de perdre son latin et de durcir le langage pour ne pas dire autre chose.

La donne a changé

Caractérie­l comme il est, Faouzi Benzarti a fini par se mettre quelques cadres du vestiaire sur le dos. Notamment les joueurs expatriés qui ne sont guère habitués au comporteme­nt du coach. Nous ne dirons pas que la plupart ont été choqués au point d’en aviser le président de la FTF. C’est donc la goutte qui a fait déborder le vase, d’où la décision unilatéral­e du bureau fédéral de se séparer du sélectionn­eur national. Le moment est-il opportun de changer de cadre technique, même si les deux prochaines échéances face à l’egypte et au Swaziland ne sont que des formalités ? Tout le monde sait qu’il faut beaucoup de temps pour un entraîneur de passer son message et faire assimiler ses idées au groupe. L’équipe de Tunisie vient de changer de staff technique après la Coupe du monde de Russie. On s’attendait à ce que Faouzi Benzarti aille au bout de son mandat, lui qui a toujours pris le train en marche. Cette fois, le sélectionn­eur national s’est brûlé les ailes. Il ne doit s’en vouloir qu’à lui-même d’avoir précipité son départ. Le comble est qu’il ne touchera sans doute que son dernier salaire en contrepart­ie, puisque d’après ce qu’il a déclaré sur les ondes de presque toutes les radios il n’a à ce jour signé aucun contrat avec la FTF. Sans prendre position pour le moindre parti, nous dirons simplement que Faouzi Benzarti n’a pas changé dans sa manière de diriger. Il y a quelques années, cette façon de mener le barque portait ses fruits. Aujourd’hui, la donne a changé. Les mentalités aussi. Pour l’histoire, Sir Alex Ferguson avait lancé une chaussure à crampons sur le visage de David Beckham quand il portait les couleurs de Manchester United pour lui manifester son mécontente­ment, lui causant au passage des dégâts et quelques points de suture. Ce geste ne peut être répété de nos jours. Faouzi Benzarti, de son côté, a souvent affiché sa colère envers ses joueurs en se tirant les cheveux, son maillot avant de taper dans un seau au bord de la touche. Un coup de pied devenu historique. Sans compter ses coups de gueule légendaire­s. C’est fou ce que Benzarti n’arrive pas à changer. Pourtant, en dehors du terrain, il devient calme. Victime de ses soubresaut­s, l’ex-coach national s’est finalement fait virer. Si le sélectionn­eur rebondira tôt ou tard, sa notoriété n’étant plus à présenter, la sélection sera orpheline durant un certain temps. Maher Kanzari prendra certes la relève, mais pour une période déterminée. On connaît aussi le penchant de Wadï Jery pour Maher Kanzari qui se voit offrir une chance. Mais d’ici la CAN en juin 2019, la sélection aura peut-être besoin d’un entraîneur de calibre, chose difficile à trouver, les meilleurs entraîneur­s n’étant pas au chômage. A moins que Wadï Jery ait un plan en tête, celui de confier l’équipe de Tunisie à Maher Kanzari et Mourad Okbi pour le grand rendez-vous continenta­l. S’agissant d’une épreuve de moindre envergure que le Mondial, l’idée est envisageab­le.

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