Les belles retrouvailles !
Ré-ouverture de la galerie Aire Libre d’el Teatro, dirigée par l’artiste et «agitateur culturel» Mohamed Chalbi, marquée par un accrochage collectif inaugural intitulé «Le retour» qui se veut un manifeste en faveur du dialogue intergénérationnel et une célébration de l’effervescence créative de nos artistes plasticiens.
Après deux années d’absence, «de recul par rapport à l’éclatement de la scène «plastique», de réflexion, d’observation, d’analyse, et de méditation —phase essentielle pour tout artiste qui croit en son art et en sa mission artistique— Mohamed Chalbi conclut que «… malgré le foisonnement, rien n’a changé, surtout au niveau des découvertes... Les galeries marchandes ne font rien pour les jeunes... Elles attendent que les fruits soient mûrs... et la dynamique des jeunes associations va dans tous les sens sans aucune efficacité... et il y a eu trop de prétention par rapport aux petites ouvertures sur le marché étranger». La bonne nouvelle, c’est qu’il est de retour, il reprend les rênes, et reprend avec sa ligne éditoriale qui est toujours la même «basée sur la découverte et le compagnonnage des jeunes, sur la promiscuité intra-générationnelle, surtout néo-expressionniste et la pluridisciplinarité technique sans tomber dans la “froideur” contemporaine». Les portes de la galerie d’el Teatro s’ouvrent, donc, de nouveau, et le grand «Aire Libre» re-souffle, s’agite, voltige, tournoie et réinsuffle la vie aux cimaises du lieu à la grande joie des artistes et du public.
«Le retour» est l’intitulé de l’exposition collective avec laquelle la Galerie a choisi de démarrer la saison. Ils sont 41 artistes à vouloir repartager ce lieu chaleureux et convivial qui respire l’art à chaque recoin, d’un côté la salle de théâtre El Teatro de Taoufik Jebali et Zeineb Farhat et, de l’autre, les cimaises de la galerie d’art «Aire Libre» de Mohamed Chalbi, un espace accueillant et ouvert à tous. Le public est, donc, accueilli par des installations et des sculptures réalisées par Najet Gherissi, Irane Ouanes, Zied Lasram et Ishraf Abou Sabbah. Puis des peintures, des dessins, du street-art, des photos et des vidéos qui se mêlent, se côtoient ou s’opposent. Le visiteur peut, petit à petit, s’approprier son angle de vision, naviguer dans les oeuvres avec une grande notion de liberté, et se trouve ainsi transporté dans un univers quasi théâtral.
Par le langage des images et à travers la richesse et la multiplicité des points du vue de ces artistes contemporains émergeants ou connus, à l’instar d’amel Ben Hassine, Ahmed Zelfani, Othman Babba, Hamideddine Bouali, les oeuvres exposées illustrent les différentes facettes de leur talent, la richesse de leur inspiration, de leurs techniques, et la puissance créatrice de leurs travaux dont le génie protéiforme allie héritage classique, imaginaire flamboyant et fulgurances visionnaires. Elles abordent différents thèmes allant de la philosophie des temps modernes à la politique d’aujourd’hui, se réfugiant quelquefois au coeur d’une poésie salvatrice. Les thèmes varient d’une oeuvre à l’autre et l’on se trouve confronté à la «Folie du Roi», «La fleur au fusil», aux «Femmes», «Les traces de la mémoire», «La dévastation», «Les seins des saints», «Le chantier», «Le Rebirth», «Le ciel incertain», «L’évasion d’un sensible», «La méduse des temps» et «Le désir rouge», parfois les oeuvres semblent être à la fois contestataires, sarcastiques et fantastiques et aussi prolifiques qu’explosives, capables de «réveiller l’homme qui dort». Une exposition éclectique, foisonnante et bouillonnante de vie à découvrir jusqu’au 11 novembre 2018.