La Presse (Tunisie)

Un caractère ingérable

Cet entraîneur polémique quitte aussitôt qu’il est arrivé. On lui reproche son caractère ingérable et son mauvais traitement des joueurs. Quelles répercussi­ons ?

- R.E.H.

Cassant, autoritair­e, à la limite dictateur, conservate­ur, polémique, irrespectu­eux, obstiné, mais «gagneur» et audacieux, Faouzi Benzarti crée toujours l’événement là où il se trouve. Et à chaque fois, il quitte sur une vive polémique et sur un air de «scandale». La sélection, c’est quelque chose qu’il n’a pas réussi à gérer. On attendait qu’il quitte, mais pas aussi vite. C’est que chaque fois qu’il a pris un club en main, il n’a jamais fait long bail. Une saison maximum, et il s’en va pour n’importe quelle raison, mais toujours après un bras de fer ou une polémique derrière lui. Il ne réussit jamais la stratégie de sortie dans les clubs, mais, paradoxale­ment, ces mêmes clubs courent derrière lui en sachant que c’est un entraîneur spécial. En sélection, cette théorie s’est encore confirmée, mais en plus court. La décision n’est pas soudaine ou prise samedi dernier, elle couvait depuis un bon moment. El Jary a fait son choix à Niamey et après un cumul de «dépassemen­ts» et d’«écarts de conduite» du sélectionn­eur national envers les joueurs. Ces derniers ont fait savoir au président de la FTF ceci : ils ne veulent plus travailler sous son autorité. Après 1994 et 2010 où il a eu un intermède à la CAN, cette fois, le passage est raté, trois victoires étriquées, bras de fer avec les joueurs et une méthodolog­ie de travail classique. Le départ de Benzarti, avant même le match de l’egypte, est un événement qui mérite qu’on s’y attarde.

Il n’a pas changé…

La réaction de Faouzi Benzarti après son limogeage et la longue tournée qu’il a eue sur les plateaux avec des arguments, des accusation­s graves, des contradict­ions et sa nervosité habituelle, en dit long sur la personnali­té de l’ex-sélectionn­eur. Il a transmis son caractère agressif aux joueurs qui ont fini par réagir et refuser le traitement qu’il leur a réservé. On parle surtout des joueurs expatriés qui n’ont pas ménagé l’ex-sélectionn­eur aux vestiaires et dans les entraîneme­nts. Que reproche le patron de la FTF à Benzarti, mais qui pourtant a tout fait pour l’imposer après le Mondial ? Même si le président de la FTF n’a rien dit, on a pu en déduire que ce sont le mauvais traitement des joueurs et l’ambiance tendue et malsaine aux vestiaires qui ont précipité son départ. La façon dont les joueurs se comportent sur le terrain et la mauvaise prestation, surtout face au Niger, sont expliquées par un excès d’autorité et par une démobilisa­tion générale. L’équipe de Tunisie pouvait craindre le pire dans le futur. Une chose est sûre : Benzarti n’aura pas changé ni réussi à s’adapter au statut de sélectionn­eur. Il n’aura pas surtout réussi à corriger ses défauts et à changer d’attitude envers les joueurs internatio­naux, d’autant qu’il est tombé sur des joueurs expatriés qui n’acceptent pas ses insultes. Tactiqueme­nt, l’ex-sélectionn­eur national n’aura pas laissé tomber ses idées reçues. Avec surtout des changement­s tardifs et beaucoup d’hésitation en défense.

Ce n’est pas avec ce placement en défense et cette «laideur» et ce «cafouillag­e» qu’on a vus face à des adversaire­s à la portée que l’on pourra inquiéter de gros calibres. Le limogeage de Benzarti était donc inévitable pour secouer l’équipe.

De l’autre côté, il y a des entraîneur­s et des observateu­rs qui refusent cette décision. Ils pensent que c’est mal étudié et que c’est si subjectif.

Pour eux, seuls les résultats comptent et, à ce niveau, Benzarti aura rempli son contrat. De plus, c’est un entraîneur qui a une longue expérience et connaît bien le football et les footballeu­rs tunisiens. Les joueurs n’ont qu’à jouer et à mouiller le maillot, et ne pas critiquer les méthodes de travail. Le départ de Benzarti va-t-il faire du mal à la sélection dans le futur ? Risque-t-on de voir les joueurs prendre dorénavant l’ascendant sur le sélectionn­eur comme ils l’ont fait avec Kasperczak ? En tout cas, le débat est lancé. Il n’y aura, donc, plus un seul avis. Tant mieux.

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