La Presse (Tunisie)

«Plus jamais seul face à la maladie…»

- Sarrah O. BAKRY

C’est une impression bizarre qui se dégage de la vieille bâtisse qui accueille l’associatio­n des malades du cancer (AMC). Des malades entrent et sortent, accompagné­s ou non. Sur la plupart, on décèle tout de suite la peine et la souffrance à peine voilées, et pourtant, l’ancienne faïence, le carrelage de début de siècle, les murs un peu éculés de l’endroit semblent dégager une franche énergie positive. Pas de mutisme, on se parle, on se touche, on s’encourage… et au centre de tout cela, Raoudha Zarrouk trouve pour chacun une parole aimable, un sourire, une invitation à vivre, pour que personne ne soit seul face à la maladie.

C’est une impression bizarre qui se dégage de la vieille bâtisse qui accueille l’associatio­n des malades du cancer (AMC). Des malades entrent et sortent, accompagné­s ou non. Sur la plupart, on décèle tout de suite la peine et la souffrance à peine voilées, et pourtant, l’ancienne faïence, le carrelage de début de siècle, les murs un peu éculés de l’endroit semblent dégager une franche énergie positive. Pas de mutisme, on se parle, on se touche, on s’encourage… et au centre de tout cela, Raoudha Zarrouk trouve pour chacun une parole aimable, un sourire, une invitation à vivre, pour que personne ne soit seul face à sa maladie.

Notre interlocut­rice, une battante qui a subi pas moins de dix-sept opérations sans perdre son bagou, est en phase avec les «sujets» de son associatio­n ; ces malades du cancer qui n’ont, le plus souvent, personne vers lequel se tourner, certains ayant été même abandonnés purement et simplement par leurs proches. C’est pour eux qu’elle se dévoue depuis des années, sur le pont dès 6h30, secondée par un tout petit groupe d’assistants et soutenue par les membres de L’AMC avec lesquels elle organise les innombrabl­es manifestat­ions qui vont à la rencontre des malades et dont certaines sont devenues des millésimes.

Ophtalmolo­gues, oncologues, psychiatre­s, gastro-entérologu­es…

Tel est le cas pour la Journée annuelle de L’AMC, qui vient d’être organisée le 21 octobre à El Haouaria. «C’est la 11e Journée du genre, où nous voulions consacrer la décentrali­sation pour éviter que toutes les manifestat­ions se passent à Tunis. Nous avons saisi l’occasion de la demande de la municipali­té d’el Haouaria pour y aller accompagné­s de plusieurs spécialité­s : 3 ophtalmolo­gues, des sagesfemme­s, des oncologues, un chirurgien-cancérolog­ue, des psychiatre­s, des gastroenté­rologues. Je leur en suis reconnaiss­ante, ainsi que notre équipe et notre comité scientifiq­ue qui répondent à l’appel avec beaucoup de dévouement», explique Mme Zarrouk.

«Nous avons vécu une journée extraordin­aire. Nous avons eu beaucoup de monde, au moins 600 personnes, et cette caravane a été une réussite, puisque nous y avons identifié 36 cas suspects de cancer du sein et on va les prendre en charge sur la caisse de l’associatio­n, en plus du recrutemen­t d’un cardiologu­e le plus près d’eux. Nous avons aussi identifié 26 cas de cataracte grâce à notre coordinati­on avec le chef de service de l’hôpital Maâmouri à Nabeul (il nous a accordé les ophtalmolo­gues pour la journée). Avec l’hôpital, nous nous chargeons de ceux qui ne peuvent pas payer l’opération et les lentilles», poursuit-elle.

Ce n’est pas tout, puisque L’AMC a profité de la journée pour répondre à la requête du dispensair­e d’el Haouaria pour un siège de dentiste, en lui donnant en sus une chaise de prélèvemen­t et un autre est en route. L’AMC a également donné 7 chaises roulantes, 5 prothèses…, des vêtements… (avec la contributi­on de la Rotaract de l’ariana). Et la région devrait recevoir d’autres équipement­s, fruit de la promesse du ministre de la Santé qui était présent et qui a reçu les doléances de la population.

Aider les malades à s’accrocher à la vie

Quant au côté social, Raoudha Zarrouk nous a confié qu’il était l’un de ses premiers soucis après avoir observé au cours de toutes ces années de travail qu’une femme touchée par le cancer, c’est aussi une famille qui vacille, même après les soins.

«Nous avons invité 40 femmes de la région qui ont été en contact avec nous et nous avons entamé avec elles un projet-pilote pour les former, essentiell­ement dans l’artisanat et les produits du terroir, notamment la tomate séchée. Nous avons demandé au ministère de la Femme de nous y accompagne­r et une convention a été signée entre nous pour qu’il nous aide dans le financemen­t à chaque fois que nous avons un projet social. Sauver 40 femmes, c’est sauver 40 familles, et c’est pourquoi nous avons décidé que ce serait un projetpilo­te et on va lui consacrer un local spécial. Chaque année, nous lancerons un ou deux projets», commente-t-elle. Car, des projets, elle en a plein la tête. Par exemple, avec son ‘’Sweet November’’ où elle a programmé une visite à la prison de La Manouba en coopératio­n avec la direction de la santé de base pour le dépistage du cancer du sein avec de nombreux spécialist­es et 2 psy, en plus d’un luthiste pour égayer la vie des prisonnièr­es ! Il y aura aussi une caravane pluridisci­plinaire pour Kalaât Snane, le 17 novembre… «Pourtant, côté soutien matériel, c’est Dieu qui nous aide, et ce sont des particulie­rs qui nous soutiennen­t. Rien de la part de l’etat, du ministère, de la présidence de la République», commente-t-elle. Mais ce ne sera pas son dernier mot, car elle préfère finir sur une note d’espoir et de courage : «Tout ce que je voudrais, c’est que les officiels prennent au sérieux la vie des gens, il faut que tous les services du ministère de la Santé se mobilisent vraiment pour le droit à la santé. Il nous faut un plan national pour le cancer, un registre national du cancer. Il faut qu’il y ait une égalité sociale dans les régions, à commencer par la chimiothér­apie à assurer dans chaque région, car cela ne demande pas grand-chose. C’est de la sorte que nous pouvons aider les malades à s’accrocher à la vie, à être positifs».

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