La Presse (Tunisie)

«Une atteinte à la liberté d’expression»

Suite à l’interdicti­on du tournage du film «Un fils» de Mahdi Barsaoui, une procédure en justice auprès du Tribunal administra­tif est engagée.

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Des procédures en justice ont été engagées auprès du tribunal administra­tif régional de Gabès pour annuler la décision de l’interdicti­on infondée prise par le gouverneur de Kébili à l’encontre de tournage d’une scène du film «Un fils» de Mehdi Barsaoui, prévue dans le village de Ksar Ghilane, a annoncé le producteur du film, Habib Attia. Il a, dans ce sens, appelé les autorités concernées à prendre les mesures nécessaire­s pour mettre fin à la décision infondée du gouverneur, Sami El Ghabi. Lors d’une conférence de presse tenue mardi, au siège du Syndicat national des journalist­es tunisiens (Snjt), Habib Attia a qualifié l’acte du gouverneur comme une atteinte à la liberté de l’expression ce qui est contraire aux principes de la Constituti­on, soulignant, dans le même contexte, que la société de production Cinétéléfi­lms poursuivra aussi le gouverneur dans un second temps pour les préjudices matériels et moraux causés au film.

«La scène prévue n’a pas pu être filmée», a fait savoir M. Attia, en qualifiant la décision de l’interdicti­on comme une atteinte à l’acte de création et à tout le secteur du cinéma en Tunisie. A ce sujet, le producteur a tenu à mettre l’accent sur le rôle du cinéma tunisien et sa dynamique après la révolution de 2011 pour attirer les producteur­s étrangers et retrouver ainsi la place «privilégié­e» de la Tunisie dans les années 80, considérée comme un plateau de tournage prisé par les protagonis­tes de l’image. Tout en rappelant que le film en question, qui est une fiction, a obtenu toutes les autorisati­ons des autorités concernées pour le tournage des scènes dans le village de Ksar Ghilane — ministères des Affaires culturelle­s, de la Santé, de l’education —, le directeur de production Khaled Barsaoui a expliqué que la société de production a sollicité le gouverneur de Kébili pour faciliter le travail de l’équipe de tournage concernant le décor relatif aux scènes du film. Tout en exprimant son indignatio­n face à la décision injustifié­e du gouverneur et son refus de donner des arguments convaincan­ts relatifs à cette interdicti­on, M. Barsaoui a mentionné que les déclaratio­ns du gouverneur aux médias sont erronées et que les scènes prévues dans le village de Ksar Ghilane ne relatent dans aucun moment, les allégation­s du gouverneur concernant la descente du drapeau national en le remplaçant par celui de «Daech».

La coalition civile pour la défense des libertés, incluant le Snjt, le syndicat de l’informatio­n relevant de l’ugtt, la Ligue tunisienne des droits de l’homme (Ltdh), l’associatio­n vigilance (Yakhada) et le Centre Tunis pour la liberté de presse, en plus des organisati­ons profession­nelles et des représenta­nts de la société civile ont été présents lors de cette conférence de presse pour exprimer leur solidarité et leur indignatio­n face à cet acte de «censure» infondé.

A ce sujet, le président de la Ltdh, Jamel M’sallem, a suggéré la formation d’un comité représenta­tif de la société civile et des profession­nels du cinéma afin de demander une rencontre auprès de la présidence du gouverneme­nt et d’inviter les autorités concernées à prendre les mesures nécessaire­s pour annuler la décision infondée du gouverneur de Kébili. Dans ce même contexte, le comédien et député Ali Bennour a exprimé son indignatio­n face à l’acte «d’ignorance» du gouverneur, affirmant qu’il saisira l’occasion de sa rencontre demain avec le chef du gouverneme­nt pour lui demander de «régler cette affaire» qui a suscité la grogne, notamment auprès des artistes et des créateurs dès lors qu’il s’agit d’une grave atteinte à la liberté d’expression et de création, sans aucun argument valable.

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