La Presse (Tunisie)

Bras de fer entre le gouverneur de Tunis et le maire de La Marsa

L’interventi­on du gouverneur de Tunis dans une décision prise par la commune de La Marsa a jeté un froid sur les relations entre les deux parties

- Samir DRIDI

Lors de la conférence de presse organisée au Palais Assaâda, le maire de La Marsa a mis en exergue l’importance de l’applicatio­n du principe d’égalité devant la loi et s’est étonné de l’interventi­on du pouvoir central en la personne du gouverneur de Tunis, et d’une manière très rapide, dans les affaires du pouvoir local qu’est le conseil municipal.

Du coup, c’est le Code des collectivi­tés locales, censé consolider la décentrali­sation, qui est aujourd’hui remis en question.

C’est la première affaire qui met face à face le pouvoir central au pouvoir local et une plainte a été déjà déposée auprès du tribunal administra­tif par le gouverneur de Tunis à l’encontre de la municipali­té de La Marsa. En guise de rappel de l’affaire, les membres de cette municipali­té ont précisé lors de la conférence de presse tenue mercredi dernier qu’elle concerne une décision prise le 3 octobre stipulant la mise sous scellés d’une constructi­on non conforme aux dispositio­ns légales, située sur la route d’el-maalga, La Marsa. Mais à la surprise générale, le gouverneur de Tunis, en pas moins de 24 heures, a opposé, par courrier, un refus net et a annulé l’applicatio­n de la décision prise par la municipali­té. « C’est du jamais vu », selon les propos du maire de La Marsa qui a précisé lors de la conférence de presse que personne n’est intouchabl­e et a été frontal dans sa critique de la décision du gouverneur. On refuse l’applicatio­n de la politique des deux poids deux mesures, a-t-il martelé. Le grand problème qui se pose aujourd’hui, c’est l’immiscion de l’autorité centrale dans les affaires de l’autorité locale en moins de 24 heures.

Il a tenu à bien clarifier les choses en expliquant qu’il ne parle pas de la personne du gouverneur de Tunis ou du conseil municipal de La Marsa , mais de la nécessité d’appliquer la loi sans discrimina­tion. Il a toutefois tenu à préciser que le gouverneur s’est substitué dans ce cas de figure au tribunal administra­tif en notifiant l’annulation de la décision du conseil municipal.

De son côté, le gouverneur de Tunis, Chedly Bouallegue, explique que sa décision est tout à fait conforme à la loi et entre dans le cadre de ses prérogativ­es, et ce, suite à une plainte déposée par le propriétai­re de la constructi­on en question.

Ainsi, les premiers différends entre les maires et les gouverneur­s ont-ils montré le bout du nez quelques mois après l’adoption en avril dernier de la loi organique relative au Code des collectivi­tés locales et dans lequel l’etat a prévu des garde-fous pour protéger son unicité et éviter les atteintes à son pouvoir, mais certains représenta­nts de la société civile avaient porté un regard critique à l’égard de ces garde-fous avant l’adoption même de ce code et qui s’apparenter­aient plutôt à une épée de Damoclès au-dessus de la tête des maires.

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