La Presse (Tunisie)

Un jeune doit être protégé

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Coman à 19 ans, Dembélé à 19 ans, Benzema à 19 ans, Mbappé à 18 ans, Attouga, Mohieddine Hbita, Tahar Chaïbi, Ben Mrad, Khouini, Agrebi et bien d’autres encore ont été lancés très jeunes en Equipe nationale. Nous connaisson­s la suite au niveau de la réussite de ces éléments qui ont crevé l’écran et se sont imposés parmi des aînés de très grand niveau.

Mais…la réussite de ces jeunes est due tout d’abord à leur niveau technique et à leur excellente formation de base. Ils sont tous sortis des écoles de formation et ont, de ce fait, suivi un cursus sérieux et convenable­ment appliqué pour ciseler leur personnali­té et affûter leurs capacités techniques. Individuel­lement, on leur a appris à tout faire avec un ballon. Collective­ment, ils ont été élevés dans le culte du collectif. Ils apprennent à se défaire de leur individual­isme, car un jeune aime le contact du ballon et n’aimerait pas s’en séparer. Le fait qu’ils apprennent à partager ce plaisir avec le reste de leurs camarades est une des premières qualités que les formateurs spécialisé­s inculquent pour que toutes ces aptitudes individuel­les et ce talent leur soient mis à la dispositio­n de l’équipe.

Et chaque semaine, nous assistons avec un réel plaisir au spectacle que ces jeunes nous servent, donnant la pleine mesure de leur formidable savoir-faire. A l’occasion de la dernière rencontre opposant la France à l’allemagne, les observateu­rs ont relevé, avec une admiration non surfaite, le sprint déclenché par Mbappé pour rattraper un ballon. Un sprint digne des plus grands spécialist­es du 100 métres et qui ne pouvait être que le fait d’une préparatio­n globale absolument exceptionn­elle.

C’est, ensuite, la façon d’agir avec ces éléments que l’on lance avec toutes les précaution­s nécessaire­s pour leur éviter le choc de la déconvenue. Un choc qui est en mesure de détruire ce «capital confiance» dont doit jouir tout joueur qui découvre avec son équipe nationale les premières joies de porter les couleurs de son pays, de s’exposer au monde du football, car les recruteurs et les agents sont toujours à l’affût.

Nous avons eu l’occasion de voir la manière avec laquelle s’est comporté Faouzi Benzarti avec Bassem Srarfi. Il l’a encensé au point de lui flanquer la frousse. Du jour au lendemain, ce jeune était devenu pour son entraîneur une pièce maîtresse.

Nous connaisson­s la suite et les conséquenc­es. Sorti, il a refusé la main tendue de son aîné Moncef Khouini (qui était internatio­nal à son âge) et a regagné le banc des remplaçant­s, mâchant sa déconvenue. Il s’est certes excusé de son geste, mais il n’en demeure pas moins coupable d’irrespect envers un des membres du personnel d’encadremen­t.

Au match retour, Benzarti a fait confiance à un autre jeune : Chaouat. Ce joueur a su saisir sa chance. Il marque un premier but et double la marque grâce à la haute valeur morale de son co-équipier Selliti, qui seul pouvant sans aucun doute marquer, lui permet de jouir complèteme­nt de sa joie en ce jour de baptême du feu.

Entre les deux jeunes, il y a d’abord la personnali­té de l’un et de l’autre qui détermine la façon d’évoluer, de se comporter pour évacuer le stress et pour saisir cette chance qui s’offre. Certes, Srarfi lors du match aller est tombé sur une équipe nettement hors du coup et, la pression aidant, il n’a pu développer son jeu en dépit des qualités indéniable­s dont il jouit. Au match retour, n’était le risque de récompense­r son mauvais geste, le sélectionn­eur, remercié, ne sera plus là pour lui retendre la perche pour se racheter.

Chaouat, lui, a su s’exprimer et ses camarades l’ont aidé. Le caviar que lui a offert Selliti en est la preuve. Il faudrait maintenant le protéger, car il est devenu en l’espace d’une heure de temps une vedette et il lui faudra beaucoup de personnali­té, de modestie, d’humilité et un encadremen­t de premier ordre pour résister à la pression.

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