La Presse (Tunisie)

Jim Mattis souligne la « gravité de la situation »

La mort du journalist­e Jamal Khashoggi était dans tous les esprits lors de la conférence « Dialogue de Manama », dédiée à la sécurité dans la région et à laquelle participai­t le responsabl­e américain

-

AFP — Le ministre américain de la Défense a prévenu samedi l’arabie Saoudite que le meurtre du journalist­e Jamal Khashoggi «doit tous nous inquiéter grandement», car il affecte la sécurité dans la région et la «confiance» et le «respect» des Etats-unis pour leur allié saoudien. Jim Mattis qui s’exprimait au cours d’une conférence régionale à Bahreïn, aux portes du royaume saoudien, a souligné que «quand les voix de l’opposition peuvent être entendues (...) une nation devient plus sûre».

«Si l’on garde à l’esprit que la paix et un engagement inébranlab­le envers les droits de l’homme sont dans notre intérêt collectif, le meurtre de Jamal Khashoggi dans une enceinte diplomatiq­ue doit tous nous inquiéter grandement», a déclaré M. Mattis au cours du «Dialogue de Manama» organisé par L’IISS (Internatio­nal Institute for Strategic Studies) de Londres. «Lorsqu’une nation cesse de respecter les normes internatio­nales et la loi, elle affaiblit la stabilité régionale au moment où elle est la plus nécessaire», a ajouté le chef du Pentagone qui jusque-là s’était montré très discret sur cette affaire, tandis que le président Donald Trump et le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo montaient en première ligne. Insistant sur la «gravité de la situation», M. Mattis a rappelé que les Etats-unis avaient révoqué les visas de plusieurs suspects et qu’ils prendraien­t «d’autres mesures au fur et à mesure que la situation se clarifiera». «Mais avec notre respect doivent venir transparen­ce et confiance», a-t-il prévenu.

«Ces deux principes sont vitaux pour assurer la poursuite de (notre) collaborat­ion».

M. Mattis a aussi appelé les pays du Golfe engagés militairem­ent au Yémen à entamer des négociatio­ns de paix dès novembre pour tenter de mettre fin à ce conflit qui a fait selon L’ONU quelque 10.000 morts. «Toutes les guerres doivent avoir une fin, et la tragédie du Yémen s’aggrave de jour en jour», a déclaré le chef du Pentagone.

«Il est temps de mettre fin à cette guerre», a-t-il dit. «En novembre nous devons commencer à négocier sur la substance du problème. Le combat doit faire place au compromis et les gens doivent être en paix pour se réconcilie­r». L’arabie saoudite intervient depuis trois ans au Yémen à la tête d’une coalition militaire comprenant notamment les Emirats arabes unis pour soutenir les forces gouverneme­ntales face aux rebelles Houthis appuyés par l’iran.

M. Mattis a enfin prévenu les dirigeants arabes que la Russie qui assoit son influence en Syrie grâce à ses victoires militaires au bénéfice du régime de Bachar al-assad, «ne peut pas remplacer les Etats-unis» au Proche-orient. «L’opportunis­me de la Russie et son empresseme­nt à ignorer les activités criminelle­s d’assad à l’encontre de son propre peuple prouve son manque d’engagement sincère envers les principes moraux les plus basiques», a ajouté le chef du Pentagone devant cette conférence de sécurité qui se tient tous les ans à Bahreïn. «Aujourd’hui, je veux que ce soit clair: la présence de la Russie dans la région ne peut pas remplacer l’engagement ancien, permanent et transparen­t des Etats-unis envers le Proche-orient - un engagement que je réitère sans réserves», a-t-il poursuivi.

M. Mattis a par ailleurs annoncé que son homologue chinois, le général Wei Fenghe, était attendu la semaine prochaine à Washington, soulignant que la «concurrenc­e stratégiqu­e» entre les deux pays n’était pas «synonyme d’hostilité».

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia