La Presse (Tunisie)

A la mémoire de Najoua Slama

Les JCC n’ont pas la mémoire courte et n’oublient pas les leurs. L’hommage qui sera rendu ce soir à la productric­e et réalisatri­ce Najoua Slama n’est qu’un témoignage d’amour et de reconnaiss­ance.

- Asma DRISSI

Najoua Slama n’a pas eu le temps de voir son film fini. Elle n’a pas eu le temps de voir son premier long métrage sur écran. Mais Najoua Slama fut une femme d’exception, elle a résisté à la maladie, a su la gérer, et même en faire par moments son allié. Najoua Slama nous a quittés en février dernier en laissant derrière elle un film qui lui ressemble.

Il peut paraître macabre de dire que Najoua s’est nourrie de son mal pour donner à voir un film qui sort de l’ordinaire. Et c’est entre deux séries de chimiothér­apie que le film s’est construit. Une improbable alternance entre la vie et la mort mais toujours l’espoir en trame de fond.

Le pardon n’est pas un film autobiogra­phique, ç’aurait été facile et prévisible, c’est plutôt une radioscopi­e d’un état d’âme, une réelle prise de décision et prise de pouvoir sur son destin. S’il va falloir mourir, eh bien je mourrais à ma façon, semble nous dire l’auteure de ce film terribleme­nt personnel.

Et pourtant, le synopsis et les rebondisse­ments du scénario n’ont rien à voir avec le parcours et la vie de la réalisatri­ce.

C’est une fiction, d’ailleurs écrite bien avant la découverte de sa maladie. Voici un court aperçu du synopsis : Après lui avoir diagnostiq­ué un cancer en stade final, Fawzi, un juge corrompu, découvre qu’il y a eu erreur dans ses analyses et que le véritable malade n’est autre qu’une de ses victimes, Mostari, un archéologu­e, qui, à cause des magouilles du juge, a passé des années injustemen­t en prison. Mostari, qui vient tout juste de sortir de prison, se prépare à mourir. Fawzi cherche alors par tous les moyens à se faire pardonner auprès de lui. Pour raconter son histoire, Najoua Slama s’est réconforté avec un beau duo : Mohamed Ali Ben Jemaa et Abed Fahed. Un face-à-face sans confrontat­ion, un jeu d’acteur sans bavardage et un rythme dramatique sans grands bouleverse­ments. C’est comme une marche simple, apaisée, vers un destin déjà tracé sur lequel nous n’avons point de pouvoir mais dont nous maîtrisons par contre le cheminemen­t. La soirée hommage à Najoua Slama, une personne appréciée par toute la profession, sera certaineme­nt forte en émotion. L’émotion de la revoir aux commandes de chacun des plans du film, dans ses moindres détails, dans son rythme qui semble vouloir étirer le temps. Le temps de finir une oeuvre ultime. Pour ceux qui ne seront pas présents à cette séance spéciale, le film sortira en salles à partir du 28 novembre.

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