La Presse (Tunisie)

«Un débat sans fin...»

«C’est le sélectionn­eur qui paie l’addition, que le problème soit psychologi­que ou stratégiqu­e».

- K.K.

«Je pense qu’une frange des internatio­naux a lâché le sélectionn­eur national Faouzi Benzarti. Je pense aussi que ça pourrait déteindre négativeme­nt sur la marche du groupe Tunisie, quoique les désormais ex-collaborat­eurs de Benzarti soient assez nantis pour faire le job et assurer une transition en douceur et payante à terme. Vous savez, généraleme­nt, dans un groupe de joueurs, il y a de faux et de vrais leaders. Certains le sont par la personnali­té et par ce qu’ils dégagent. Ils sont donc légitimes. D’autres, au contraire, le deviennent par ancienneté sans avoir le charisme pour l’être. C’est dur à gérer et c’est le travail de l’entraîneur en premier lieu. Vous savez, au fil du temps, le vestiaire change. Certains clans se séparent, d’autres s’imposent, de nouveaux leaders émergent par leurs performanc­es ou leur longévité et de nouvelles rivalités se créent en fonction du statut auprès du sélectionn­eur. L’idée de cycle ne concerne donc pas l’entraîneur mais, le groupe. Ce faisant, dans le cas de figure qui nous concerne, ce n’est pas une question de temps ou de longévité. Car en football, à un moment donné, il y a un phénomène de lassitude donc le renouvelle­ment devient parfois indispensa­ble. Or, là, au vu du jeu de l’équipe nationale, il aurait été préférable d’injecter du sang neuf plutôt que de lâcher l’entraîneur. Et maintenant, il va falloir s’atteler à maintenir l’osmose, la cohésion et l’alchimie de groupe après le changement orchestré. C’est déterminan­t pour réussir à terme notre campagne continenta­le (phase finale de la CAN). Il faut être indulgent et ne pas crier au sabordage dès les premiers ratés. Maintenant que la décision de rupture a été prise et entérinée, il faut se projeter et faire surtout bénéficier le team Tunisie de davantage d’indulgence en espérant une réussite au bout du compte. Vous savez, les débats sur le maintien ou pas du sélectionn­eur sont sans fin. La décision prise n’est pas sans conséquenc­e. Il y a aura probableme­nt beaucoup de pression autour du plateau technique à l’avenir. Et ça peut avoir une influence sur la sérénité du groupe».

«Caisse de résonance»

«Volet communicat­ion maintenant du team Tunisie, il faut arrêter de polémiquer. Pourquoi ? Parce que tout ce qui se passe au sein du team Tunisie est interprété et les médias jouent d’ailleurs le rôle de caisse de résonance dans ce cas d’espèce. Dans tous les cas de figure, s’il y a une campagne de presse pour renforcer l’entraîneur, c’est une question de relations. A l’inverse, pour d’autres, c’est injouable. Je ne comprends pas comment un coach peut continuer, dans un climat médiatique et un environnem­ent qui ne lui permettent plus de faire son métier normalemen­t. La communicat­ion est devenue un art. Il y a des carrières qui se défont sur la communicat­ion, ça j’en suis persuadé ! Oui, limoger l’entraîneur, ce rituel récurrent, dépend de plusieurs facteurs. Faouzi Benzarti a été recruté pour ses aptitudes à être une figure de proue symbolique ainsi que pour ses compétence­s. Et c’est dire combien c’est hasardeux de se séparer de lui maintenant. Vous savez, quand on décide de se séparer d’un sélectionn­eur, le timing est important. Quand vous dirigez des hommes, il faut donner du jus. Sauf que là, les batteries n’étaient pas vides ! Je dirais même plus. Chez Benzarti, la motivation et l’énergie jouent un rôle déterminan­t dans l’efficacité du groupe. Il est perpétuell­ement à la recherche de nouveaux défis. C’est un gagneur dans l’âme et il aurait dû être maintenu pour mettre en place son projet de jeu. Dommage, car un sélectionn­eur national n’est pas la chair à canon pour les tenants et aboutissan­ts de notre sport-roi. La méthodolog­ie de Faouzi Benzarti, la forme de ses entraîneme­nts sont admises et appréciées de tout le monde. Alors, qu’est-ce qui s’est passé pour que l’on opère un revirement pareil ? Le message ne passait plus avec une frange des joueurs ? Dans ce cas précis, les joueurs ayant la responsabi­lité de la mise en applicatio­n des consignes ont-ils fauté ? Saboter ou transcende­r un plan de jeu : au final, c’est le sélectionn­eur qui paie l’addition, que le problème soit psychologi­que ou stratégiqu­e ! En équipe nationale tunisienne, les joueurs sont différents, dans le caractère et les ambitions tantôt, mais obligés d’aller dans la même direction. Le vestiaire, par le passé, était plutôt enclin à obéir sans broncher, avec de notables exceptions, mais il est devenu de plus en plus durs à gérer. Jadis, un sélectionn­eur avec deux doigts d’intelligen­ce et deux doigts de culture dominait intellectu­ellement et culturelle­ment ses joueurs. Aujourd’hui, c’est différent avec des coachs brillants et magnétique­s, dont le management façon presse-citron permet ou pas de tirer le meilleur de chacun au sein du groupe. Chacun sa voie, chacun sa méthode. Et, comme on dit souvent, on fera les comptes à la fin et pas avant ! Faouzi Benzarti n’a pas eu cette chance» !

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