Libération d’un chef taliban
Abdul Ghani Baradar avait été arrêté en 2010 à Karachi… Il pourrait participer à de prochains pourparlers, objet de négociations au Qatar entre Américains et talibans
AFP — Le Pakistan a remis en liberté un haut responsable taliban cette semaine, selon des sources concordantes, une initiative censée faciliter la tenue de négociations de paix en Afghanistan.
Abdul Ghani Baradar, ex-numéro deux de la rébellion islamiste, avait aidé le mollah Omar, décédé en 2013, à fonder le mouvement taliban. Il avait été arrêté en 2010 à Karachi (sud) dans une opération considérée alors comme ayant porté un coup fatal au mouvement taliban.
«Al-haj Ghani Baradar a été libéré hier après-midi et a rejoint sa famille», a déclaré dans un message à L’AFP un porte-parole des insurgés en Afghanistan, Zabihullah Mujahid. Un responsable des renseignements pakistanais a confirmé l’information, indiquant à L’AFP que l’intéressé avait «été libéré il y a deux jours».
Sa libération intervient après la rencontre, le 12 octobre au Qatar, entre une délégation talibane et le nouvel émissaire américain pour la paix en Afghanistan, Zalmay Khalilzad, pour discuter du conflit en Afghanistan.
Une autre source talibane a également confirmé sa libération et précisé que deux autres responsables insurgés avaient également été remis en liberté. «Les talibans ont exigé leur libération lors de la rencontre avec Zalmay Khalilzad et nous pensons qu’ils ont été libérés à la demande des Etats-unis», a indiqué cette source. «C’était important pour bâtir la confiance, et tous les trois participeront aux prochains pourparlers avec les Etats-unis au Qatar», a-t-elle ajouté.
Une première rencontre annoncée dans la presse et jamais démentie par les parties avait eu lieu en juin à Doha après un cessez-le-feu inédit de trois jours entre forces de sécurité afghanes et talibans.
Mais la diplomatie américaine a toujours assuré ne pas vouloir s’engager dans des discussions directes, refusant de se substituer au gouvernement afghan. Les talibans pour leur part sont toujours restés campés sur leur position, refusant la proposition de trois mois de cessez-lefeu du président afghan Ashraf Ghani, disant ne pas reconnaître un gouvernement «illégitime» et souhaitant s’entretenir directement avec les Etats-unis. Le nouveau Premier ministre pakistanais Imran Khan plaide pour sa part depuis longtemps pour des pourparlers avec les talibans et les autres groupes islamistes armés actifs dans la région afin de mettre un terme au conflit.