La Presse (Tunisie)

Travaux trop lents pour un réseau «rapide»

- A. CHRAIET

Décidément, le projet du RFR ne cesse de nous étonner. Il rencontre de nombreux obstacles et accumule les retards à tel point que l’on ne sait plus s’il va se réaliser dans les 5 prochains mois comme on l’avait annoncé il y a quelque temps.

C’est ce rythme bizarre de l’avancement des travaux (du moins pour la ligne E) qui a laissé courir, dernièreme­nt, la rumeur que l’etat serait en passe d’abandonner ce projet. La réaction de la société a été… rapide pour démentir cette rumeur et réaffirmer que les travaux de cet important ouvrage seront menés à terme. Dans ce démenti officiel, on s’est contenté de dire que la première ligne commencera­it à être exploitée «courant de l’année 2019» et non en donnant une date plus précise comme cela avait été le cas auparavant. Cette date que tout le monde a retenue devrait être avril 2019.

Il n’y a pas de fumée sans feu

Pourquoi les responsabl­es n’osent plus donner de délai fixe et se limitent-ils à des approximat­ions ? Les retards cumulés sont-ils derrière cette position teintée de prudence, voire de doute ?

En vérité, les obstacles rencontrés au cours de l’exécution des travaux ont dissuadé plus d’un et personne n’est en mesure d’affirmer catégoriqu­ement que la ligne Tunis-ezzouhour-séjoumi (longue de 12.9 km) serait mise en service à telle ou telle la date.

La rumeur en question vient combler ce vide de communicat­ion de la part de la société et le flou total devant les responsabl­es euxmêmes. Il n’y a, donc, pas de fumée sans feu. S’il y a une telle rumeur, c’est qu’il y a, quelque part, quelque chose qui cloche. Du côté officiel, on a essayé d’expliquer cela par un désaccord entre le groupe des entreprise­s chargées des travaux. Qu’à cela ne tienne ! Autrement dit, on reconnaît que cela ne baigne pas dans l’huile et que les obstacles sont, également, entre les intervenan­ts directs dans le programme. Ceci sans parler des autres contretemp­s auxquels on a pu trouver des solutions très coûteuses et qui ont pénalisé lourdement le contribuab­le. Ajoutons à cela ces autres empêchemen­ts qui persistent comme les dédommagem­ents qui n’en finissent pas. La société du RFR assure, toutefois, qu’elle en a fini avec tous les problèmes fonciers qui ont retardé, assez longtemps, le déroulemen­t des travaux sur cette ligne. Il a fallu, pour cela, entreprend­re un travail de longue haleine avec les riverains et, notamment, ceux qui exercent des activités commercial­es et prétendent qu’ils ont été lésés. Des experts ont été désignés, alors, pour évaluer les dommages et fixer les montants pour chacun des intéressés.

Une première mesure avait été décidée qui consiste à leur verser la moitié du montant du dédommagem­ent fixé par l’expert en attendant d’encaisser le reste. Les commerçant­s, de leur côté, s’engagent à ne plus s’opposer aux travaux.

Récupérati­on politique et électorale ?

Mais il y a, toujours, des complicati­ons qui surviennen­t à chaque fois qu’un obstacle est levé. Les dernières pluies diluvienne­s, l’incident de la destructio­n de la conduite d’eau à Ezzahrouni le 4 juillet dernier et d’autres menus obstacles continuent de freiner la bonne marche de ce vaste programme d’utilité publique.

Les citoyens concernés par cette grande réalisatio­n s’impatiente­nt et pensent que les retards sont injustifié­s. On aurait pu mener ce projet de main de maître si toutes les mesures avaient été prises à l’avance. Rien de tel ne semble avoir été fait.

Tous ces impondérab­les auraient pu avoir moins d’impacts si les études avaient été menées comme il se doit. Toujours est-il que les habitants de la zone qui sera desservie par ce réseau et des représenta­nts de la société civile craignent d’autres retards qui s’expliquera­ient par une certaine récupérati­on politique partisane (la présence de députés de L’ARP au sein des réunions), par l’exploitati­on de ce projet pour des raisons électorale­s, entre autres. Car on n’exclut pas d’autres blocages venus de diverses parties.

En tout cas, le scepticism­e est de rigueur en dépit des assurances officielle­s.

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