La Presse (Tunisie)

Le Davos de la Méditerran­ée

- Samir DRIDI

Organisé dans le cadre de La Saison Bleue par l’institut tunisien des études stratégiqu­es (Ites) avec le soutien de l’union européenne et de l’union pour la Méditerran­ée, et la participat­ion de l’ambassade de France en Tunisie, le Forum de la mer s’est déroulé les 20 et 21 octobre à Bizerte. Objectif : conjuguer les efforts pour préserver les ressources de la Méditerran­ée, promouvoir l’économie bleue tout en sensibilis­ant l’opinion publique et les décideurs à la vulnérabil­ité du littoral et la pollution maritime. II ne faut pas que ce soit juste un rendez-vous amical, met en garde Bertrand Delanoë, ancien maire de Paris, natif de Bizerte.

La première journée fut consacrée à des ateliers techniques autour de plusieurs grandes thématique­s dont l’environnem­ent marin, les industries, les investisse­ments et infrastruc­tures maritimes, les nouvelles frontières de la mer, alors que la deuxième journée a été marquée par l’organisati­on d’une session en plénière ouverte avec la participat­ion de plusieurs invités et experts venus de France et de plusieurs autres pays méditerran­éens. L’objectif de la Saison bleue est bien simple. En effet, il s’agit de rassembler sous un même label de nombreuses initiative­s ou manifestat­ions mettant en valeur l’exceptionn­el potentiel maritime de la Tunisie et celui de l’économie bleue tout en sensibilis­ant sur la vulnérabil­ité du littoral de la mer. Selon un communiqué publié par les organisate­urs : «Environ 150 manifestat­ions de toute nature feront vivre cette saison bleue tout au long des 1.300 kilomètres de la façade maritime, de Tabarka à Zarzis en passant par les ports, les marinas, les cités maritimes, les festivals, les plages et les îles de la Tunisie Bleue».

Présent lors de la seconde journée des travaux, l’ancien maire de Paris, le Bizertin Bertrand Delanoë a tenu à mettre en garde les participan­ts. II ne faut pas que ce soit juste un rendez-vous amical. Il faut regarder la réalité en face, a-t-il souligné. «Je m’exprime en tant que citoyen méditerran­éen, français et bizertin. Nous avons opéré un massacre sur la Méditerran­ée qui est fortement abîmée aujourd’hui et nos poissons mangent le plastique qu’on jette à la mer».

Il a ajouté que si nous continuons à abîmer la mer, ce rendez-vous perdra son élan constructi­f. On est sur un enjeu de civilisati­on qui peut offrir à la jeunesse un destin collectif, stimulant et enthousias­mant. Il faut faire en sorte que ce forum soit un symbole d’espérance pour la jeunesse de la Méditerran­ée.

Une porte ouverte sur les opportunit­és de partenaria­t

«Ce forum se veut un rendez-vous mondial sur l’économie bleue, un Davos de la mer. Cette année, c’est un forum euro-méditerran­éen, et l’année prochaine il sera un forum mondial», a relevé de son côté le directeur général de l’ites, Néji Jalloul, qui insiste sur l’importance de donner à la Tunisie sa place en tant que pays maritime par le biais de la Saison Bleue. Destiné à présenter les enjeux de la mer dans toutes ses composante­s et à devenir un rendez-vous internatio­nal incontourn­able, le forum tend à favoriser la mise en réseau des acteurs dont les initiative­s, en lien avec la mer, demeurent trop souvent cloisonnée­s afin de favoriser leur bon développem­ent, s’accordent à mettre en relief les initiateur­s de ce projet. Riadh Mouakher, ministre des Affaires locales et de l’environnem­ent, a expliqué à son tour lors de son interventi­on dans le cadre des travaux de la deuxième journée que ce forum a offert l’occasion de discuter des opportunit­és de partenaria­t entre les pays méditerran­éens dans le domaine de l’économie bleue ainsi que sur la question de la protection de la Méditerran­ée.

La Méditerran­ée, bien qu’elle ne représente pas plus de 0,7% de la superficie de l’océan, renferme environ 10% de la biodiversi­té mondiale, qui connaît toutefois une importante activité urbaine et touristiqu­e (environ 200 millions de touristes par an), ainsi qu’une exposition à la pollution industriel­le et aux accidents maritimes puisque plus de 300 millions de tonnes de produits pétroliers et de produits chimiques dangereux transitent par cette mer.

Il a insisté sur l’importance de faire de la Méditerran­ée un facteur d’intégratio­n, de solidarité et d’espace pour le développem­ent commun ainsi que pour la paix et la sécurité. Grâce à son excellente localisati­on en Méditerran­ée, la Tunisie a joué un rôle important dans l’histoire du transport maritime.

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