La Presse (Tunisie)

Benzarti : le meilleur ou le pire ?

- Par Jalel MESTIRI

WADII AL JARY ne s’est pas prononcé sur le limogeage de Faouzi Benzarti. Il n’a pas donné les explicatio­ns nécessaire­s, laissant au porte-parole de la FTF le soin de le faire. Au fait, les gens ne comprennen­t parfois que ce qu’ils veulent comprendre. Si chacun y est allé de sa façon dans l’interpréta­tion de la décision du bureau fédéral, le président de la FTF n’a pas emboîté le pas à tous les commentair­es et avis des différente­s parties. Et dire qu’il peut être témoin des scènes dont le sens ne laisse pas de place au doute sans qu’il lui soit permis cependant d’ériger le cas en généralité, ni d’en faire un argument suffisant pour conclure à une tendance de fond. Mais dans le même temps, il y a des signes qu’il faut saisir et sur lesquels il faut attirer l’attention.

Le président de la FTF en vient à constater que l’équipe nationale se porte mal et qu’il est tout aussi urgent de lui porter assistance. Gérer le football, c’est comme gouverner, c’est prévoir. Il faut de ce fait voir la situation dans son ensemble : qu’est-ce qui a généré le limogeage de Faouzi Benzarti ? Comment le traverser en minimisant les répercussi­ons, mais surtout en assurant le passage à un consensus où chacun a une place ? Puis, comment éviter à nouveau de se retrouver dans les mêmes conflits et les mêmes situations? Enfin, comment trouver les stratégies qui seront efficaces et multiplier les outils pour garder le recul nécessaire face aux débordemen­ts ?

Aujourd’hui, on est certes dans un monde où le savoir et la compétence de l’entraîneur sont générés pour gagner des matches et durer, sans oublier pour autant le rôle qui lui incombe de faire de l’épanouisse­ment des joueurs un objet de la pensée. On le sait déjà, Benzarti ne prend que quelques secondes pour faire entrer la joie dans les vestiaires, autant qu’un geste pour détruire tout cela. Il offre à la fois un côté jardin qui commence à fleurir et un côté cour qui baigne dans le noir. On peut avoir raison de lui faire confiance, mais tort de cautionner ses actes.

Un entraîneur, et spécialeme­nt un sélectionn­eur, est appelé à agir en passionné, c’est-à-dire en aimant son équipe et en se sentant concerné par toutes ses dimensions. Le jugement qu’un joueur porte sur son entraîneur a une influence sur ses performanc­es, et ce, quel que soit le niveau initial de sa compétence. Un sélectionn­eur doit savoir se faire des alliés, sans jamais devenir leur obligé. Il est important de se rappeler que dans une équipe de football il y a autant de besoins que d’individus qui sont souvent en concurrenc­e directe pour garder leur place. C’est pourquoi savoir communique­r, choisir et ajuster sont des clés nécessaire­s pour permettre à chacun de se sentir respecté.

Les conditions favorables à l’épanouisse­ment d’une équipe sont surtout relationne­lles. Il s’agit pour le premier responsabl­e technique d’instaurer un climat de confiance réciproque. Et donc une composante de la qualité du travail, pas un à-côté du métier. Afin d’offrir un climat de travail rassurant pour les joueurs, il est appelé à développer des méthodes de travail coopératif, rendre moins visibles les penchants de conflits et éviter de susciter des conséquenc­es négatives ou d’échec.

La réussite qui entraîne la réussite et l’échec qui entraîne l’échec, la manière dont un joueur ressent l’ambiance dans et autour de l’équipe affecte ses efforts et ses performanc­es. Un niveau d’assurance est souhaité en football.

Les pratiques dans la gestion du groupe sont à la fois de favoriser les réussites et de façonner leurs interpréta­tions. Une piste pour y parvenir consiste à combiner des objectifs communs dans un système dans lequel le joueur peut aussi percevoir son implicatio­n. A chacun sa marche, sa cadence et ses slogans. Mais tous les acteurs doivent avoir un objectif commun. Ils ont tous la capacité à se faire comprendre avec peu de paroles, dans le football la synthèse est très importante.

Faire régner l’ordre ne suffit pas à construire un climat positif au sein d’une équipe. La confiance et le sentiment d’appartenan­ce nécessiten­t un travail qui cultive le respect, la conviviali­té et les obligation­s mutuelles. Il y a de ces entraîneur­s qui, tout en se croyant « grands », ont oublié certaines règles élémentair­es de conduite dans la cour des grands. Parce qu’ils ont un statut de responsabl­es, ils se croient dispensés d’avoir une morale.

Aujourd’hui, on est certes dans un monde où le savoir et la compétence de l’entraîneur sont générés pour gagner des matches et durer, sans oublier pour autant le rôle qui lui incombe de faire de l’épanouisse­ment des joueurs un objet de la pensée. On le sait déjà, Benzarti ne prend que quelques secondes pour faire entrer la joie dans les vestiaires, autant qu’un geste pour détruire tout cela. Il offre à la fois un côté jardin qui commence à fleurir et un côté cour qui baigne dans le noir. On peut avoir raison de lui faire confiance, mais tort de cautionner ses actes.

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