La Presse (Tunisie)

La réalité virtuelle rend plus empathique­s

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Des chercheurs de Stanford ont démontré que des personnes qui se sont mises «dans la peau» d’un sans-abri via une applicatio­n de réalité virtuelle se sont montrées plus empathique­s que d’autres ayant visionné le même contenu mais sur un média classique.

La réalité virtuelle est déjà souvent utilisée pour créer des expérience­s immersives qui aident à surmonter certaines phobies telles que la peur de l'avion, des araignées ou du vide. Mais cette technologi­e pourrait-elle carrément nous transforme­r pour nous rendre meilleurs ? C'est ce que pensait Chris Milk, un producteur de contenus immersifs, en 2015, lors d'une conférence TED dans laquelle il affirmait que «la réalité virtuelle est une machine qui nous rend plus humains».

Un groupe de chercheurs de l'université de Stanford a cherché à questionne­r cette vision de manière méthodique en réalisant une étude sur la capacité d'une expérience de réalité virtuelle à stimuler positiveme­nt l'empathie. Pour cela, ils ont créé une applicatio­n de réalité virtuelle intitulée «Becoming Homeless» qui immerge la personne dans le quotidien de quelqu'un qui a perdu son travail et glisse peu à peu dans l'exclusion sociale pour finir à la rue.

Des attitudes positives durables à l’égard des sans-abri

Pour comprendre l'impact que cette expérience immersive pouvait avoir sur le sentiment d'empathie, l'équipe de Stanford a réalisé deux études séparées de deux mois chacune avec 560 participan­ts âgés de 15 à 88 ans. Une partie de ces volontaire­s a essayé «Becoming Homeless» sur casque de réalité virtuelle tandis que les autres ont été invités à se plonger dans la même histoire, mais à travers un texte ou la version 2D du scénario sur un ordinateur. Résultat, les chercheurs ont constaté que les participan­ts qui avaient vécu l'expérience en réalité virtuelle étaient davantage enclins à des attitudes positives durables à l'égard des sans-abri. 82 % des participan­ts à «Becoming Homeless» lors de la première étude ont signé une pétition en faveur d'habitats abordables contre 67 % pour ceux qui avaient lu le texte. Pour la seconde étude, la proportion respective était de 85 et 63 %. «Nous avons tendance à considérer l’empathie comme quelque chose que l’on a ou que l’on n’a pas», explique Jamil Zaki, professeur adjoint de psychologi­e et coauteur de l'article qui décrit cette expérience. «Mais de nombreuses études ont démontré que l’empathie n’est pas seulement un trait de caractère. C’est quelque chose sur lequel on peut travailler et que l’on peut intensifie­r ou moduler dans différente­s situations». Ce qui serait plutôt une bonne nouvelle...

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Un aperçu de l’applicatio­n «Becoming Homeless» où l’utilisateu­r s’immerge dans le quotidien d’une personne qui perd son emploi, son logement et finit à la rue

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