La Presse (Tunisie)

« Il est impératif de se soumettre à la décision de non-prolongati­on du mandat de L’IVD »

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«Il est impératif de se soumettre à la décision de non-prolongati­on du mandat d’exercice de l’instance vérité et dignité (IVD). Aucune décision n’a été publiée dans le Jort à ce sujet», a affirmé hier le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, en marge d’une conférence à Hammamet sur les nouveaux textes réglementa­ires régissant les secrétaria­ts des tribunaux et les directions régionales de la justice. «En tant que ministre, j’ai annulé la note de service émise par l’inspecteur général portant applicatio­n de l’article 42 de la loi organique sur la justice transition­nelle, dans la mesure où les circulaire­s n’ont aucune valeur juridique et n’engagent point le juge. La justice s’appuie uniquement sur la Constituti­on, les convention­s internatio­nales et les législatio­ns publiées dans le Journal officiel de la République tunisienne (Jort), a-t-il tenu à préciser.

Cette précision de Ghazi Jeribi intervient en réaction aux critiques qui lui ont été adressées par un député au sujet de l’annulation d’une note de service portant applicatio­n de l’article 42 de la loi organique sur la justice transition­nelle. L’article 42 de la loi sur la justice transition­nelle stipule que «l’instance transmet au ministère public les dossiers dans lesquels sont confirmées des violations graves aux droits de l’homme. L’instance est tenue au fait de toutes mesures prises ultérieure­ment par le pouvoir judiciaire. Les dossiers transférés au ministère public sont inopposabl­es au principe de l’autorité de la chose jugée».

Le neuvième point de l’article 148 de la Constituti­on, la source du droit national la plus élevée, prévoit aussi que l’évocation de la non-rétroactiv­ité des lois, de l’existence d’une amnistie ou d’une grâce antérieure, de l’autorité de la chose jugée ou de la prescripti­on du délit ou de la peine, n’est pas recevable en matière de justice transition­nelle, a-t-il ajouté.

Par ailleurs, Jeribi a jugé indispensa­ble de placer la justice à l’abri des conflits politiques dans la mesure où l’avenir de la démocratie est étroitemen­t lié aux garanties apportées à un pouvoir judiciaire indépendan­t et impartial. Le Parlement avait voté, le 26 mars 2018, contre la prolongati­on du mandat d’exercice de l’instance vérité et dignité qui devait initialeme­nt se terminer le 31 mai (68 contre et 2 abstention­s). Aucun député n’a voté pour le prolongeme­nt des activités de L’IVD.

De nombreux députés, dont ceux du parti Ennahdha et du bloc démocrate, ont quitté l’hémicycle avant le début du vote.

En vertu de l’article 18 de la loi organique 2013-53 du 24 décembre 2013, relative à l’instaurati­on de la justice transition­nelle et à son organisati­on, «la durée d’activité de l’instance est fixée à quatre (4) années, à compter de la date de nomination de ses membres, renouvelab­le une fois pour une année, et ce, par décision motivée de l’instance qui sera soumise à l’assemblée chargée de la législatio­n, trois mois avant l’achèvement de son activité».

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