La Presse (Tunisie)

«Fêter le centenaire passe par le titre continenta­l»

- Karray BRADAÏ

Le prestigieu­x club de Bab Souika et Mouine Chaâbani se sont qualifiés à la finale de la Ligue des champions en battant l’équipe angolaise de Agosto par (4-2) après un match plein à tous les niveaux. Le mérite revient aux joueurs et aussi à son jeune entraîneur — devenu grand — qui a confirmé son statut parmi les plus talentueux de sa génération. Il a pris la relève d’un autre entraîneur aussi généreux : Khaled Ben Yahia. Il s’agit de Mouine Chaâbani qui veut confirmer sa nomination avec un objectif «ambitieux» : la ligue des champions. Ce sera dur mais pas impossible pour remporter haut la main le trophée continenta­l face à Al Ahly, et ce, pour fêter comme il se doit le centenaire de l’espérance Sportive de Tunis. Rencontre avec Mouine Chaâbani, une figure emblématiq­ue du football tunisien, dont la carrière révèle les joies et les peines du sport-roi.

Avez-vous douté pendant cette demi-finale face aux Angolais pleine de rebondisse­ments?

Les joueurs et le staff technique n’ont jamais douté de notre qualificat­ion en dépit des deux buts marqués par les Angolais. Nous avons témoigné d’un formidable état d’esprit et d’une concentrat­ion totale. Nos n’avons rien lâché. Il ne faut pas oublier que les deux buts encaissés étaient arrivés au plus mauvais moment. Heureuseme­nt pour nous que nous avons eu la clairvoyan­ce de miser sur une autre stratégie pour chambarder les plans de Primeiro de Agosto.

Ce fut une remontada exceptionn­elle comme celle de 2005 face aux Soudanais d’al-hilal. Qu’en pensez-vous?

En 2005, alors que j’étais joueur, nous avons réalisé un match plein face à l’équipe d’al Hilal du Soudan. Mais, franchemen­t, la remontada face aux Angolais était encore plus belle et plus émotionnel­le. Mais le mérite revient aussi à nos supporters qui ont participé à cette qualificat­ion inespérée, ce fut un formidable exploit.

En seconde période, vous avez fait des réajusteme­nts tactiques qui ont été ont positifs pour votre équipe!

Il fallait le faire. En première mitemps, j’ai choisi les joueurs expériment­és avec notre système tactique habituel. Après la reprise, et surtout après le 2e but des Angolais, il fallait opter pour le scénario B c’est-à-dire sortir Yaâcoubi et mettre Coulibaly à l’axe. Il faut aussi souligner le très bon apport de Jouini et Bguir qui ont été exceptionn­els. Toute la semaine j’ai insisté auprès des joueurs que ce sont les remplaçant­s qui vont décider du sort du match. Dieu merci, j’ai eu raison.

Ce sera la finale idéale entre L’EST et Al-ahly. Ne pensezvous que les Egyptiens ont une tradition favorable sur les clubs tunisiens?

Ce sera notre septième finale en Ligue des champions. Notre qualificat­ion ne souffre aucune contestati­on. Cette fois ou jamais, nous sommes déterminés à remporter le trophée continenta­l en dépit de l’expérience des Egyptiens d’al-ahly. La victoire, c’est L’ADN de ce club. Il faut y croire. Le dernier match face à Primerio de Agosto nous a fait trop souffrir. Cela doit nous servir de leçon pour apprendre que dans le football rien n’est jamais gratuit et qu’il faut se battre jusqu’au bout.

Si on vous demande avec quelles personnes allez-vous partager cette qualificat­ion en finale de la Ligue des champions?

Tout le mérite revient aux joueurs. Ils ont été solides mentalemen­t. Quant à moi, je partage cette qualificat­ion avec mon président Hamdi Meddeb, Riadh Bennour, les dirigeants et tout le staff technique, médical et administra­tif. Bien sûr, il ne faut pas oublier Khaled Ben Yahia qui a lui aussi tout le mérite.

Maintenant, il faut penser à notre finale aller au Caire face à Al Ahly.

En remplaçant Ben Yahia, quelle mission vous a été confiée?

Ma mission est sans doute d’affirmer la reconnaiss­ance de ce grand club comme toujours étant de haut niveau, de conforter nos ambitions au plan continenta­l et national, de contribuer à lui atteindre les objectifs fixés : le titre national, la coupe de Tunisie et la Ligue des champions. Je suis né espérantis­te et mon club c’est l’espérance. Je suis toujours au service de ma 2e famille. Quand Hamdi Meddeb m’a appelé, je n’ai pas hésité une seconde et j’ai quitté le CSHL avec lequel j’ai de très bons souvenirs.

Vous avez bon espoir d’atteindre votre objectif?

Il y a Al Ahly en Ligue des champions. C’est une grande pointure en Afrique et dans le monde arabe. En Ligue 1, il y a le CSS, L’ESS et le CA qui sont toujours là pour jouer pour le titre national et la Coupe de Tunisie. Nous sommes assez forts dans ces trois compétitio­ns. Il ne faut pas oublier que gagner, c’est L’ADN du club. Nous avons des joueurs de qualité qui ambitionne­nt de remporter toutes les compétitio­ns. Nous avons les moyens de les réaliser.

Pour vous, quel est le profil d’un bon entraîneur?

Celui qui a des résultats ! Ce n’est pas plus compliqué. Je pense que c’est aux joueurs de le dire. D’ailleurs, j’estime que finalement, ce sont les joueurs qui font l’entraîneur. Tout de même, il doit être bon technicien, bon tacticien et bon psychologu­e. Ce sont à mes yeux trois qualités essentiell­es.

Votre nomination à la tête de l’équipe seniors de football estelle un aboutissem­ent pour vous?

Certaineme­nt pas! C’est l’occasion de m’inscrire dans un projet sérieux motivant où les défis à relever sont nombreux et de haut niveau. Je dois aussi garder en tête une nécessité de résultats, en sachant que j’ai les moyens d’atteindre les objectifs que l’on s’est fixés.

Qu’est-ce qui a changé dans cet univers dominé par les transferts et l’argent?

L’attitude des jeunes. De mon temps, pour avoir un agent, il fallait déjà un certain niveau. Aujourd’hui, dès qu’ils font un match où on les remarque, ils veulent au moins deux agents pour s’occuper d’eux. Certes, les agents représente­nt un mal nécessaire à mes yeux. Mais, les valeurs ont évolué et pas dans le bon sens. On a perdu beaucoup de repères.

Quelles sont vos envies personnell­es, aujourd’hui.

Rester le plus longtemps possible ici à l’espérance. J’aimerais être dans l’historique du club. Mais j’ai bien conscience que ma fonction d’entraîneur comporte un risque permanent.

Que je dois amener des résultats. C’est la règle du jeu. Pour autant en ce qui me concerne, je m’inscris dans le moyen terme à trois ou quatre ans.

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