Polémique autour d’un remaniement
Noureddine Ben Ticha a estimé que le président de la République n’est pas un secrétaire public qui signe les remaniements sans qu’il ne soit consulté. Argument que rejette Iyed Dahmani, ministre porte-parole du gouvernement, en rappelant les propres termes de la Constitution quant à la nécessité de consulter le chef de l’etat uniquement concernant les ministres de la Défense et des Affaires étrangères
Le remaniement opéré avant-hier par le chef du gouvernement n’a visiblement satisfait ni le président de la République ni l’ugtt et a irrité Nida Tounès dont, pourtant, les ministres n’ont pas été touchés et n’ont pas demandé à partir. A l’exception d’une ministre et d’un secrétaire d’etat
Par contre, l’entrée de Kamel Morjane au gouvernement ouvre les portes du pouvoir aux «destouriens démocrates», c’està-dire aux personnalités de l’ancien régime qui ont fait le choix de tourner la page pour s’insérer pleinement dans le projet démocratique. D’autant que le portefeuille accordé à Morjane lui donne, en tant que ministre de la Fonction publique, l’opportunité de damer le pion avancé par le président Caïd Essebsi, celui de la «réconciliation administrative».
Pour le reste, et contrairement aux souhaits, attentes et promesses, le remaniement n’a relativement pas apporté la preuve d’une compétence ajoutée. Si l’on excepte, peut-être, le département de la Santé où un bon médecin Machrou Tounès remplace un nahdhaoui pourtant très proche de Rached Ghannouchi. Ce qui n’a pas empêché Ennahdha d’affirmer, par la bouche de son porteparole, Imed Khemiri, que le remaniement est «important» et qu’il vise à apporter «un nouveau souffle au gouvernement». A noter également la nomination de René Trabelsi, un Tunisien de confession juive, qui prend les rênes de notre tourisme après le départ à la présidence de la République de Selma Elloumi.
Le remaniement a accordé à Ennahdha un ministre et un secrétaire d’etat additionnels, et à Machrou Tounès, qui n’avait aucun poste, deux ministres et un secrétaire d’etat. De même note-t-on l’arrivée de deux anciens collaborateurs de Mondher Zenaïdi, dont l’exp.d.g. de L’API. Cependant, les conseillers du président de la République, Saïda Garrach et Noureddine Ben Ticha, ont clairement rapporté son désaccord à propos de la démarche adoptée par le chef du gouvernement pour effectuer son remaniement.
C’est ainsi que Noureddine Ben Ticha, conseiller politique auprès de la présidence de la République, a déclaré hier, dans Midi Show, que la composition du gouvernement adressée auparavant au chef de l’etat n’était pas identique à celle annoncée par Youssef Chahed, indiquant de plus que Beji Caïd Essebsi n’a pas été consulté à propos du remaniement ministériel. Et Ben Ticha d’estimer que «la présidence de la République n’a enregistré aucun changement lié aux réformes mentionnées par le chef du gouvernement «, en particulier sur le plan économique. Enfin, Noureddine Ben Ticha a estimé que le président de la République n’est pas un secrétaire public qui signe les remaniements sans qu’il ne soit consulté. Argument que rejette Iyed Dahmani, ministre porteparole du gouvernement, en rappelant les propres termes de la Constitution quant à la nécessité de consulter le chef de l’etat uniquement concernant les ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Quant à la réaction de Nida Younès, elle a été «incendiaire». Dans une conférence de presse tenue au Lac, les dirigeants du parti présidentiel ont qualifié le remaniement opéré par Youssef Chahed de putsch. C’est ainsi que le secrétaire général, Slim Riahi, a déclaré que «Nida Tounès ne reconnaît pas ce remaniement et qu’il pourrait appeler à des élections anticipées». Et Ridha Belhadj, coordinateur général du parti, de renchérir en attribuant cela à «la mentalité de putsch des Frères musulmans».