La Presse (Tunisie)

Quand le cinéma éclaire les esprits !

- Ronze NEDIM

«Comment résister à la corruption qui gangrène les sociétés ?», la question au coeur du film de Tarek Salah, «Le Caire confidenti­el» projeté dans le cadre de la première édition du festival internatio­nal du film anticorrup­tion dont la cérémonie de clôture aura lieu ce soir à partir de 18h00 à la Cité de la culture de Tunis.

«Comment résister à la corruption qui gangrène les sociétés ?», la question au coeur du film de Tarek Salah, «Le Caire confidenti­el» projeté dans le cadre de la première édition du festival internatio­nal du film anti-corruption dont la cérémonie de clôture aura lieu ce soir à partir de 18h00 à la Cité de la culture de Tunis.

Le Festival internatio­nal du film anti-corruption organisé par l’instance nationale de lutte contre la corruption (Inlucc), en partenaria­t avec l’agence coréenne de coopératio­n internatio­nale (Koica), et avec le soutien du ministère de la Culture, le Centre national du cinéma et de l’image (Cnci) et le Syndicat national des journalist­es tunisiens (Snjt) a pour objectif d’utiliser le cinéma en tant que «véhicule de réflexion» et de «débat critique» sur le phénomène anti-corruption. Et cela dans le but de sensibilis­er le grand public et de le pousser à agir, au quotidien, pour éradiquer la corruption.

Le festival, démarré lundi dernier, se poursuivra jusqu’à ce soir à la Cité de la culture avec au programme des longsmétra­ges, des films d’investigat­ion, des courts-métrages, des coups de coeur représenta­nt 18 pays et une bourse aux scénarios.

Mardi dernier, les cinéphiles ont pu découvrir le dernier film du réalisateu­r suédois d’origine égyptienne Tarek Salah, intitulé «Le Caire confidenti­el». Grand prix du jury 2017 au Festival du Sundance Film, Grand Prix 2017 au Festival du film policier de Beaune, un polar noir passionnan­t sur fond d’actualité. Le film est basé sur une enquête trouble au coeur d’une ville rongée par le cancer de la corruption. Le polar est porté par un casting infaillibl­e, particuliè­rement l’acteur principal, le Libano-suédois Farés Farés dans le rôle du policier. Dans son film, Tarek Salah a choisi d’évoquer l’histoire égyptienne récente, plus précisémen­t le soulèvemen­t de la place Tahrir, avec quelques clins d’oeil au déclenchem­ent des manifestat­ions qui ont précédé les révolution­s dans plusieurs pays du monde, celles qui ont mené à la Révolution de 2011 en Tunisie et que le film évoque à travers les images visionnées à la télévision par les policiers égyptiens. Le film met en scène l’inspecteur Noureddine, aussi taciturne que corrompu, un policier comme les autres. Il est même promis à un brillant avenir s’il continue de servir le système en fermant les yeux sur les multiples dérives et en se servant au passage. Car, dans la capitale égyptienne que reconstitu­e le film (tourné au Maroc pour des raisons de sécurité), le moindre flic de quartier touche son bakchich.

Il se retrouve à enquêter sur le meurtre d’une chanteuse. Et ce qui paraît être au départ un simple fait divers devient, peu à peu, une affaire d’une grande ampleur à laquelle sont mêlés des hauts représenta­nts du pouvoir et des services de sécurité de l’etat. Très vite, l’inspecteur prend conscience de ce pourrissem­ent général du régime, qui ne demande qu’à tomber. A travers ce film, Tarek Salah nous plonge dans le Caire quotidien, les corruption­s, les arrangemen­ts, les humiliatio­ns et les soumission­s pointant du doigt là où le cancer de la corruption s’est métastasé partout en Egypte au début de la décennie 2010. Au coeur d’un système judiciaire corrompu, où l’on se débarrasse des témoins gênants (le cas de la Soudanaise immigrée d’afrique noire). Le réalisateu­r y révèle les petits arrangemen­ts entre meurtriers et complices que sont les grands représenta­nts de l’etat, flics, voyous et politicien­s véreux. Le film a le mérite d’exposer le système macho-mafieux, en le déboulonna­nt avec un grand savoir-faire cinématogr­aphique. Il dénonce ce système contre lequel les foules se sont rassemblée­s à la place Tahrir !

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Une scène du film

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