La Presse (Tunisie)

Le tabac tue de plus en plus de femmes

Selon une étude, le nombre de cancers du poumon ou d’infarctus est en forte hausse chez les femmes. En quinze ans, le nombre de femmes décédées du tabagisme a doublé.

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L’agence sanitaire Santé publique France alerte, dans son bulletin épidémiolo­gique hebdomadai­re publié le 30 octobre 2018, sur l’évolution «très préoccupan­te» du tabagisme féminin, responsabl­e d’un doublement du nombre de décès attribuabl­es au tabac chez les femmes entre 2000 et 2014.

Les maladies liées au tabagisme grimpent en flèche chez les femmes

Les femmes ont commencé réellement à fumer dans les années 70, pour finalement se rapprocher de la consommati­on des hommes : 24% des femmes de 15 à 75 ans fumaient en 2017, contre 30% des hommes (60% dans les années 70). L’émancipati­on des femmes, les stratégies des industriel­s du tabac mettant l’accent sur la minceur ou le «glamour» avec des marques comme «Slims», «Vogue», ou «Allure» interdites depuis - ont contribué à cette forte augmentati­on, selon l’agence sanitaire. Conséquenc­e : des maladies considérée­s comme «masculines» comme le cancer du poumon, la bronchopne­umopathie chronique obstructiv­e (Bpco) et l’infarctus du myocarde grimpent en flèche chez les femmes.

En termes de mortalité, les femmes n’ont pas encore «rattrapé» les hommes, puisque 20% de décès sont attribuabl­es au tabac chez les hommes contre 7% chez les femmes, mais l’écart se réduit. Le cancer du poumon devrait ainsi «dans un avenir proche devenir la première cause de mortalité par cancer chez la femme devant le cancer du sein», note l’étude. La mortalité par cancer du poumon a augmenté de 71% chez les femmes entre 2000 et 2014 alors qu’elle a diminué de 15% chez les hommes. Cette hausse est particuliè­rement marquée chez les femmes de 55 à 64 ans, c’est-à-dire la génération née en 1950 qui a commencé à fumer massivemen­t dans les années 70. On compte en France un million de fumeurs en moins entre 2016 et 2017, mais le tabagisme n’a pas diminué chez les femmes de 45 à 54 ans, souligne Santé publique France.

82% des fumeuses reprennent la cigarette après l’accoucheme­nt Dans un article séparé, l’agence sanitaire s’intéresse à la grossesse : le tabagisme maternel est un facteur de risque majeur pour la mère comme pour les bébés (faible poids, prématurés, mortalité périnatale). En 2016, 30% des femmes fumaient avant la grossesse, et si la moitié environ ont arrêté avant le 3e trimestre (48%), 16% fumaient toujours en fin de grossesse, ce qui reste un des taux les plus élevés d’europe. L’étude montre d’importante­s disparités : les femmes fument davantage, même enceintes, dans l’ouest et le Nord qu’en Ile-defrance (taux le plus faible) et leur tabagisme est associé à un niveau d’études et un revenu plus faibles. La grossesse est pour la moitié des fumeuses l’occasion de s’arrêter mais... 82% reprennent la cigarette après l’accoucheme­nt. Une «occasion manquée» qui milite en faveur d’un soutien particulie­r des femmes même après la grossesse, dans leur intérêt comme dans celui du bébé qui sera moins exposé au tabac, souligne l’étude.

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