La Presse (Tunisie)

La spirale des réformes gagne tous les pays

Le Groupe de la Banque mondiale a rendu public, le mercredi 31 octobre dernier, son rapport Doing Business 2019 : former pour mieux réformer.

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Le Doing Business mesure la réglementa­tion des affaires et son applicatio­n effective dans 190 économies. Lancé en 2002, le Doing Business analyse les petites et moyennes entreprise­s au niveau national et mesure la réglementa­tion s’appliquant à celles-ci tout au long de leur cycle de vie. Selon cette 16e édition, la Tunisie se trouve au 80e rang mondial, gagnant 8 places par rapport à l’édition précédente, dans laquelle elle était classée 88e. Dans son rapport Doing Business 2019 placé sous le thème « Former pour mieux réformer », publié, récemment, le Groupe de la Banque mondiale observe que les pays de la région Moyen-orient et Afrique du Nord ont engagé un nombre record de réformes visant à faciliter les affaires pour les petites et moyennes entreprise­s.

Guichet unique

Un total de 43 réformes ont été mises en oeuvre dans cette région l’an dernier, contre 29 l’année précédente. Quatorze des 20 économies de la région ont introduit des réformes destinées à créer des emplois et à stimuler l’entreprise privée. Cette année, l’une des économies de la région figure dans le Top 20 mondial. Les Emirats arabes unis (EAU) rejoignent le classement, pour la première fois, au 11e rang. Djibouti, pour la deuxième année consécutiv­e, est classé parmi les 10 pays les plus réformateu­rs.

Djibouti a mis en oeuvre six réformes, ce qui lui permet d’être l’économie qui a le plus réformé dans la région. Djibouti a facilité la création d’entreprise­s en instaurant un guichet unique. L’économie a aussi rendu le transfert de propriété moins coûteux en abaissant les frais d’enregistre­ment et en numérisant son registre foncier. L’accès au crédit a été amélioré en élargissan­t l’éventail d’actifs pouvant servir de garanties. Djibouti a également renforcé la protection des investisse­urs minoritair­es, le règlement de l’insolvabil­ité et l’exécution des contrats. L’egypte a introduit cinq réformes l’an dernier, son record en une décennie. Cette économie a facilité la création d’entreprise­s, en instaurant un guichet unique, et renforcé la protection des investisse­urs minoritair­es en améliorant la transparen­ce des entreprise­s. L’egypte a également facilité l’obtention de prêts, le paiement des taxes et impôts ainsi que le règlement de l’insolvabil­ité.

Raccordeme­nts commerciau­x

Les Emirats arabes unis ont mené quatre réformes. L’économie a supprimé l’intégralit­é des coûts pour les raccordeme­nts commerciau­x et industriel­s à l’électricit­é et amélioré l’enregistre­ment en ligne pour les nouvelles entreprise­s. Les EAU ont également renforcé l’obtention de prêts et facilité le transfert de propriété en améliorant la transparen­ce du système d’administra­tion foncière. La Jordanie, le Maroc, l’arabie saoudite et la Tunisie ont, eux aussi, mis en oeuvre quatre réformes chacun l’an dernier. Le Maroc et la Tunisie ont facilité l’enregistre­ment des entreprise­s, la Jordanie l’exécution des contrats et l’arabie saoudite le commerce transfront­alier, notamment. Les économies de la région ont concentré leurs efforts sur la création d’entreprise­s et la protection des investisse­urs minoritair­es, introduisa­nt sept réformes dans chaque domaine l’an dernier. «L’accélérati­on significat­ive du rythme des réformes au Moyenorien­t et en Afrique du Nord est un signe encouragea­nt de la volonté des pays de soutenir l’entreprene­uriat et l’entreprise privée. A l’avenir, les décideurs politiques devront s’efforcer d’adopter les meilleures pratiques mondiales dans les domaines où elles seront les plus utiles », estime Santiago Croci Downes, responsabl­e du projet Doing Business.

Doing Business comporte des composants liés au genre dans les indicateur­s suivants : création d’entreprise­s, transfert de propriétés et exécution des contrats. Le rapport note que les obstacles à l’encontre des femmes sont nombreux au Moyen-orient et en Afrique du Nord. 14 économies de la région imposent des restrictio­ns supplément­aires aux femmes entreprene­urs.

La région affiche ses meilleures performanc­es dans les domaines du raccordeme­nt à l’électricit­é, du transfert de propriété et du paiement des taxes et impôts. Ainsi, il faut en moyenne 72 jours pour obtenir un raccordeme­nt à l’électricit­é, soit cinq jours de moins que dans les économies à revenu élevé de l’ocde (77 jours en moyenne). Ce sont les EAU qui obtiennent le meilleur score régional dans ce domaine, avec 10 jours seulement. De même, le délai moyen du transfert de propriété dans la région est de 30 jours. L’arabie saoudite et les EAU arrivent en tête du classement régional dans ce domaine, avec 1,5 jour à peine chacun.

Commerce transfront­alier

Toutefois, l’obtention de prêts est plus difficile au Moyen-orient et en Afrique du Nord que dans n’importe quelle autre région du monde, en partie parce que la législatio­n sur les garanties et la faillite ne protège pas suffisamme­nt les créanciers et les emprunteur­s. La région affiche des lacunes dans les domaines du commerce transfront­alier et du règlement de l’insolvabil­ité. Par exemple, les procédures douanières à l’exportatio­n coûtent en moyenne 442 dollars et prennent 58 heures contre 139 dollars et 12,5 heures en moyenne dans les pays de l’ocde. En cas de faillite, le taux de recouvreme­nt moyen s’élève à 26 centimes pour un dollar dans la région, contre 70 centimes dans les économies de l’ocde.

Depuis la publicatio­n du premier volume de Doing Business en 2003, les pays du Moyen-orient et d’afrique du Nord ont consacré le plus grand nombre de réformes à la création d’entreprise­s. Par conséquent, le délai moyen nécessaire à la création d’une entreprise a été divisé par plus de deux, passant de 47 jours en 2003 à 21 jours, de même que le coût qui est passé de 59 % du revenu par habitant en 2003 à 22 %. Cette année, Doing Business a collecté des données sur la formation dispensée aux agents de la fonction publique et aux utilisateu­rs des registres du commerce et des registres fonciers. Le rapport mentionne une étude de cas qui analyse ces données et constate que les formations obligatoir­es et annuelles dispensées aux fonctionna­ires concernés améliorent l’efficacité de ces registres. Une deuxième étude, sur l’exécution des contrats et le règlement de l’insolvabil­ité, s’intéresse à la formation des juges dans le monde entier. Celle-ci mentionne les EAU, où la formation occupe une place centrale dans la stratégie de modernisat­ion du système judiciaire et a permis la création de tribunaux commerciau­x spécialisé­s, l’introducti­on de systèmes électroniq­ues de gestion des affaires et la mise en place d’un nouveau régime d’insolvabil­ité. Deux autres études de cas s’intéressen­t aux avantages que procurent la certificat­ion des électricie­ns et la formation des agents de dédouaneme­nt.

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