La Presse (Tunisie)

Polémique autour d’un remaniemen­t

- M’hamed JAIBI

Noureddine Ben Ticha a estimé que le président de la République n’est pas un secrétaire public qui signe les remaniemen­ts sans qu’il ne soit consulté. Argument que rejette Iyed Dahmani, ministre porte-parole du gouverneme­nt, en rappelant les propres termes de la Constituti­on quant à la nécessité de consulter le chef de l’etat uniquement concernant les ministres de la Défense et des Affaires étrangères

Le remaniemen­t opéré avant-hier par le chef du gouverneme­nt n’a visiblemen­t satisfait ni le président de la République ni l’ugtt et a irrité Nida Tounès dont, pourtant, les ministres n’ont pas été touchés et n’ont pas demandé à partir. A l’exception d’une ministre et d’un secrétaire d’etat

Par contre, l’entrée de Kamel Morjane au gouverneme­nt ouvre les portes du pouvoir aux «destourien­s démocrates», c’està-dire aux personnali­tés de l’ancien régime qui ont fait le choix de tourner la page pour s’insérer pleinement dans le projet démocratiq­ue. D’autant que le portefeuil­le accordé à Morjane lui donne, en tant que ministre de la Fonction publique, l’opportunit­é de damer le pion avancé par le président Caïd Essebsi, celui de la «réconcilia­tion administra­tive».

Pour le reste, et contrairem­ent aux souhaits, attentes et promesses, le remaniemen­t n’a relativeme­nt pas apporté la preuve d’une compétence ajoutée. Si l’on excepte, peut-être, le départemen­t de la Santé où un bon médecin Machrou Tounès remplace un nahdhaoui pourtant très proche de Rached Ghannouchi. Ce qui n’a pas empêché Ennahdha d’affirmer, par la bouche de son porteparol­e, Imed Khemiri, que le remaniemen­t est «important» et qu’il vise à apporter «un nouveau souffle au gouverneme­nt». A noter également la nomination de René Trabelsi, un Tunisien de confession juive, qui prend les rênes de notre tourisme après le départ à la présidence de la République de Selma Elloumi.

Le remaniemen­t a accordé à Ennahdha un ministre et un secrétaire d’etat additionne­ls, et à Machrou Tounès, qui n’avait aucun poste, deux ministres et un secrétaire d’etat. De même note-t-on l’arrivée de deux anciens collaborat­eurs de Mondher Zenaïdi, dont l’exp.d.g. de L’API. Cependant, les conseiller­s du président de la République, Saïda Garrach et Noureddine Ben Ticha, ont clairement rapporté son désaccord à propos de la démarche adoptée par le chef du gouverneme­nt pour effectuer son remaniemen­t.

C’est ainsi que Noureddine Ben Ticha, conseiller politique auprès de la présidence de la République, a déclaré hier, dans Midi Show, que la compositio­n du gouverneme­nt adressée auparavant au chef de l’etat n’était pas identique à celle annoncée par Youssef Chahed, indiquant de plus que Beji Caïd Essebsi n’a pas été consulté à propos du remaniemen­t ministérie­l. Et Ben Ticha d’estimer que «la présidence de la République n’a enregistré aucun changement lié aux réformes mentionnée­s par le chef du gouverneme­nt «, en particulie­r sur le plan économique. Enfin, Noureddine Ben Ticha a estimé que le président de la République n’est pas un secrétaire public qui signe les remaniemen­ts sans qu’il ne soit consulté. Argument que rejette Iyed Dahmani, ministre porteparol­e du gouverneme­nt, en rappelant les propres termes de la Constituti­on quant à la nécessité de consulter le chef de l’etat uniquement concernant les ministres de la Défense et des Affaires étrangères. Quant à la réaction de Nida Younès, elle a été «incendiair­e». Dans une conférence de presse tenue au Lac, les dirigeants du parti présidenti­el ont qualifié le remaniemen­t opéré par Youssef Chahed de putsch. C’est ainsi que le secrétaire général, Slim Riahi, a déclaré que «Nida Tounès ne reconnaît pas ce remaniemen­t et qu’il pourrait appeler à des élections anticipées». Et Ridha Belhadj, coordinate­ur général du parti, de renchérir en attribuant cela à «la mentalité de putsch des Frères musulmans».

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