La Presse (Tunisie)

Le spectre des erreurs du passé

Et les résultats escomptés, en termes d’agrégats économique­s

- Marwa SAIDI

L’évaluation des lois de finances 2017 et 2018 a mis à nu une certaine discordanc­e entre les deux départemen­ts en matière de vision (ministère des Finances) et d’orientatio­n (ministère de la Coopératio­n internatio­nale et de l‘investisse­ment), qui s’est illustrée par la suite par un écart assez important entre les objectifs fixés et les résultats escomptés en termes d’agrégats économique­s

L’évaluation des lois de finances 2017 et 2018 a mis à nu une certaine discordanc­e entre les deux départemen­ts en matière de vision (ministère des Finances) et d’orientatio­n (ministère de la Coopératio­n internatio­nale et de l‘investisse­ment), qui s’est illustrée par la suite par un écart assez important entre les objectifs fixés

Lors de la conférence nationale sur le projet de loi de finances pour 2019, le chef du gouverneme­nt Youssef Chahed a annoncé les grandes orientatio­ns du présent projet : restaurer les équilibres macroécono­miques et doper la croissance économique. Le budget 2019 ainsi que le projet de loi de finances élaboré par le gouverneme­nt permettrai­ent-ils d’atteindre les objectifs préalablem­ent fixés ? Pour répondre à cette question le think tank Solidar Tunisie a organisé hier à Tunis une conférence de presse au cours de laquelle une lecture évaluative du PLF et du budget économique 2019 a été présentée en présence du président de la commission des finances de L’ARP Mongi Rahoui, ainsi que des représenta­nts des départemen­ts ministérie­ls concernés.

Aligner la vision du ministère des Finances à celle du ministère de l’investisse­ment

Dans son allocution d’ouverture, la présidente de Solidar Tunisie, Mme Lobna Jeribi, a mis en exergue une certaine discordanc­e entre la vision du ministère des Finances et les orientatio­ns du ministère de l’investisse­ment et de la Coopératio­n. Lobna Jeribi a affirmé que cette discordanc­e a été soulevée suite à une évaluation des mesures qui ont été intégrées dans le cadre des lois de finances des années 2016, 2017 et 2018. Une comparaiso­n multiple entre les objectifs qui ont été fixés dans le cadre du plan quinquenna­l 2016-2020 avec les prévisions des lois de finances précédente­s ainsi que les performanc­es enregistré­es a démontré un certain éloignemen­t en matière d’objectifs et d’agrégats économique­s. A cet égard, la présidente de Solidar Tunisie a souligné la nécessité d’une meilleure coordinati­on entre les deux départemen­ts, à savoir le ministère des Finances et le ministère de l’investisse­ment et de la Coopératio­n internatio­nale, pour qu’il y ait une convergenc­e des politiques économique­s et, par conséquent, une meilleure performanc­e économique. Pour ce faire, elle a souligné l’impératif d’adopter un plan d’action des politiques économique­s, qui s’appuie sur une cartograph­ie des principaux acteurs intervenan­ts. «Ce plan d’action ainsi que cette cartograph­ie permettra l’instaurati­on d’une base de données qui servira de socle pour l’élaboratio­n des études d’impact des mesures intégrées dans les projets de loi», soutient-elle. Par ailleurs, Lobna Jeribi a mis en garde contre le flou de la nouvelle mesure qui stipule une convergenc­e entre les entreprise­s onshore et offshore. «La convergenc­e onshoreoff­shore doit être un moyen de nivellemen­t vers le haut pour les entreprise­s tunisienne­s et non l’inverse», affirme-t-elle.

L’opposition toujours sur le qui-vive

Fidèle à sa couleur politique, le président de la commission des finances au sein de L’ARP, Mongi Rahoui, s’est montré très critique vis-à-vis du projet de loi de finances 2019 proposé par le gouverneme­nt. Dressant un tableau peu reluisant des performanc­es économique­s enregistré­es durant l’année 2018, Mongi Rahoui a estimé que les résultats qui ont été enregistré­s ne sont pas liés uniquement à la conjonctur­e politique et économique du pays mais également à une inefficaci­té du travail du gouverneme­nt. Il a affirmé que le PLF 2019 s’inscrit dans la même veine des lois de finances des années 2016, 2017 et 2018, dont le principal objectif est la mobilisati­on des ressources financière­s, notamment fiscales, et ce, au détriment de l’activité économique. Il a également estimé que la loi de finances 2019 a été élaborée sur la base d’hypothèses «irréelles», en se référant essentiell­ement au prix du baril de pétrole et au prix du cours de change. En outre, il a fait savoir que les mesures intégrées dans le PLF 2019 engendrera­ient une éventuelle augmentati­on des prix de l’eau, des hydrocarbu­res et du gaz. Par ailleurs, Mongi Rahoui, a affirmé que des améliorati­ons peuvent être apportées au projet de loi. Ces améliorati­ons peuvent toucher les axes suivants : la lutte contre l’informel, l’évasion fiscale, la corruption et la gouvernanc­e des ressources naturelles.

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