La famine frappe et tue des enfants
AFP — Ahmed Hassan hurle de douleur au moment où le médecin le pose délicatement sur une balance pour le peser. Le visage et le corps décharnés, ce bébé yéménite de quelques mois est affamé. A l’hôpital Sabaeen de Sanaa, les infirmières préparent du lait en poudre et remplissent des seringues, rationnant ainsi les portions données aux enfants malnutris qui arrivent pour des traitements d’urgence. Parfois même incapables d’avaler tellement leur corps est affaibli, les enfants sont nourris à l’aide de sondes.
«La vie est devenue très difficile (...) mais nous faisons de notre mieux, compte tenu des circonstances», confie Oum Tarek, dont le bébé de neuf mois est pris en charge pour malnutrition. «Nous ne sommes pas d’ici, nous louons une très vieille maison pour 10.000 riyals (environ 35 euros) à Hiziaz», au sud de Sanaa, dit-elle à L’AFP.
Son bébé, raconte-t-elle, est tombé malade car elle n’avait plus les moyens de lui acheter du lait en poudre, compte tenu de l’importante somme que représente la location de la maison.
Les quatre années de guerre entre le gouvernement yéménite et les rebelles houthis ont plongé le pays au bord d’une «famine géante et imminente», selon L’ONU qui estime que 14 millions de personnes — soit la moitié de la population — pourraient en être victimes. Le secrétaire général adjoint de L’ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, a affirmé lundi que le risque de famine au Yémen est «plus important que tout ce qu’un professionnel du secteur a pu voir au cours de sa carrière professionnelle».
«Porte de la mort»
A l’hôpital de Sabaeen, le pédiatre Charaf Nachwan affirme que certaines familles n’ont même pas les moyens de payer le transport pour arriver à la clinique.
«Leurs enfants sont donc laissés des jours, des semaines, souffrant de malnutrition, jusqu’à ce que quelqu’un les aide avec un peu d’argent.
A ce stade, nous faisons face à des cas très graves», se désole-t-il.