Un réseau de trafic de certificats de nationalité démantelé
Des milliers de certificats de nationalité bulgares auraient été délivrés de façon frauduleuse contre des pots-de-vin. Des ressortissants d’ukraine, de Moldavie et de Macédoine en sont les principaux bénéficiaires…
AFP — Deux hauts fonctionnaires bulgares ont été inculpés pour avoir organisé un trafic d’octroi de nationalité permettant de décrocher un passeport européen, a indiqué hier le parquet qui y voit «le cas de corruption le plus grave dans les sphères du pouvoir».
Le directeur et le secrétaire général de l’agence des Bulgares de l’étranger, un service de l’état jouant un rôle décisif dans les procédures de naturalisation, sont poursuivis pour avoir été à la tête d’un «groupe criminel organisé, de corruption et de trafic d’influence». Sous la direction de Petar Haralampiev, patron de l’agence depuis juin 2017, des milliers de certificats de nationalité bulgares auraient été délivrés de façon frauduleuse contre des pots-de-vin de 5.000 à 8.000 euros par dossier, selon la justice. Le procureur général adjoint Ivan Guechev a estimé hier qu’il s’agissait du «cas de corruption le plus grave mis au jour dans les sphères du pouvoir». Sa divulgation intervient à deux semaines de la publication du rapport annuel de la Commission européenne qui évaluera les progrès de la Bulgarie en matière de lutte contre la corruption, talon d’achille du pays le plus pauvre de L’UE.
Des ressortissants d’ukraine, de Moldavie et de Macédoine, pays où vivent des communautés d’origine bulgare, étaient les principaux bénéficiaires du trafic. Outre les responsables de l’agence, un Serbe et une Bulgare de Kustendil, ville à la frontière bulgaro-macédonienne, ont été inculpés. Le paiement d’un pot-de-vin permettait à des personnes qui n’avaient pas d’origines bulgares d’obtenir un certificat de nationalité ou bien il permettait de recevoir le jour même un certificat qui autrement était retardé durant des mois. Les titulaires du certificat de nationalité peuvent obtenir la citoyenneté bulgare, et donc un passeport permettant de voyager sans visa dans L’UE. Sofia procède en moyenne à 10.000 naturalisations par an, dont l’essentiel sur la base de cette procédure d’hérédité. De 30 à 40 passeports frauduleux auraient été délivrés chaque semaine, selon la radio publique BNR. Les pratiques frauduleuses auraient également existé sous le précédent directeur de l’agence, selon le parquet. Une enquête de la télévision publique avait en effet révélé en février 2017 que 114 personnes recherchées par Interpol avaient été naturalisées bulgares. Cette affaire porte un coup aux partis nationalistes alliés du Premier ministre conservateur Boïko Borissov. Le vice-premier-ministre et ministre de la Défense Krassimir Karakatchanov, qui avait nommé M. Haralampiev, a admis hier avoir «commis une erreur».