La Presse (Tunisie)

Il faut protéger les documents de la chambre noire au ministère de l’intérieur

Les hauts cadres du ministère de l’intérieur sont tenus de protéger le contenu de «la chambre noire»

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Le Collectif de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi a appelé hier le doyen des juges d’instructio­n près le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme à agir en urgence pour saisir les documents conservés dans la «chambre noire» du ministère de l’intérieur, afin d’éviter toute tentative de destructio­n de ces documents ou de dissimulat­ion des preuves confirmant l’existence d’un appareil secret appartenan­t au mouvement Ennahdha. Lors d’un point de presse organisé au siège du Syndicat national des journalist­es tunisiens (Snjt), il a également conjuré les hauts cadres du ministère de l’intérieur de protéger le contenu de la «chambre noire» jusqu’à la restitutio­n de ces documents à l’appareil judiciaire. A ce propos, il a fait part de ses craintes que l’allocution prononcée hier à Hammamet par le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, à l’occasion de l’ouverture de la deuxième conférence annuelle du mouvement, soit porteuse de messages incitant à l’infiltrati­on du ministère de l’intérieur et à la destructio­n des documents. Selon lui, les agents de la direction des archives au ministère de l’intérieur sont confrontés aujourd’hui à des menaces exercées par l’appareil secret du mouvement Ennahdha aux fins de mettre la main sur ces documents. Déposés au ministère de l’intérieur de façon illégale et sans autorisati­on judiciaire, ces documents ont été saisis sur instructio­ns du directeur général des services spéciaux au ministère de l’intérieur qui était alors Atef Omrani et du directeur général de la sûreté nationale, Walid Toujani, a-t-il souligné. Ces documents, a-t-il expliqué, ont été transporté­s au ministère de l’intérieur à bord de quatre voitures administra­tives du départemen­t du domicile du dénommé Mustapha Ben Khedher avant l’arrivée de la brigade spécialisé­e territoria­lement compétente dans la région d’el-mourouj, à la suite d’une plainte déposée par la propriétai­re du domicile. Boubaker Laâbidi, qui était alors à la tête de la direction des archives, avait refusé de prendre en charge les documents sans autorisati­on judiciaire, a-t-il ajouté. Accusé dans l’affaire du martyr Mohamed Brahmi, Walid Toujani avait fait pression sur Laâbidi pour accepter les documents, a-t-il poursuivi. Le dépôt des documents de façon illégale, a-t-il enchaîné, avait aussi été dévoilé auparavant par le directeur des archives Kamel Guizani (succédant à Boubaker Laâbidi) qui s’était rendu compte que les documents ont été volés d’un dossier judiciaire et avait alerté les dirigeants au ministère de l’intérieur après la réalisatio­n d’un inventaire des documents et la rédaction de rapports à leur sujet.

Guizani avait proposé de restituer ces documents à l’appareil judiciaire et en avait informé le directeur général de la sûreté nationale, Abderrahma­ne Haj Ali, qui avait agi positiveme­nt avec le dossier et ordonné l’applicatio­n de la loi, a-t-il encore indiqué.

Lors d’une conférence de presse, le Collectif de défense de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi avait dit détenir des informatio­ns compromett­antes sur l’affaire d’assassinat des deux martyrs.

A ce propos, il avait fait état de l’existence d’une structure organisée responsabl­e des deux assassinat­s politiques dont les ramificati­ons se recoupent avec le mouvement Ennahdha et dont certains membres occupent des postes au pouvoir.

Il avait également appelé le ministère de l’intérieur à ouvrir la «chambre noire» en rapport avec l’assassinat des deux martyrs et à cesser de protéger la structure impliquée dans ces crimes et qui, selon lui, « agissait sous la protection d’ennahdha en 2013».

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