La Presse (Tunisie)

L’alliance atlantique se livre à d’importante­s manoeuvres militaires

«Trident Juncture envoie un message clair à nos nations et à tout adversaire potentiel…», déclare le secrétaire général de l’otan

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AFP — L’otan a donné hier le coup d’envoi en Norvège aux plus vastes manoeuvres militaires depuis la fin de la Guerre froide, une démonstrat­ion de solidarité entre Alliés face à la Russie voisine qui a dénoncé un exercice «antirusse». Quelque 50.000 soldats, 10.000 véhicules, 65 navires et 250 aéronefs de 31 pays devaient prendre part à l’exercice Trident Juncture 18, qui vise à entraîner l’alliance atlantique à porter secours à un de ses membres en cas d’agression. «L’environnem­ent sécuritair­e en Europe s’est significat­ivement dégradé ces dernières années», a souligné le secrétaire général de l’otan, le Norvégien Jens Stoltenber­g.

«Trident Juncture envoie un message clair à nos nations et à tout adversaire potentiel: l’otan ne cherche pas la confrontat­ion mais elle sera prête à défendre tous les alliés contre toutes les menaces», a-t-il dit lors d’une conférence de presse mercredi. Si cet «adversaire potentiel» n’est pas officielle­ment désigné, la Russie est dans tous les esprits, elle qui fait étalage de sa puissance militaire et partage avec la Norvège une frontière de 198 kilomètres dans le Grand Nord.

L’est de l’ukraine est déstabilis­é par des activités séparatist­es pro-russes, soutenues par Moscou selon Kiev et les Occidentau­x, malgré les dénégation­s du Kremlin.

La Russie a également annexé la Crimée et enfin accru ses capacités dans l’arctique et conduit en septembre les plus grandes manoeuvres de son histoire en Extrême-orient.

Exercice «antirusse»

De son côté, l’ambassade de Russie à Oslo dit voir en Trident Juncture un exercice «antirusse». «Une telle activité (...) semble provocatri­ce, même si l’on essaie de la justifier avec des visées purement défenafp sives», a-t-elle fait valoir. Depuis des mois, Moscou s’irrite du renforceme­nt en cours de la présence militaire occidental­e dans la région. États-unis et Grande-bretagne ont en effet décidé d’intensifie­r les déploiemen­ts en Norvège pour acclimater leurs troupes au combat par grand froid.

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a fustigé début octobre «des cliquetis d’armes» et promis une «riposte».

«Les principaux pays de l’otan accroissen­t leur présence militaire dans la région, à proximité des frontières de la Russie», a-t-elle dénoncé.

«De telles actions irresponsa­bles mèneront forcément à la déstabilis­ation de la situation politique et militaire dans le Nord, à une hausse des tensions».

Celles-ci ont été encore attisées samedi avec l’annonce par Donald Trump du retrait des États-unis du traité sur les armes nucléaires de portée intermédia­ire (INF) de 1987. Reprochant à la Russie de développer un nouveau système de missiles, 9M729, le président américain a menacé d’augmenter l’arsenal nucléaire de son pays.

L’article 5 conforté ?

Si Donald Trump souffle le chaud et le froid sur son engagement vis-à-vis de l’otan, notamment sur l’article 5 et ses obligation­s de défense collective, l’armée américaine participe à Trident Juncture avec le plus gros contingent, plus de 14.000 soldats et un groupe aéronaval notamment. «Nous nous entraînons en Norvège mais bien sûr que les leçons tirées (...) de Trident Juncture sont aussi pertinente­s pour d’autres pays», a noté M. Stoltenber­g. Outre les 29 pays membres de l’alliance atlantique, l’exercice qui durera jusqu’au 7 novembre implique la Suède et la Finlande.

«Nous ne percevons aucune menace militaire contre l’europe du Nord aujourd’hui mais nous vivons dans une époque incertaine et imprévisib­le», ont écrit cinq ministres nordiques de la Défense ou des Affaires étrangères dans une chronique commune jeudi.

«Une Russie plus sûre d’elle a démontré à la fois sa volonté et sa capacité à recourir à la puissance militaire pour atteindre ses propres objectifs stratégiqu­es», ont-ils ajouté, en louant l’importance de la coopératio­n sécuritair­e entre leurs cinq pays. Deux observateu­rs russes et deux biélorusse­s sont invités à l’exercice. Le chef de l’otan a dit espérer que la Russie «évitera tout comporteme­nt périlleux».

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Le secrétaire général de l’otan Jens Stoltenber­g (c) à bord du porte-avions américain USS Harry S. Truman, le 12 octobre 2018 en mer du Nord

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