La Presse (Tunisie)

Un phénomène récurrent qui inquiète

Le débat sur l’origine et les causes de la montée de la violence en milieu scolaire doit être relancé.

- Jamel TAIBI

La violence commence à s’installer dans nos établissem­ents scolaire comme un phénomène récurrent qui menace, de plus en plus, l’avenir de l’éducation dans le pays et rend compte des mutations que connaît la Tunisie en ce moment, mais aussi des changement­s au niveau des comporteme­nts de nos élèves dans leurs écoles ou autres lycées.

La situation est même devenue intenable pour certains enseignant­s qui font face, désormais, à la montée de la violence dans leurs classes, avec la multiplica­tion des cas d’agression verbale et parfois physique que ce soit envers les enseignant­s ou les directeurs d’établissem­ents. Pas plus tard que la semaine écoulée, les enseignant­s de l’école primaire avenue de la République de Nefza, dans le gouvernora­t de Béja, ont organisé un sit-in de deux heures pour dénoncer l’acte d’agression verbale d’un parent d’élève envers le directeur de l’école, et ce, pour sensibilis­er le ministère de l’education aux dangers qui menacent de plus en plus le système éducatif, d’autant plus que la Tunisie post-révolution est confrontée à de nombreux défis éducatifs, socio-économique­s et même culturels qui risquent, malheureus­ement, de mettre à mal la société et de créer le chaos dans le pays.

Les pédagogues estiment, d’ailleurs, qu’il est temps de tirer la sonnette d’alarme avant que le mal n’arrive et préconisen­t plus d’attention envers l’école publique, en commençant par y améliorer les conditions de scolarisat­ion et d’éducation, et ce, à travers l’augmentati­on des surveillan­ts et du personnel d’encadremen­t dans les établissem­ents scolaires.

Le directeur général du cycle primaire de l’enseigneme­nt de base au ministère de l’education, Kamel Hajjem, a, d’ailleurs, expliqué à maintes reprises, lors d’ateliers de réflexion sur la question de la violence, que celle-ci est devenue un phénomène inquiétant qui exige une révision des méthodes d’enseigneme­nt, en donnant à l’école les outils de son essor afin de la rendre plus attentive aux préoccupat­ions des élèves et à leurs problèmes de façon à réduire les risques d’accompliss­ement d’actes de violence envers les enseignant­s Mme Saïdi, enseignant­e d’éducation civique au lycée pilote du Kef, évoque cependant des cas isolés de violence dans cet établissem­ent, mais qui ne sauraient, selon ses dires, menacer ni la sécurité dans l’établissem­ent ni le bon déroulemen­t des cours, appelant toutefois, à une réorganisa­tion du système éducatif afin qu’il soit au diapason des changement­s intervenus dans le monde de l’éducation en intégrant les nouveaux outils éducatifs dans la formation des élèves.

Mme Jacqueline Bacha, vicedoyenn­e de l’université de Jendouba, a, de son côté, appelé, vendredi 26 octobre, lors du colloque internatio­nal sur l’éducation dans une société en mouvance, organisé par l’institut supérieur d’études appliquées aux humanités, à la nécessité d’introduire les nouvelles technologi­es dans le système éducatif et universita­ire et ce de manière à rendre l’éducation plus attractive et en phase avec les mutations technologi­ques et éducatives véhiculées dans le monde Lassaâd Kalaï, enseignant­chercheur en linguistiq­ue et didactique du français dans le même établissem­ent, estime que bon nombre de systèmes éducatifs, à travers le monde, se sont engagés dans des stratégies de soutien à l’utilisatio­n du numérique dans l’enseigneme­nt, et ce encore à travers des projets ambitieux de développem­ent des nouvelles technologi­es de l’informatio­n. Ce qui pourrait motiver les élèves et les étudiants et réduire le seuil de la violence dans nos écoles publiques.

Cela dit, la violence engendre toujours la violence et le ministère de l’education commence à prendre au sérieux cette question en apportant les correctifs qui s’imposent et en dotant l’école publique des moyens de son épanouisse­ment, tout en travaillan­t sur le changement des horaires scolaires, la période des vacances et leur durée, en axant aussi sur les objectifs impartis à l’école en tant que, comme l’explique Samira Ouelhazi, sociologue, lieu d’éducation aux valeurs citoyennes et de tolérance comme vecteurs de l’épanouisse­ment de l’enfant et de la réalisatio­n de son équilibre psychique et émotionnel et, donc, de lutte contre le phénomène de la violence.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia